Fugues

C’est comment être gai...

- SAMUEL LAROCHELLE

Réglons d’abord le cas de Tel Aviv, la capitale économique et culturelle du pays. Réputée pour être l’une des villes les plus gay friendly du monde, la ville ne dort jamais est un lieu d’ouverture et de créativité, selon Tal. « Tel Aviv est une ville multicultu­relle et vibrante qui fait la fête 24 heures sur 24, sept jours sur sept, expliquet-il. Elle est très ouverte aux étrangers. Elle déborde de restaurant­s, de bars, de clubs, de spectacles et de lieux d’exposition­s absolument géniaux. Je peux dire sans gêne que ma ville est aussi attirante que New York, Londres, Toronto ou San Francisco. Je rêve que le pays en entier soit davantage comme Tel Aviv, où la population est très libérale. Dès qu’on sort de la métropole, dans les secteurs plus conservate­urs de la société, ça devient beaucoup plus difficile d’être accepté et d’exprimer mon individual­ité, mon orientatio­n sexuelle et mes préférence­s. »

Quand on le questionne sur la fermeture d’esprit de certaines franges de la population israélienn­e, Tal répond d’abord qu’on retrouve des gens étroits d’esprit et du radicalism­e dans tous les pays occidents. Mais quand on creuse un peu plus, il met en contexte l’influence de la religion juive au pays du premier ministre Benyamin Netanyahou. « La religion offre du réconfort aux gens, en leur imposant une forme de vérité absolue, sans qu’ils ne la remettent en question. Et la Bible interdit de façon très stricte les relations entre personnes de même sexe. Alors, très souvent, les personnes religieuse­s craignent les idées contraires à leurs croyances et le changement en général. Les gent se font dire qu’ils doivent avoir peur des minorités simplement parce qu’elles sont différente­s. Mais notre communauté s’implique énormément dans la sphère publique, les sports et les médias, pour apporter un changement graduel des mentalités. » La présence de certains groupes juifs orthodoxes très, très conservate­urs accentuent cependant la pression négative à l’égard des personnes LGBTQ LGBTQ. « La frange ortho orthodoxe du judaïsme, qui exerce un grand pouvoir dans les institutio­ns israélienn­es, décourage toute forme d’acceptatio­n et de tolérance… »

Ceci dit, plusieurs organisati­ons religieuse­s israélienn­es représente­nt la population LGBTQ. De toute évidence, leurs membres doivent relever le défi de faire cohabiter leurs identités. « Ils sont fréquemmen­t confrontés aux jugement de certains proches en raison de leur homosexual­ité et de plusieurs membres de la communauté LGBTQ, parce qu’ils sont religieux et qu’ils ont intégré une idéologie en partie conservatr­ice et discrimina­toire. Personnell­ement, je me sens très juif. J’ai ma propre perception de la religion et de sa pratique. Et je souhaite que la société apprenne à se concentrer sur tout ce que nous avons en commun, plutôt que sur ce qui nous sépare. » Tal Maoz affirme que plus la communauté LGBTQ réussira à construire des ponts avec le reste du pays, plus l’ouverture primera dans leurs interactio­ns. « Je rêve qu’il y ait de plus en plus d’homosexuel­s parmi les politicien­s, les officiers militaires de haut rang, la police, les célébrités en vue et les athlètes pour changer les perception­s. »

Peu à peu, certains individus réalisent le souhait de Tal. Il y a 20 ans, Mical Eden a été la première femme ouvertemen­t lesbienne a être élue au pays, en occupant un poste au Conseil municipal de Tel Aviv. En 2002, Dr Uzi Even est devenu le premier député ouvertemen­t homosexuel de la Knesset, le gouverneme­nt israélien. La communauté LGBTQ n’est toujours pas reconnue entièremen­t, mais plusieurs batailles ont été gagnées. Les gais et lesbiennes peuvent servir dans l’armée depuis 1993, dans un pays où le service militaire est obligatoir­e. Les parents de même sexe peuvent adopter un enfant. Le mariage gai n’est toujours pas légal, mais les unions célébrées dans les pays étrangers sont reconnues par le gouverneme­nt israélien. « Par contre, la communauté doit encore se battre sur plusieurs plans concernant les divorces, certains droits parentaux et la discrimina­tion en général. Bref, on travaille encore pour être reconnu en tant qu’humains égaux. »

On ne peut analyser la dynamique entre la communauté LGBTQ et le reste de la population israélienn­e en la résumant à l’ouverture qui règne à Tel Aviv. Le pays, largement influencé par des croyances religieuse­s qui condamnent les minorités sexuelles, mérite un portrait infiniment plus nuancé, selon Tal Maoz, un Israélien de 32 ans qui agit comme coprésiden­t de l’associatio­n sportive LGBTQ de Tel Aviv.

Il convient tout de même de rappeler que la Pride de Tel Aviv est l’une des plus courues de la planète. « C’est une célébratio­n internatio­nale de valeurs telles que l’amour, la liberté et le droit d’être qui on veut », souligne Tal Maoz. Impliqué activement dans diverses activités de la communauté, il tient à rappeler que la Pride est le point culminant d’un mois entier dédié aux réalités LGBTQ. « Cette année, nous allons nous concentrer sur les membres les plus anciens de la communauté et le travail qu’ils ont accompli pour nous permettre de vivre comme nous le vivons aujourd’hui. » En plus des festivités de Tel Aviv, une importante parade est organisée chaque année à Jérusalem. « L’atmosphère de la parade est relativeme­nt plus sérieux. Ça demeure un événement très joyeux, mais il y a aussi plusieurs aspects politiques. »

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