Sortir UN SI GENTIL GARÇON : SE MÉFIER DES APPARENCES
Ce si gentil garçon sera sur la scène de l’Usine C au mois de novembre. Inspiré du livre éponyme de l’auteur Javier Gutiérrez, et adapté pour la scène par Denis Lavalou, il nous amènera dans les méandres de la psyché de ce gentil garçon et dans les souvenirs, ou plutôt les cauchemars qui reviennent le hanter. Le temps ne guérit rien contrairement à l’idée reçue. «La gentillesse est le plus beau des déguisements, le plus cruel aussi», écrit Javier Gutierrez décrivant le personnage principal de son roman, Polo, ce fameux gentil garçon. D’autant que tout souriait à Polo dans la vie, même la possibilité de réussir avec le band que ses amis et lui avaient fondé dans les années quatre-vingt-dix. Mais un seul grave dérapage fera tout basculer. «Ce qui m’a profondément marqué à la lecture du roman de Javier Gutiérrez, c’est sa construction. Les différents points de vue des personnages, les retours dans le passé, et bien sûr, la façon dont ils ont vécu l’événement qui aura une incidence sur leur vie future, sans même qu’ils s’en rendent plus ou moins consciemment compte ».
Mais le passé non réglé revient toujours nous hanter même s’il prend des chemins détournés. C’est le cas pour Polo en thérapie qui croise Blanca, celle qui était la chanteuse du groupe, et que l’évocation des souvenirs donnera un tout autre éclairage aux réelles raisons de la dissolution du groupe.
« Ce qui m’intéressait, continue Denis Lavalou, c’est de montrer comment des jeunes que rien ne prédestinaient à la violence et à la violence sexuelle, se sont laissés prendre à ce jeu de la toute puissance que la drogue ou encore le fait de se vouloir un groupe de rock alternatif, puissent les éloigner de toutes formes de contrôle, de réserves, oubliant toute éthique ». Et bien entendu, le regard qu’ils portent sur ce passé quelques années plus tard.
À la manière d’un thriller, la reconstitution des faits, les confrontations des versions, finissent par reconstituer le fil devenu invisible d’une époque où tout semblait possible, où l’on repoussait les limites, chacun se prenant sur un dieu ayant tout contrôle et tout pouvoir sur sa vie et celle des autres.
D’une étrange contemporanéité, Un si gentil garçon, n’est que le miroir de ce que nous vivons encore aujourd’hui. L’individualisme à outrance, le seul contentement de son plaisir, l’utilitarisme sexuel des partenaires, l’incapacité de se projeter au-delà du maintenant et du tout de suite, ou encore de se projeter dans un monde virtuel. Pour cet étrange et douloureux voyage dans l’histoire de ce personnage, Denis Lavalou, a bien évidemment a intégré la musique de l’époque. Une musique à laquelle s’identifiaient ces jeunes, et qui de son côté, reflétait bien la perception de leur réalité. Et bien entendu, des images fortes puisqu’elles sont le miroir dans lequel nous nous noyons le plus souvent.