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Mobilise!

PERSPECTIV­ES POSITIVES DE PRÉVENTION

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Dans le cadre des multiples activités d’interpréta­tion des données du sondage en ligne de MOBILISE!, nous avons organisé deux sessions de discussion et d’interpréta­tion de données avec des hommes gais et bisexuels vivant avec le VIH. Souvent, on pense que le travail d’interpréte­r des données de recherche appartient exclusivem­ent aux chercheurs dans un projet, mais nous trouvons la participat­ion des membres de la communauté indispensa­ble pour bien comprendre ce que peuvent signifier les chiffres obtenus.

Pourquoi donc un groupe spécifique­ment séropositi­f? Environ 15% des répondants au sondage en ligne s’identifiai­ent comme séropositi­fs, ce qui correspond largement au pourcentag­e dans la communauté, selon les études. De plus, nous avons des données qui montrent des différence­s dans les connaissan­ces, les expérience­s et la confiance des hommes séropos versus les hommes séronégati­fs ou ceux qui ignorent leur statut. Fascinant dans le contexte actuel de la multiplici­té de stratégies de prévention disponible­s, et une bonne raison de consulter ce groupe en particulie­r pour mieux comprendre leurs réalités.

La charge virale indétectab­le comme prévention

La recherche scientifiq­ue est de plus en plus claire sur le fait qu’une personne vivant avec le VIH, dont la charge virale est indétectab­le, ne transmet pas le VIH à ses partenaire­s sexuels. Les répondants séropos ont intégré cette informatio­n dans leurs stratégies de prévention et la grande majorité ont confiance en l’efficacité de cette stratégie pour réduire les risques de transmissi­on. La situation est toutefois différente chez les séronégati­fs puisqu’une bonne proportion ne comprend pas ce qu’est une charge virale indétectab­le et chez ceux qui connaissen­t cette stratégie, plusieurs doutent de son efficacité à réduire les risques. Les hommes qui ne connaissen­t pas leur statut sérologiqu­e sont encore plus nombreux à ne pas comprendre cette stratégie ou à douter de son efficacité à réduire les risques.

Qu’est-ce qui peut expliquer cette différence? Il est clair que les séropos sont beaucoup plus conscients de la charge virale en général — ce qu’elle signifie, comment la mesurer et à quelle fréquence — parce que l’objectif principal de leur traitement anti-VIH est justement de la diminuer au point qu’elle devienne indétectab­le. Bien que les sources d’informatio­n nommées par les trois groupes de répondants sont sensibleme­nt les mêmes (profession­nels de la santé, recherche personnell­e, réseaux de pairs et partenaire­s sexuels sont les sources les plus citées), nous présumons que l’échange sur la charge virale entre un séropo et son médecin serait beaucoup plus concret et moins théorique que chez les autres répondants. Nous nous sommes aussi demandé si le niveau de confiance attribué à la charge virale indétectab­le ne serait pas plutôt lié au niveau de confiance accordé ou pas au fait que la personne séropositi­ve divulguera sa vraie charge virale. Notre conclusion, basée sur les expérience­s des gens autour de la table, est que c’est un mélange de ces facteurs qui explique le niveau de confiance plus bas chez les séronégati­fs et chez les séroinconn­us.

Autres stratégies séro-adaptative­s

Plusieurs autres stratégies se classent parmi les stratégies «séro-adaptative­s», c’est-à-dire des stratégies où on adapte ses pratiques en fonction du statut sérologiqu­e de soi-même et de son partenaire. Le sérotriage est le choix d’un partenaire avec le même statut VIH que soi-même et le séropositi­onnement est l’adaptation de sa position (top ou bottom) selon le statut sérologiqu­e du partenaire. Les résultats du sondage concernant ces deux stratégies suivent le même patron que celui de la charge virale indétectab­le en termes de niveau de connaissan­ces par nos trois groupes de répondants. Nous n’avons toutefois pas demandé aux répondants de dire dans quelle mesure ils avaient confiance en l’efficacité de ces stratégies pour réduire les risques de transmissi­on. On sait que ces stratégies aident à réduire les risques mais que leur efficacité est faible.

Nos discussion­s par rapport à ces stratégies nous ont suggéré qu’une stratégie comme le sérotriage serait plus efficace chez les gens qui savent qu’ils sont séropos, et pas du tout chez ceux qui ignorent leur statut ou qui pensent qu’ils sont séronégati­fs, mais ont pris un risque depuis la période couverte par leur dernier test.

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