Fugues

LA DRAG TANTE GABY : TOUT UN PARCOURS !

- Tante Gaby, les vendredis et samedis au Unity, 1171, rue Sainte-Catherine Est. Facebook.com/tante.gaby.792

Tante Gaby n’est pas drag depuis hier puisqu’il a été de la brochette de personnifi­cateurs du défunt Cabaret L’Entrepeau, de Richard Leblanc, à la fin des années 1980 ! Aujourd’hui shooter girl au club Unity, Tante Gaby est reconnaiss­able grâce à ses grandes perruques et ses costumes à fleurs ou à gros motifs colorés. Cette drag est passée par bien des bars en se faisant des amis partout sur son chemin…

On trouvera, en effet, Tante Gaby les vendredis et les samedis au Unity, mais cela est que récent… « Cela fait 32 ans que je suis drag queen, mais à l’époque, on disait plutôt "travesti". J’ai été 16 ans au Cabaret L’Entrepeau, je faisais des shows à ce moment-là. Je suis donc de la vieille école, j’ai travaillé avec Michel Dorion, Gerry Cyr, M. Michel, etc. J’ai été habilleur pour Vicky Richard aussi. En 1995, j’ai animé le concours Miss Entrepeau avec M. Michel. On avait tous beaucoup de plaisir. Mais ce fut une époque difficile : beaucoup de personnifi­cateurs sont morts du sida, j’ai survécu ainsi que mon costumier [Pascal Guilbault] et d’autres, bien sûr, mais combien d’amis sont partis… », évoque Tante Gaby.

Mais comment es-tu devenu drag queen ? « En 1986, il y avait un party d’Halloween au club 1681, je me suis déguisé en Bette Midler. On m’a dit que je lui ressemblai­s et que cela m’allait bien et, quelques années plus tard, je me suis ramassé à L’Entrepeau. J’y suis resté 16 ans ensuite, lorsque le cabaret a fermé ses portes, j’ai été au Complexe Sky. Là encore, j’ai été fidèle au club pendant une autre période de 16 années. Puis, c’est les gens du club Play qui sont venus me chercher. Quand le Play a fermé il y a quelques mois, Pascal Guilbeault qui oeuvre à la décoration du Unity, m’a proposé d’y travailler et c’est ainsi que j’ai abouti là ! », explique Tante Gaby avec un très large sourire.

Il personnifi­ait donc Bette Midler, mais ce n’était pas encore l’ère où il fallait absolument ressembler à une diva comme aujourd’hui. On chantait tout simplement les succès de l’heure avec ses propres looks… Pendant un certain temps, il s’est appelé "Gabrielle Pier". Mais ses costumes à la fois chatoyants, éclatants et quelque peu kitsch faisaient penser à « ma tante avec des robes des années 1960 et 1970 et c’est ainsi que le nom de Tante Gaby est apparu. » À 54 ans, cette reine de la nuit n’est pas prête à abandonner, à jeter ses perruques et ses robes et à prendre sa retraite. « Non, loin de là, affirme-t-il. Je suis encore quelqu’un de passionné, j’aime rencontrer les gens, j’aime parler avec le public, lui faire passer un bon moment. Avec mon look, je ne me prends pas au sérieux, même les gars hétéros, car il y en a quand même plusieurs ici au Unity, viennent me voir et me parler, ils sont curieux. Certains gars me suivent aussi depuis le temps de L’Entrepeau, ils avaient 18 ans à l’époque. On ne sait jamais ce que la personne vit à l’intérieur. Parfois, il suffit de peu pour les encourager. J’ai connu des gars qui venaient de faire leur coming out, c’était manifestem­ent difficile pour eux, ça se passait mal. Je ne suis pas psychologu­e, mais en jasant avec eux, je voyais qu’ils avaient eu du plaisir et que c’était encouragea­nt pour eux. Puis, ils venaient me confier que cela leur avait fait du bien parce que je leur avais montré qu’il y avait de l’avenir, que ce n’était que le début et qu’ils avaient toute la vie devant eux… Cela ne paie pas mon loyer, bien entendu, mais ça me rend plus riche parce que je suis très content d’entendre ça. Et c’est ce qui me passionne dans la vie et qui m’encourage à continuer… »

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