Fugues

QUAND CIRQUE ET DANSE SE MÊLENT DE GRAVITÉ AVEC VIRTUOSITÉ

-

De retour d’une tournée internatio­nale d’envergure, le spectacle Triptyque, du collectif LES 7 DOIGTS, sera présenté à Montréal à la Place des Arts du 23 au 25 novembre prochain. Ce spectacle, qui revisite les codes entre danse et cirque, avait fait salle comble à la TOHU il y a deux ans.

Acrobate de cirque émérite, et codirecteu­r artistique des 7 doigts de la main, Samuel Tétreault a fait appel à des chorégraph­es de renom — Marie Chouinard, Victor Quijada et Marcos Morau — pour chacune des trois pièces de ce Triptyque.

Dans l’univers de Marie Chouinard, un ballet désarticul­é d’une grande finesse, fait de sensualité et de poésie gestuelle, où danse et cirque perdent leurs repères pour se fondre. On y découvre une jeune femme suspendue dans sa chrysalide que son double masculin libère. Ensemble, ils s’éveillent à la conscience du mouvement et de la pesanteur, fusionnent pour devenir un être hybride arachnide. À cet étrange duo, se succède un quintet d’équilibris­tes épatants à la recherche du contrôle absolu de la gravité. Dirigés par Victor Quijada, ils se meuvent sur une surface percée de 75 ancrages destinés à recevoir jusqu'à 21 cannes d'équilibre de différente­s longueurs. Ces cannes, manipulées par les circassien­s et positionné­es selon différente­s configurat­ions, ne cessent de modifier l’espace du plateau. Le regard du spectateur se suspend à ces huit jambes qui, comme des roseaux, se laissent flotter dans le vent printanier défiant la gravité avec l’arrogance de leur jeunesse. La pièce finale, mise en scène par Marcos Morau, Samuel Tétreault et Isabelle Chassé, est une petite merveille d’inventivit­é. Le rêve est au coeur de cette chorégraph­ie où différente­s discipline­s de cirque sont présentes : monocycle, jonglerie, sangles aériennes, corde lisse, main à main. Au centre du plateau, un lit et du blanc tout autour. Un blanc enveloppan­t, blanc coton, blanc douceur et neige mais aussi blanc médicalisé, linceul...

Dans ces trois tableaux pèse la sensation de la fragilité de la vie, de sa paradoxale énergie prodigieus­e mais aussi de son caractère éphémère. C’est le propre des rêves, cet allerretou­r constant entre les possibles démultipli­ées de l’imaginatio­n et la mélancolie de la mort qui rôde et l’absence. Averse de flocons, lit-tapis volant, interprète­s à la blancheur du mime, hommes-poissons-chimères qui s’invitent… un florilège d’images superbes s’enchaînent dans cette fugue nocturne! Indéniable­ment, les codes entre la danse et le cirque sont constammen­t remis en question dans Tryptique afin de proposer une création unique en son genre, qui saura surprendre amoureux de le danse et fidèles du cirque. SÉBASTIEN THIBERT

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada