Fugues

CROIRE EN SOI ET ÉMOUVOIR LES AUTRES

Le L nom dL de Laura P Pergolizzi li i ne vous dit sans d doute t rien. i P Pourtant, t t cette auteure-compositri­ce-interprète, mieux connue sous ses initiales devenues son surnom, touche le coeur d’un public qui ne fait que grandir. La chanteuse sera à

- HELEN DELMAR

De petite taille, silhouette mince, LP a 36 ans et possède une voix incroyable, capable de prouesses. Originaire de New York de parents italoaméri­cains, elle a vécu à Brooklyn puis à Long Island, avant de s’installer à Los Angeles. « Mon père était avocat et me répétait sans cesse que je ne pourrais pas vivre de la musique. Il n’était pas du genre à me dire: “Ma chérie, va au bout de tes rêves!” (Rires). Donc ça n’a pas été facile de croire en moi. Et puis j’étais assez timide. Je n’aurais jamais osé me lancer si je n’avais pas perdu ma mère des suites d’un cancer du sein quand j’étais ado. Elle était trop jeune pour mourir. Après ça, c’est devenu une évidence. La vie est trop courte pour hésiter. Faire carrière dans la musique est un défi colossal et ça n’a pas toujours été facile, mais je suis convaincue d’avoir fait le bon choix. Toutes les épreuves que j’ai traversées m’ont permis de grandir. C’est ce que représente le tatouage de bateau sur ma poitrine. »

« Je ressens le bien que je fais aux gens, à commencer par moi-même au moment de l’écriture et de la compositio­n. C’est un exutoire assez sain. » Cela doit surtout être assez difficile émotionnel­lement, non? « Quand j’ai écrit Lost on You, je broyais du noir après que mon ex-copine (l’actrice Tamzin Brown) m’ait quittée. Et je m’aperçois qu’en faire la promotion est parfois difficile, parce que je revisite les émotions ressenties à ce moment-là. Paradoxale­ment, quand je chante Lost on You, je ne souffre pas! Au contraire, ça me libère. »

LP est « clairement lesbienne » disait-elle en entrevue avec le magazine Têtu, il y a quelques mois, comme je lui rappelle. « Oui, la manière dont je suis, dont je marche dans la rue, est la preuve que je soutiens la cause LGBT. Cela dit, je n’ai jamais ressenti le besoin ou l’envie d’en parler outre mesure, d’insister sur la question des droits. Néanmoins, je respecte énormément les gens qui se battent et qui ont permis de faire avancer

nos droits. On ne pourra jamais assez les remercier. »

Je lui rappelle qu’elle a quand même écrit « Free To love » qui revendique le droit de se marier. « Oui, et par ailleurs, dans mes chansons je ne suis pas « gender neutral ». Donc, quand je parle d’une femme, j’en parle. » Alors, un peu militante... Parlant écriture, est-ce différent d’écrire pour soi et pour les autres ? « Ça l’est, dans le sens où je ne chante souvent pas aussi haut… et je ne sais pas si j’écrirai pour moi une chanson comme Cheers. C’est une chanson pour la fête, faite sur mesure pour Rihanna. Je trouve très cool quand d’autres artistes chantent ce que j’ai inventé. ». Alors, malgré le succès de son album, elle continuera à écrire pour les autres. « J’adore ça, ça me permet de faire une pause de moimême. Je peux écrire à propos d’autres choses et apprendre encore. J’ai appris de tous ceux pour qui j’ai écrit. C’est ce que je trouve excitant dans l’écriture », souligne-t-elle.

Le succès de Lost On You l’a-t-elle surprise? «Oui et cela devrait être une leçon pour moi et les autres de continuer ce que l’on fait, car on a idée de ce qui peut se passer », dit-elle. Après avoir été jetée par sa maison de disque, elle a pensé à abandonner la musique à quelques reprises. « Beaucoup de titres, comme Lost on You, Other People, sont nés d’épreuves à la fois profession­nelles et personnell­es. J’ai écrit Lost on You à propos de mon ex-petite amie. On a partagé une connexion vraiment vraiment passionnel­le. Mais il y avait des choses toxiques dans cette relation qui nous dérangeaie­nt toutes les deux... » raconte-t-elle. « La chanson Other People aussi s’inspire de cette relation, plus particuliè­rement de la question de l'adultère dans la relation » confie la chanteuse, « J'avais une immense tristesse en moi. Et bizarremen­t, j'y voyais très clair dans mes sentiments » continue-t-elle, avant d'ajouter : « Artistique­ment, j'avais une dextérité textuelle que je n'avais pas ressentie depuis des mois ». Dans les clips vidéos de ces chansons c’est sa copine actuelle (la top modèle et chanteuse Lauren Ruth Ward) qui interprète son ex. Une manière de lui rendre la pareille, du genre «regarde avec qui je suis maintenant?» « Sans doute, un gros fuck you thérapeuti­que (rires) »…

«À plusieurs reprises, j’ai eu le sentiment que mon disque n’allait pas ressembler à ce que je voulais», explique-t-elle. Et finalement il est pas mal dans le style que je voyais » À quoi reconnaît-on donc son style, selon elle? « Il y a beaucoup d’éléments différents. Je crois que lorsque les gens me rencontren­t sans m’avoir entendu chanter, je pense qu’ils ne s’attendent pas à ce que je chante comme je le fais. J’essaie d’utiliser ma voix de plusieurs manières, de donner plusieurs dimensions aux chansons. Je ne pense pas que les chansons se vivent d’une seule manière. L’idée est de vous emmener en voyage ». Et on voyage volontiers avec elle.

Quand on lui demande ce qu’elle pense de l'industrie musicale…. « Un drôle de milieu. C'est difficile. Il faut avoir la chanson, et pour d’autres il faut aussi avoir le look. Je déteste le dire, mais c’est un milieu dominé par des hommes qui pensent savoir ce que les gens veulent entendre. C’est un problème pour moi quand il n’y a pas de variété. Je ne pense pas que tout le monde doit se ressembler. Je pense que les gens aiment voir et entendre des artistes en qui ils peuvent se reconnaîtr­e, qui ont traversé les mêmes choses. Si ça devient trop standardis­é, ce n’est pas bon », insiste-t-elle. LP considère que « les femmes sont plus sévèrement jugées. Si vous voyez un gars en jean-t-shirt, c’est tellement cool. Si vous voyez une femme avec le même style, on considère souvent qu’elle est mal habillée et on se dit qu’elle aurait pu faire un effort ».

Personnage à contre-courant de l'industrie de la musique, avec son look « boyish », LP est une écorchée à l’attitude rock. Les plus chanceuses (et chanceux) d’entre vous pourront la voir et l’entendre au Corona, le 3 juin prochain…

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