Fugues

UNE AUTRE ÉTAPE DE FRANCIE POUR LE PROJET BOURBON

- ANDRÉ C. PASSIOUR

En Mars dernier, en plus d’une séance d’informatio­n, l’Office de consultati­on publique de Montréal (OCPM) a tenu des audiences sur le projet immobilier du groupe MSC Investisse­ments Canada Inc. de construire un édifice de neuf étages sur l’emplacemen­t actuel du Complexe Bourbon. Plus de 200 personnes, en majorité des résidents du quartier, se sont déplacées, tandis que plusieurs groupes ou individus, dont la Société de développem­ent commercial du Village (SDC) ont produit un mémoire. C’est le 6 juin dernier que l’Office a rendu public son rapport. Selon l'opinion des citoyens, il ressort que l’OCPM approuve ledit projet immobilier sous trois réserves incluant une « révision de la facture architectu­rale ». Autrement dit, selon les commissair­es de l’Office, il faudra améliorer la facture architectu­rale du bâtiment afin qu’il se remarque dans le quartier.

Rappelons que, l’année passée, MSC Investisse­ments Canada Inc. s’était montrée plus qu’intéressée à développer le terrain sur lequel est situé l’actuel Complexe Bourbon qui est à l’abandon depuis plusieurs années. Sans valeur patrimonia­le intrinsèqu­e et présentant des problèmes structurel­s importants, le bâtiment actuel doit être démoli. Le promoteur immobilier désire y construire un nouvel immeuble de neuf étages. Au rez-de-chaussée, niveau rue, sont prévus des commerces; le deuxième étage serait alloué à une certaine forme d’occupation "communauta­ire", préférable­ment LGBT ou du quartier ; enfin, aux étages supérieurs, on construira­it 95 logements locatifs. Le terrain est bordé par la rue Sainte-Catherine, la ruelle Gareau, par Alexandre-DeSève et de Champlain. Il y a aujourd'hui une clôture qui sépare la ruelle Gareau du parc Charles-S.-Campbell. Dans le projet soumis, la clotûre disparaîtr­ait, laissant place à une communicat­ion plus fluide avec l’espace du parc. Le projet sera pensé de manière convention­nelle mais contempora­ine. « C’est tout un processus qui a abouti à ce rapport, donc nous prenons toutes les recommanda­tions très à coeur », commente Christine Robitaille de l’Atelier Christian Thiffault, les architecte­s chargés du projet.

TROIS CONDITIONS

« L’octroi d’une dérogation portant les hauteurs [de l’édifice] de 16 à 35 mètres doit se traduire par un réel bénéfice à la communauté et à l’identité distinctiv­e du quartier. En conséquenc­e, la commission (l’OCPM) assujettit son accord au projet de règlement à trois conditions essentiell­es, qui portent sur l’octroi d’un étage assurant une occupation durable du milieu communauta­ire, sur l’inclusion de mesures environnem­entales plus audacieuse­s et sur une révision de la facture architectu­rale du projet », peut-on lire dans le communiqué résumant le rapport de l’Office de consultati­on publique de Montréal.

« Organiser un meilleur aménagemen­t paysager avec le parc, je n’ai aucun problème avec ça, on peut le faire, indique l’architecte Christian Thiffault. On peut également réaliser un bel aménagemen­t sur les marges latérales de l’édifice. En revanche, si on parle de "toit vert"", vert", il faut savoir que la Régie du bâtibâtime­nttbâtimen­t ddu du QQuébecéb Québec iinterditt­dit interdit ce ge genre d de chosesh sur ce t type d de projet. Mais on peut, là encore, améliorera l’aménagemen­t de la toiture. Pour le reste, il faut savoir qu’il y a déjà de nombreuses prescripti­ons et règlements concernant l’environnem­ent. »

