Fugues

LA LUMIÈRE DE L’ÉTÉ N’ÉCLAIRE PAS TOUJOURS CE QUE L’ON CROIT

- MIGNEAULT

Un roman qui se déroule sur une période extrêmemen­t serrée : du 15 juin au 15 septembre. L’auteur, Michel-Rémi Lafond, nous fait pénétrer au coeur d’une remise en question fondamenta­le de deux hommes au sein d’un récit qui s’étale sur plus de 600 pages. Trois narrateurs s’y partagent le ring. Dans le coin gauche, les pages du journal personnel de Didier, un jeune musicien un peu naïf. Dans le coin droit, c’est au tour de Rodolphe, un écrivain bien établi qui n’éprouve aucune incertitud­e quant à ce qu’il est, à nous offrir les pages de son propre journal. Finalement, au centre, le narrateur omniscient qui décrit simplement ce qui se déroule. Le récit s’ouvre sur Rodolphe, célibatair­e de profession, de retour à Paris après un voyage qui le laisse quelque peu amer. Didier, de son côté, le coeur ouvert à l’aventure, y débute une grande exploratio­n européenne en compagnie de sa conjointe, Claudia. Les deux hommes se rencontren­t au hasard de déplacemen­ts aéroportua­ires et n’auraient sans doute jamais dû se croiser à nouveau. Mais voilà que Claudia quitte Didier, sans explicatio­n aucune, et que notre homme esseulé se retrouve à la table de Rodolphe et, éventuelle­ment, dans son lit. La différence d’âge entre les deux hommes est importante, mais chacun apporte quelque chose qui manque à l’autre : une certaine distance et sagesse du côté de Rodolphe et une exubérance et un coeur battant, du côté de Didier. Ce dernier l’ignore par ailleurs encore, mais il se retrouve éventuelle­ment écartelé entre les manigances d’une mère contrôlant­e et une force mystérieus­e qui travaille, dans l’ombre, à ruiner son existence qui s’effondre bientôt au fil des déboires et des malédictio­ns de toutes sortes.Les pages des journaux personnels s’entrecrois­ent avec la narration traditionn­elle et on aurait pu craindre de se retrouver devant un magma incompréhe­nsible. Il n’en est cependant rien puisque, ingénieuse­ment, l’auteur utilise une police de caractère différente pour les distinguer clairement. Un récit surprenant qui, en multiplian­t les points de vue, nous offre un regard sans aucun doute unique sur les tenants et aboutissan­ts d’une rencontre inopinée, sur la croisée de chemins qui n’aurait jamais dû être, mais qui changera inéluctabl­ement le destin de deux hommes.. LA LUMIÈRE DE L’ÉTÉ N’ÉCLAIRE PAS TOUJOURS CE QUE L’ON CROIT / Michel-Rémi Lafond. Ottawa : L’Interligne, 2017. 640p

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