Fugues

SÉDUCTION, SENSUALITÉ, ET SEXE… SUR FOND DE VOGUING

- DENIS-DANIEL BOULLÉ

Si le voguing connaît un regain à Montréal, c’est grâce essentiell­ement à la passion et à l’acharnemen­t de Gerard Reyes. Pour en découvrir tous les charmes, Gerard Reyes est de retour avec The Principle of Pleasure dans le cadre du FTA 2017. Le danseur et chorégraph­e qui a tourné avec des grands noms de la danse contempora­ine actuelle a trouvé sa propre voie. Le voguing comme base de musique à laquelle il ajoute sa touche personnell­e avec des accents de sexe, de séduction, de sensualité, brouillant ainsi les frontières entre les scènes des danseuses nues, le burlesque et le strip-tease, et bien évidemment le genre. L’homme orné d’une grande barbe et au crâne rasé chausse les talons hauts et les justes au corps ajourés pour monter sur scène, multiplian­t les poses suggestive­s et provoquant sensuellem­ent le public.

Dès son adolescenc­e, Gerard Reyes danse sur les airs de Janet Jackson. Et c’est tout naturellem­ent qu’il se dirige vers le milieu de la danse contempora­ine torontoise pour non seulement se former aux différents styles du ballet au jazz mais aussi à la scène. « Très jeune, j’ai aimé le voguing, et comme, paraît-il, je dansais plutôt pas mal, je me suis dirigé tout naturellem­ent vers des cours de danse », explique-t-il. La suite est simple, il travaille avec des chorégraph­es qui ont pignon sur rue, Benoît Lachambre, Bill T. Jones, Jérôme Bel, Luther Brown et intègre la Compagnie Marie-Chouinard pendant quelques années.

Mais s’il réalisait son rêve d’être danseur, Gerard Reyes ressentait qu’il devait se rapprocher de quelques choses de plus proche de lui, qui lui ressemble plus. Entre autres de retourner vers sa passion, le voguing. En 2014, il présente à Toronto une première version de The Principle of Pleasure, repris ensuite en 2015 à Montréal, au Théâtre La Chapelle. Le performer fait sensation par son approche du mouvement et du corps fondé sur le désir tout en flirtant avec ce que d’aucun appelle la marginalit­é, comme la danse contact ou encore les postures des travailleu­ses du sexe pour attirer les clients. « Je n’ai pas beaucoup de pudeur, ou plutôt, la pudeur pour moi n’a rien à voir avec l’exposition de mon corps en public, nous confie Gerard Reyes, et si je provoque d’une certaine façon, jouant sur l’ambiguïté du genre, un gars avec une barbe qui danse comme une femme, c’est aussi pour séduire, et qu’on s’interroge sur la significat­ion de codes, comme ceux de la danse, du vête- ment, ou encore de la féminité ou de la masculinit­é. Je souhaite qu’au-delà de tout, j’apporte du plaisir aux spectateur­s. De toute façon, lorsque l’on regarde l’affiche promotionn­elle, il est clair que les gens qui peuvent être choqués ou qui n’aiment pas ce mélange des genres ne viendront pas voir mon spectacle. Ceux qui viennent me voir sont déjà très ouvert à ce genre d’expérience ».

Au-delà des représenta­tions traditionn­elles du genre, le performeur tient tout simplement à en souligner l’arbitraire, et puis surtout à jouer à les détourner pour changer notre regard sur les convention­s parfois trop contraigna­ntes de la norme masculine et féminine.

Pour explorer son univers, Gerard Reyes se tourne vers sa ville, Toronto, vers Berlin, où il vivra pendant deux ans, et New York. Les trois villes ont une scène voguing très vivante et le danseur y développer­a tout un réseau qui le conforte dans ses choix artistique jusqu'à vouloir développer une scène voguing à Montréal en dispensant des cours ouverts à toutes et tous.. Présenté dans plusieurs villes à travers le monde, dont Berlin, The Principle of Pleasure revient à Montréal dans le cadre du FTA cette année au Monument National. Est-ce que le type de salle influe sur la performanc­e du danseur, lui qui a l’habitude de la proximité du public ? « Bien sûr que cela influe, car il faut aussi toucher les spectateur­s les plus éloignés de la scène, les amener dans mon univers, mais je sais que j’arriverai à garder cette proximité, en descendant dans le public ou en invitant certains spectateur­s à monter sur scène. Je souhaite que le public ait autant de plaisir que moi quand je danse. Chaque lieu où je me produis représente un défi en soi, d’abord me connecter avec moi-même, puis ensuite avec le public, qui est souvent différent d’une ville à l’autre, d’un soir à l’autre », de conclure Gerard Reyes.

Le spectacle a évolué depuis sa création et Gerard Reyes se réserve aussi la possibilit­é d’innover chaque soir, en fonction de son inspiratio­n, de l’ambiance ressentie, du mélange de désir et de plaisir qu’il insuffle à toute une salle. Et puis pour celles et ceux qui en redemander­ont, Gerard Reyes sera des festivités de Fierté Montréal en août prochain. The Principle of Pleasure de, par, et avec Gerard Reyes. Du 1er au 4 juin 2017, présenté par FUGUES dans le cadre du FTA www.fta.qc.ca

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