Fugues

MADO S’EXPOSE...

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Je l’sais, on est loin de la saison des vendanges, mais quoi de mieux pour combattre la grisaille d’un printemps moche que du bon vin pour ensoleille­r sa journée ? Et comme j’ai la chance d’avoir une sommelière dans la famille, l’expérience de dégustatio­n est d’autant plus agréable. C’est donc accompagné­e de ma soeur Nicole, l’originale de la famille, que je suis partie à la conquête des meilleurs vignobles des Cantons de l’Est. Pour les sceptiques qui se posent la question : « On fait du bon vin au Québec ? », la réponse est oui, et même parfois meilleur que certaines piquettes françaises. Mais bon, quand t’embarques dans un char avec Nicole, il faut s’armer de patience, parce que, genre, pour se rendre à Cowansvill­e, on passe par Waterloo et le lac Brome. Pour vous donner une idée, c’est comme si vous passiez par Longueuil et Brossard pour vous rendre à Laval. Et je sais pas si c’est le petit verre de rouge qu’elle boit en se levant le matin qui lui fait voir un monde bien différent du mien, mais au moins une douzaine de fois pendant qu’elle conduit, Madame met le pied sur le frein pensant apercevoir une marmotte, une mouffette, un lapin, un raton-laveur ou un orignal sur le bord du chemin alors qu’il s’agit simplement d’un vieux pneu, d’un sac de vidange, d’une boîte aux lettres ou d’un nain de jardin. Et faire 50 kilomètres de route avec ma soeur, ça peut être aussi long que d’attendre aux urgences à StLuc. Si vous croyez encore que ce sont ceux qui roulent trop vite qui sont dangereux, je vous dirai seulement ceci : qui de celle qui suit le flot de voitures à 120 km/h ou celle qui roule à 60 km/h dans la voie de gauche et qui s'arrête sur l’accotement à l’entrée de l’autoroute parce qu’elle a peur de rentrer dans l’tas est la plus dangereuse ? J’vous jure, Nicole derrière un volant, c’est une chinoise blonde de 92 ans ! Par contre, une fois sur la terre ferme avec un verre de vin à la main, elle se transforme en redoutable érudite de la grappe de raisins fermentée. Et pas de soucis pour l’alcool au volant, comme elle conduit, elle recrache tout, alors que moi, je bois comme si y’avait pas de lendemain. D’ailleurs, ça fait partie de la job de sommelière de recracher le vin qu’elle déguste. C’est pour ça que je préfère ma job qui consiste à finir les fonds de bouteille. À chacun sa spécialité ! Ça fait que je ne vais pas vous énumérer tous les vignobles qu’on a visités, mais si j’avais à en retenir deux (c’est de toute façon tout ce que mon cerveau est capable de retenir) je vous dirais, emmenezen des bons vins de L’Orpailleur et des Côtes d’Ardoise, ch'us capable d’en boire. Et quelle joie de savoir que dorénavant grâce à une nouvelle loi votée au printemps, la plupart de nos bons vins québécois seront disponible­s en épicerie. Enfin une alternativ­e aux viniers de l’Auberge et du Marquis de Méricourt. Hic, à la bonne vôtre, mes amours et au risque de dire n’importe quoi, bon été !

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