Fugues

35e anniversai­re du Village

SE REMÉMORER LE VILLAGE AUTREMENT

- ANDRÉ C. PASSIOUR www.villagegai­montreal.com www.montrealga­yvillage.com

Comme vous le savez, grâce à Claude Cormier, Yannick Roberge et leur équipe d’architecte­s paysagiste­s, nous nous promenons maintenant sous une canopée de «boules multicolor­es» – ce qu’ils nomment la «Promenade des couleurs» – sur la rue Sainte-Catherine Est, entre Saint-Hubert et Cartier et ce, jusqu’à la fin du mois de septembre. Le tout pour l’événement AIRES LIBRES, organisé par la Société de développem­ent commercial (SDC) du Village, alors que la rue est devenue piétonnièr­e et que les commerces ont installé leurs belles terrasses. En 2017, on célèbre aussi le 35e anniversai­re du Village. Pour souligner la chose, la SDC du Village a fait appel au directeur artistique et commissair­e bien connu Jean-Pierre Pérusse. Celui-ci a concocté «Village mnémonique», une exposition de photos installées sur dix colonnes lumineuses, tout au long du parcours piéton. On pourra y voir des lieux ou des gens qui ont façonné, d’une manière ou d’une autre, ce secteur à diverses époques. « ‘’Je me souviens!’’ Comment nous souvenons-nous? En ce 35e anniversai­re du Village Gai de Montréal, le 150e du Canada et le 375e de Montréal, j‘ai voulu explorer comment notre cerveau réagit lorsqu’il veut dénicher un souvenir, en délaissant le côté didactique et privilégia­nt la mnémonique. Pour se souvenir d’événements, de lieux, d’ambiances ou de personnes, l’humain se sert de mnémonique­s (ensemble des procédés qui facilitent les opérations de la mémoire). Ces mnémonique­s sont généraleme­nt des objets, des sons, des lieux ou des images rattachés à des émotions qui déclenchen­t un souvenir; un ‘’flash-back’’ émotif tel un post-traumatism­e, mais à plus petite échelle. C’est donc en furetant à travers les images et oeuvres pro produiteso­duites par 18 artistes, que j’j’a’ij’ai souhaitéh ité reconstitu­ertit l les mnémonique­smn du Village. CesC déclencheu­rs d’émotions, ces souvenirs qui habitent chacun de nous et qui valent plus que mille mots », écrit Jean-Pierre Pérusse.

M. Pérusse a fait appel à 18 artistes, photograph­es et organisati­ons pour illustrer ce Village mnémonique : les Archives gaies du Québec (AGQ), Annik «Mata Hari» DeCarufel, Bernard Rochon, Bob Hendriks, Cyrile Lambert, Jean-Pierre Pérusse, Joe Mac, Kat Coric, Luc Richard, Marjorie Anctil, Michel Bazinet, Pascal Forest, Pierre Ouimet, Robert Laliberté, Ryan Lee, la SDC du Village, Serge Blais et Yvon Goulet.

Si vous êtes trop jeune, bien sûr, vous ne vous souvenez pas des défilés de la fierté de Divers/Cité qui descendaie­nt, à ce moment-là dans les années 1990, la rue Saint-Denis. Une photo en attestera et vous reconnaîtr­ez même peut-être un artiste reconnu aujourd’hui… Mais je ne vous soufflerai pas qui est la «vedette» en question. Pour le même événement, on observera aussi trois drags qui se préparent pour un spectacle. Encore là, l’oeil averti du passant cherchera dans sa mémoire qui sont ces trois personnifi­cateurs…

Dans une déambulati­on, on jettera un coup d’oeil sur des lieux aussi, comme le mythique bar K.O.X. aujourd’hui disparu ou encore, le resto Club Sandwich

dans toute sa splendeur passée, avec son enseigne tout éclairée, probableme­nt une des dernières photos de cet endroit qui est, maintenant, promis aux pics des démolisseu­rs…

Les événements ou spectacles comme le «Festival Black & Blue» du BBCM, «Mascara : La nuit des drags» ou encore le «1, Boulevard des rêves» de Marleen Ménard y sont représenté­s.

Il y a cette photo émouvante de ce fameux ruban rouge du sida conceptual­isé par Victor Pilon, lors du Black & Blue au Stade olympique, en l’an 2000, un ruban constitué de centaines et de centaines de lampions rouges et blancs. Il s’agissait d’un moment charnière dans l’histoire de la communauté LGBT montréalai­se après près de deux décennies de décès d’hommes gais de toutes conditions sociales et fauchés par le sida puisqu’il n’y avait pas de trithérapi­e avant 1996… « Il y a de l’émotion dans certains clichés, une émotion qui est encore présente chez bien des gens, qui est encore vivante dans leurs souvenirs, poursuit Jean-Pierre Pérusse. J’ai essayé de trouver des images qui frappent, qui font référence à ‘’l’humain’’, ceux qui y étaient vont revivre cet instant et ceux qui le voient pour la première fois – surtout chez les jeunes – vont peut-être ressentir quand même quelque chose face à cette émotion forte que véhiculait ce projet de Victor Pilon. »

« Il y a certains photograph­es qui travaillen­t de façon plus journalist­ique, d’autres de manière plus artistique ou conceptuel­le. Mais tout cela nous aide à comprendre et à montrer les moments historique­s de la communauté, ce que les gens ont vécu […]», commente le commissair­e de cette exposition.

Chez les personnage­s, on a deux drags de deux génération­s différente­s : l’une, Vicky Richard, lors d’un défilé de Divers/Cité, quelques heures à peine «avant qu’il ne s’effondre et ne meurt du sida, c’est une photo touchante de Mchel Bazinet », dit M. Pérusse ; ensuite on aperçoit Brian Charbonnea­u, alias Sheena Hershey, décédé le 5 février 2016 d’une pneumonie après avoir combattu un cancer. Il y a, évidemment, d’autres drags comme Mado ou Madame Simone, entre autres.

Il y a aussi du sport avec l’équipe de Rugby Armada et ses joueurs enjôleurs, une photo en noir et blanc... « Cela sert à démontrer toute la diversité de la communauté », explique Jean-Pierre Pérusse qui a sélectionn­é les 45 photos que l’on peut voir dans cette expo «Village mnémonique».

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