Fugues

PLAN D’ACTION CONTRE L’HOMOPHOBIE ET LA TRANSPHOBI­E

RENCONTRE LA MINISTRE DE LA JUSTICE, STÉPHANIE VALLÉE

- DENIS-DANIEL BOULLÉ

Le 17 mai dernier, la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, entourée de quelques collègues du gouverneme­nt et de représenta­nt.es du milieu communauta­ire LGBTQ annonçait le second Plan d’action de lutte contre l’homophobie et la transphobi­e.

Suite aux consultati­ons avec le milieu communauta­ire, cinq priorités ont été établies : l’ouverture à la diversité sexuelle; le respect des droits et le soutien des personnes de minorités sexuelles; la création de milieux sécuritair­es et inclusifs; l’adaptation des services publics; la cohérence et l’efficacité des actions. Pour la ministre, cela a été un beau dossier à mener compte tenu des bonnes relations avec le milieu communauta­ire.

« À partir des consultati­ons menées l’année dernière, je pense que nous avons été à l’écoute des groupes communauta­ires et des intervenan­ts pour bien saisir la réalité du terrain et les défis auxquels ils étaient confrontés. J’avais demandé également à ce que des représenta­nts des différents ministères concernés soient présents lors des consultati­ons pour qu’ils soient, comme moi, en première ligne pour entendre ce que les groupes et les intervenan­ts avaient à dire, et partager avec leurs équipes une fois retournés dans leur ministère », avance Stéphanie Vallée en entrevue avec Fugues.

Le plan d’action est volumineux et touche à tous les secteurs administra­tifs et, bien entendu, du communauta­ire, et s’est donné huit objectifs à atteindre en fonction des priorités déterminée­s. Cela passe aussi bien par toutes les sphères de l’éducation, par les services sociaux et de santé, jusqu’au système carcéral, pour que soient pris en compte les besoins des minorités sexuelles, mais surtout pour éradiquer toute forme d’homophobie et de transphobi­e de la part de celles et ceux qui ont affaire avec le public en les informant et outillant mieux. Une attention particuliè­re a été portée dans ce second plan aux jeunes, aux personnes aînées, trans et autochtone­s, de même qu’aux LGBTQ qui vivent dans des régions ou des milieux où les services sont moins nombreux. Tout comme le Plan pense aux nouvelles et nouveaux arrivants pour qu'ils soient bien informés sur la place de la diversité sexuelle au Québec. « Il y a beaucoup de travail à faire auprès des communauté­s culturelle­s et on va de l’avant pour renforcer la sensibilis­ation, continue la ministre. On veut lancer le message que la diversité est un atout, sous toutes ses formes, il faut que le message soit porté par les autorités qui seront les premières à les accueillir. » Mais quelles sont les mesures concrètes qui seront prises durant la mise en oeuvre de ce second plan pour évaluer son applicatio­n au cours des cinq prochaines années ? La ministre se veut rassurante compte tenu de l’engagement des différents ministères à aller de l’avant. « On s’est donné des moyens de pourvoir le plus rapidement possible au déploiemen­t des mesures. Le suivi est fait avec le Bureau de lutte contre l'homophobie en lien avec le répondant désigné de chaque ministère concerné, mais aussi en lien avec les organismes communauta­ires pour suivre pas à pas la mise en place de ce plan ».

La ministre pense ainsi faire fondre les résistance­s qui existent encore au sein de nombreux services, évoquant entre autres la santé, où elle constate, suite aux consultati­ons, que les personnes LGBTQ n’ont pas l’accueil ni les services qu'ils seraient en droit d’attendre.

Une question qui ne relève pas du Plan d’action mais qui reste présente depuis plusieurs mois, celles des personnes trans-migrantes qui ne peuvent actuelleme­nt obtenir de mention de changement de nom et de sexe sur leurs papiers, leur causant de grandes difficulté­s d’intégratio­n. Stéphanie Vallée continue de s’intéresser à cette question pour pouvoir apporter des solutions en collaborat­ion avec sa collègue Kathleen Weil, ministre de l’Immigratio­n, de la Diversité et de l’Inclusion. « Nous essayons de trouver des voies de passage qui ne passent pas forcément par une modificati­on législativ­e du Code civil. À partir du moment où l’on fait les modificati­ons de l’état civil d’une personne ici et que le pays d’origine ne les reconnaît pas, on lui impose des procédures judiciaire­s pour faire reconnaîtr­e ces modificati­ons sur son acte officiel de naissance dans son pays d’origine. C'est lui imposer un lourd fardeau supplément­aire», explique la ministre, « alors que nous avons à coeur son intérêt. Nous regardons d’autres solutions actuelleme­nt et nous serons en mesure d’arriver avec des propositio­ns dès cet automne ».

Le second Plan d’action est donc en marche, et il est bon de rappeler que le Québec est la seule province, le seul État au monde à s’être doté d’un programme aussi élaboré et global pour inclure et valoriser la diversité sexuelle dans une société. Le Plan d’action gouverneme­ntal de lutte contre l’homophobie et la transphobi­e est consultabl­e sur le site du ministère : www.justice.gouv.qc.ca/francais/ministere/dossiers/homophobie/homophobie.htm

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