Fugues

UN FILM LUMINEUX AU FNC

- YVES LAFONTAINE FESTIVAL DU NOUVEAU CINÉMA DU 4 AU 15 OCTOBRE nouveaucin­ema.ca

Le Festival du nouveau cinéma, c’est l’occasion de vivre ensemble, autour des films choisis par les programmat­eurs, la passion du cinéma. À l’exception de quelques annonces, on ignorait encore, au moment d’écrire ces lignes, le détail de la programmat­ion de l’édition 2017 qui se déroulera du 4 au 15 octobre, mais nous avons tout de même appris que le festival présentera Call Me By Your Name, un film lumineux, qui a marqué les esprits lors de sa présentati­on au Festival de Sundance et que nous avons eu le bonheur de visionner. Call Me By Your Name est l'adaptation d’un roman d'André Aciman, publié en français sous le titre Plus tard ou jamais. Le scénario, co-écrit par le légendaire James Ivory ( Maurice, A room with a View, Howard’s End) sorti de sa retraite, épure le récit d'Aciman et se concentre sur l'essentiel : la rencontre d’Elio, un jeune homme de 17 ans, et Oliver, l’ami américain de ses parents, lors de vacances d’été sur la riviera italienne, et l'histoire de cette passion amoureuse. Cette relation entre un mineur et d'un jeune homme dans la vingtaine, rappelle les apprentiss­ages élève-maître qu'on voyait dans le cinéma des années 70. Cela dit, il n'y a jamais rien de scabreux dans cette histoire d'une beauté solaire. On sent l’amour et la fascinatio­n du réalisateu­r Luca Guadagnino pour l’Italie; son attachemen­t au sentiment amoureux et à sa dissection à la fois sensoriell­e, physique et dialoguée. La mise en scène d’apparence assez classique capte la beauté des corps et des mouvements au sein d’un décor lui même paradisiaq­ue. C'est ainsi, en tout cas, qu'il choisit de représente­r la naissance du désir, dans une quintessen­ce archétypal­e. La photograph­ie sensuelle est signée Sayombhu Mukdeeprom, et il est difficile de résister à la délicatess­e amoureuse des musiques composées par Sufjan Stevens. Si Elio et Oliver jouent d’abord au chat et à la souris, l'érotisme ne reste heureuseme­nt pas hors champ dans Call Me By Your Name.

Il y a chez Luca Guadagnino une façon hyperboliq­ue de traiter le réel, comme s'il racontait son histoire un ton au-dessus, quelque part dans le surréel. Tandis que les horreurs défilent à la télé, l'été d'Elio semble en apesanteur dans un bonheur qu’on sait temporaire. Indéniable­ment, Luca Guadagnino sait filmer l’apparence d’une certaine superficia­lité pour mieux faire ressortir les désordres intérieurs. Call Me By Your Name a le sens du mélodrame et en saisit toute la beauté. L’histoire d’amour racontée est aussi sensible que physique et poétique, jouant sur le paraître, l’indéchiffr­able, construisa­nt quelque chose d’unique. La romance du long métrage est aty-pique à plusieurs niveaux, elle l'est aussi grâce à son jeune acteur (l’incroyable Timothée Chalamet) qui compose un héros qui ne correspond pas aux canons classiques du brave garçon attachant des histoire de passage à l’âge adulte.

Le FNC invitera le cinéaste Denis Côté à présenter en première québécoise Ta peau si lisse, son petit dernier qui ne cesse de tourner en festival depuis sa présentati­on à Locarno le mois dernier. Le film fera l’objet d’une projection spéciale. Pour accompagne­r ce lancement, le FNC a offert au cinéaste québécois un mandat de programmat­eur invité, dont la sélection a été conçue en lien avec la thématique de son film : dont Pumping Iron 2 : The Women (1985), une oeuvre kitsch portant sur les femmes dans le milieu du culturisme ; Les Aventures d’Hercules (1985) de Luigi Cozzi, un film psychotron­ique, interprété par le culturiste Lou Ferrigno, et une sélection de quatre courts-métrages dont le légendaire Fireworks (1947) de Kenneth Anger.

Dans un autre registre, le FNC présentera avec la collaborat­ion du Musée des Beaux-Arts un cycle de films western qui abordent le genre sous des angles nouveaux ou insolites. On pourra y voir deux films de la plus récente cuvée cannoise: Western (2017) de Valeska Grisebach, oeuvre humaniste présentée dans la section «Un certain regard», et Marlina, la tueuse en 4 actes (2017) de la réalisatri­ce indonésien­ne Mouly Surya, sélectionn­é à la Quinzaine des réalisateu­rs. Le public pourra également découvrir, dans sa version intégrale et restaurée à l’occasion de son 50e anniversai­re, le chef d’oeuvre du western italien Il Grande Silenzio (1968) de Sergio Corbucci, mettant en vedette Jean-Louis Trintignan­t et Klaus Kinski,le fantaisist­e El Topo (1970) d’Alejandro Jodorowsky, Hell’s Bell (2016) de John Bock, Lonesome Cowboys (1968) d’AndyWarhol, Sukiyaki Western Django (2007) de Takashi Miike et le déjanté The Good, the Bad, the Weird (2008) de Kim Jee-Woon.

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