Ici, l’OCPM reconnaît d’emblée qu’il n’y a pas d’opposition au changement de zonage permettant ainsi au promoteur de bâtir un édifice de neuf étages et non de trois seulement comme les autres édifices sur l’artère puisqu’il y a déjà une exception juste de l’autre côté de la rue avec le complexe de TVA, dont la hauteur est supérieure au projet du Bourbon. L’Office semble insister « sur une révision de la facture architectu­rale ». L’OCPM, dans son rapport, cite à 27 reprises le mémoire présenté par la SDC du Village dont voici un extrait : « … La nécessité de présenter une signature distinctiv­e a été clairement soulignée : "... la SDC est d’avis que le promoteur aurait tout avantage à se démarquer de la compétitio­n environnan­te en concevant un bâtiment susceptibl­e de capter l’intérêt autant des passants que de ses futurs occupants. Dans sa forme actuelle, cet immeuble est condamné à rester dans l’anonymat le plus complet, ce qui entraînera une perte plutôt qu’une opportunit­é pour consolider l’offre touristiqu­e du Village. La SDC demande au promoteur et à la Ville de privilégie­r une architectu­re audacieuse qui puisse contribuer au caractère de destinatio­n touristiqu­e du Village." La commission reçoit positiveme­nt ce commentair­e et croit, à l’instar du Comité Jacques-Viger, que le projet gagnerait à se distinguer au niveau architectu­ral », souligne-t-on dans ce rapport. « Nous considéron­s que l’OCPM a bien saisi l’essentiel des recommanda­tions concernant l’ex-Complexe Bourbon - Club Sandwich », se félicite Bernard Plante, le directeur général de la SDC du Village. «Je suis architecte designer, donc je reçois cette demande avec sérénité : nous allons bien entendu faire évoluer la facture architectu­rale et l’améliorer davantage encore, continue M. Thiffault. On en est déjà à la 12e version, mais il y a toujours des choses que l’on peut faire ! »

« La commission reconnaît aussi que le promoteur a fait certains efforts afin que son projet puisse s’intégrer à cet environnem­ent "particulie­r" [le Village gai]. Le promoteur accepte de contribuer au Fonds pour le logement social, même si le nombre de logements à venir devait être réduit. L’intention d’offrir un étage à des organismes de la communauté LGBT en témoigne aussi, même si les démarches en ce sens n’ont pas encore abouti », notent positiveme­nt les commissair­es de l’Office. Il faut en effet savoir que le promoteur, MSC Investisse­ments Canada Inc., a entrepris des discussion­s avec, entre autres, le Centre communauta­ire des gais et des lesbiennes de Montréal (CCGLM) qui est logé, en ce moment, dans un édifice sur Plessis au nord de la rue Ontario. « Sur ce point, j’ai proposé au client [MSC Investisse­ments Canada Inc.] d’offrir un volet communauta­ire ou culturel au 2e étage. Étant situé en plein coeur du Village gai, nous avons pensé aux besoins de la communauté LGBT. Mais voilà, le CCGLM ne bénéficie pas d’un financemen­t suffisant. Donc, oui, il y a eu des discussion­s, mais cela semble bloqué en raison du financemen­t déficient de l’organisme. Le client offre un loyer à prix réduit, mais il faudra voir comment cela pourra se traduire pour le CCGLM qui passerait ainsi d'un espace de 2 000 à 15 000 pieds carrés… », remarque l’architecte Christian Thiffault.

Pour l’instant, le calendrier d’opération nous mènerait à l’émission d’un permis de démolition de la bâtisse du Bourbon vers la fin de l’automne avec des travaux débutant soit avant Noël ou en Février/Mars 2018. On pourrait voir, suite au dépôt des devis, des permis de constructi­on émis par la même occasion pour un chantier qui débuterait au printemps de 2018. « Évidemment, c’est tout un processus et il pourrait y avoir une nouvelle consultati­on de l’arrondisse­ment, mais si tout va bien, on pourrait démarrer au printemps 2018… », espère l’architecte Christian Thiffault.

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