Fugues

DES CONTES LGBTQ AU FESTIVAL DU CONTE DE MONTRÉAL

- DENIS-DANIEL BOULLÉ

Des conteurs de différents seront présents à l'invitation du Festival intercultu­rel du conte de Montréal qui se déroulera du 20 au 29 octobre prochain. Pour la première fois depuis sa création en 1993, ce festival accueiller­a des conteurs LGBTQ, un souhait de Stéphanie Béneteau, directrice générale et artistique de l'événement. Le conte connaît un regain ces dernières années et sort de la confidenti­alité dans laquelle on l'avait bien injustemen­t relégué. Avec le dessin, le conte est aussi vieux que le monde, et a peuplé l'imaginaire de toutes les population­s puisqu'on le retrouve dans toutes les civilisati­ons et dans toutes les cultures. Si l'on reprend souvent des grandes structures mythiques, beaucoup de conteuses et conteurs d'aujourd'hui, s'inspirent de la traidition pour créer leurs propres contes ou plongent dans nos mythologie­s contempora­ines. Qu'ils viennent d'une autre province du Canada, ou d'Afrique ou de la banlieue parisienne, ils nous proposent de beaux voyages à écouter les oreilles grandes ouvertes et pourquoi pas à regarder les yeux fermés.

En fait ce sont plus de 75 spectacles et 70 artistes conteurs qui seront présents durant la semaine, avec comme porte-paroles la poétesse innue, Joséphine Bacon et l'auteure et poétesse Chloé Sainte-Marie. Si des grandes figures du répertoire se feront de nouveau raconter, Gilgamesh, Macbeth, Antigone, et même Juliette et son Roméo, racontée par celle qui se serait fait appelée «La nourrice de Juliette», des histoires contempora­ines nous seront aussi racontées. «Le conte est avant tout un récit transmis à d'autres par la bouche d'un conteur, avance Stéphanie Bénéteau. Il peut prendre beaucoup de formes et s'inspirer de ce que l'on vit dans notre monde actuel. D'où l'idée d'inviter des conteurs LGBTQ» : en fait deux conteurs de langue anglaise et une conteuse québécoise.

Judith Poirier, avec Ballon chasseur, jukebox et autres questions existentie­lles nous amène dans les rues de son enfance sitées dans Hochelaga Maisonneuv­e, et ses premiers bars lesbiens. Mais Judith chante aussi, et ses récits sont entrecoupé­s de chansons vintage. Ses souvenirs en évoqueront certains pour les spectateur­s et surtout les spectatric­es. Avec Tales from An All Canadian Queer Childhood, un titre qui dit tout, Jeffrey Canton nous fera revivre sa prise de conscience enfant dans les années 60 et 70 de sa différence et dans laquelle le personnage de Peter Pan a tenu un rôle, ainsi que les émois et les tourments des premières amours. Enfin, Yvan Coyotte nous emmènera dans son univers peuplés de marginaux, de boy-girls, de drama queens et de lady mechanics, avec Stories from Tomboy Survival Guide. Le conteur y célèbre la beauté mais aussi le sacré de ce qui dérange, de celles et ceux qui se situent en marge, qui ne se s'inscrivent pas dans la binarité du genre.

Si le festival ouvre ses scènes aux LGBTQ, il le fait aussi depuis de nombreuses années à celles et ceux qui viennent d'ailleurs, et parfois de culture où le conte est encore extrêmemen­t bien vivant, célébré et écouté. « Comme pour les éditions précédente­s, nous voulons que le festival soit ouvert à tous, de ce fait le prix des billets se situe entre 15 et 30 $, et plusieurs sont gratuis. Pour se faire une idée de la diversité, de la richesse, et de la force du conte, le Festival s'ouvrira par Territoire­s le 20 octobre au Théâtre d'Outremont où les conteuses et conteurs pourront chacun leur tour, se faire connaître du public et se terminera par Le Marathon du Conte à la Maison de la culture Frontenac, le 29 octobre. Une belle occasion de renouer avec l'enfant qui est en nous, de renouer avec l'adulte aussi qui peut encore et toujours se nourrir de récits, et de se laisser bercer par la voix de celles et ceux qui se sont dédiées à cet art de l'oralité

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