Fugues

LADY BUNNY EST TRANS-JETTER

- A.C. PASSIOUR

Dans le cadre de sa tournée « mondiale », Lady Bunny est de passage un soir en Juillet au Cabaret Mado pour y donner une représenta­tion de son spectacle Trans-Jetter.

La célèbre drag queen américaine s’est illustrée depuis le début des années 80 sur la scène new-yorkaise et aux quatre coins des ÉtatsUnis. On lui doit, entre autres, Wigstock, le gros festival de drags de New York.

Dans Trans-Jetter, Lady Bunny s’attaque à la rectitude politique, dans la société et dans la communauté LGBT surtout. Évidemment, il faut comprendre un peu le «patois» gai américain pour saisir toutes les subtilités et… les grossièret­és aussi ! Éclats de rire garantis !

Avec Trans-Jester, Lady Bunny se demande tout haut : « Mais de quoi sommes-nous autorisés encore à rire ? ». La rectitude politique est partout et, avec la politique, omniprésen­te. C’est pour cela que Lady Bunny veut donner au public une pause des questions politiques de l’heure. Avec de l’humour, des chansons, elle se questionne, également, si l’on sait encore ce que signifient les lettres LGBTQIA et sur la «politique du genre»...

Elle se remémore l’époque de ses «jeunes années» passées avec RuPaul à Atlanta et à New York. On pourra entendre ses versions de chansons à succès de Bruno Mars, Adele ou Rent, entre autres…« Bien que le show parle de rectitude politique, j’essaie d’éviter de trop parler de ‘’politique’’, une catastroph­e est déjà suffisante comme ça. Cet idiot de Donald Trump est mon président actuel, alors je n’ai pas d’affaires à dire à l’Angleterre (où elle était lors de notre entrevue) ou au Canada quoi faire avec leurs politicien­s. Bien que je dois dire que je suis jaloux de votre système de santé !» La drag se pose des questions aussi sur sa propre identité de genre et avoue sur scène, candidemen­t, son amour pour des «queues» de blacks dans sa version exolicite et «pissante» de Uptown Funk ! Mais Lady Bunny ne s’arrête pas là et fait référence à Caitlyn Jenner, (vous savez, la trans qui appuie les républicai­ns de Donald Trump).

Qu’est-ce qui a amené Lady Bunny à monter Trans-Jetter ?« J’ai vu la rectitude politique s’en aller dans un sens complèteme­nt débile. Tout à coup, il y a une séparation entre les drag queens et les transsexue­ls, en partie à cause de l’utilisatio­n des termes ‘’tranny’’ et ‘’she male’’ utilisés à l’émission RuPaul's Drag Race. Pourtant, les drags et les trans ont toujours été les segments les plus proches de toute la communauté LGBTQ. Avec Trans-Jetter, j’essaie de comprendre comment les choses en sont venues à s’envenimer. Tout récemment, un groupe d’étudiants ont dû s’excuser pour avoir joué Walk On The Wild Side, le classique rock de Lou Reed. Certains étudiants estimaient que la chanson était ‘’problémati­que’’. Quoi ? Lou Reed n’est pas transphobe et a fréquenté pendant plusieurs années une femme trans. La chanson mentionne Holly Woodlawn et Candy Darling qui étaient toutes les deux des pionnières trans reconnues internatio­nalement comme des artistes sorties tout droit de la Factory de Andy Warhol. D’ailleurs, Holly adorait que l’on joue cette chanson à chaque fois qu’elle montait sur les planches. Un des points qu’on risque de perdre de vue, selon moi, est que, pendant que la communauté LGBTQIA (peu importe ce que cela veut dire) se déchire sur ces terminolog­ies, les homophobes de la droite gagnent du terrain. Notre vice-président [Mike Pence] est un évangélist­e favorable aux thérapies de conversion pour les gais. Il est temps de se serrer les coudes tous ensemble pour combattre le véritable ennemi au lieu de se quereller les uns les autres. […] », poursuit Lady Bunny en entrevue avec Fugues.

Qu’est-ce qui l’inspire encore aujourd’hui ? « Peut-être les drogues et de très gros, gros pénis!!! Non sérieuseme­nt, l’humour et mon amour pour la danse et la chanson. » Et ses prochains projets ? « Une liposuccio­n si je réussi à vendre suffisamme­nt de billets à Montréal ! En fait, en septembre je m’en vais dans plusieurs villes australien­nes avec ce spectacle, soit juste après une tournée en Europe avec quelques folles drags queens du Drag Race qui sont absolument très, très drôles. J’ai très hâte ! C’est le moment parfait pour s’évader des États-Unis comme ça », d’avouer Lady Bunny...

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