Fugues

LA GRANDE ÉTUDE PANCANADIE­NNE SUR LA SANTÉ SEXUELLE DES HARSAH

- SANUEL LAROCHELLE

Plus de 2500 hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) ont participé depuis un an à Engage, une vaste étude sur la santé sexuelle à Montréal, Toronto et Vancouver. L’objectif est d’avoir un portrait plus clair des comporteme­nts sexuels, alors que la dernière étude du genre date de 2009.

Encore en 2018, les HARSAH (gais, bi, queer et trans) sont particuliè­rement touchés par les infections au VIH, à la syphilis, à la gonorrhée et à lymphogran­ulomatose. Les intervenan­ts de la santé cherchent donc des moyens afin d’améliorer la prévention et les traitement­s. Dans le cadre de l’étude Engage, tous les participan­ts ont rempli un long questionna­ire et passé des tests de détection des ITS.

«On veut en savoir plus sur leurs comporteme­nts, leur nombre de partenaire­s, la façon dont il les trouve, l’usage de drogues lors des activités sexuelles, parce que ça influence la protection, l’utilisatio­n et l’accessibil­ité aux modes de dépistage ou aux nouveaux moyens de prévention comme la PrEP, le soutien social, la prise de médicament­s en cas de maladie diagnostiq­uée, etc. Mieux on va comprendre ce qui se passe, mieux on pourra informer les cliniciens et les différents groupes communauta­ires concernés pour bâtir des programmes plus efficaces», explique Gilles Lambert, coresponsa­ble de l’étude et médecin conseil à la Direction régionale de la Santé publique, dans le secteur des maladies infectieus­es.

Les responsabl­es d’Engage ont recruté les participan­ts avec la méthode «boule de neige»: seuls les proches d’anciens participan­ts ayant reçu une invitation pouvaient prendre part à l’étude.

«Ça nous permet d’avoir accès à une plus grande variétés de HARSAH. Dans le cas de Montréal, on voulait avoir accès à des gens d’origines canadienne anglophone, française et allophone, avec suffisamme­nt de représenta­nts de chacun des groupes pour bien parler d’eux. On invitait aussi les hommes, peu importe leur statut sérologiqu­e, afin de bien connaître les deux réalités.»

Au début du mois de mars, la section montréalai­se de l’étude approchait le cap des 1000 participan­ts. «La première année de recrutemen­t se terminera en avril ou en mai, et on prévoit atteindre environ 1250 participan­ts. Avec ce chiffre, on croit pouvoir parler de ce qu’on observe avec un certain sentiment de sécurité. Nos observatio­ns seront statistiqu­ement significat­ives.» Avec Toronto et Vancouver, ce seront près de 2600 personnes qui auront participé. «Ce sera très intéressan­t d’évaluer l’évolution des comporteme­nts et de faire des comparaiso­ns avec les villes», souligne Dr Lambert.

À la fin avril, des données préliminai­res permettron­t aux intervenan­ts de la Santé publique, des groupes communauta­ires et des cliniciens d’analyser chaque dimension pour prévenir, sensibilis­er et traiter les différente­s maladies transmises sexuelleme­nt plus adéquateme­nt. Des résultats officiels seront dévoilés à la fin de l’été 2018.

«Par exemple, on parle du vaccin contre le virus du papillome humain depuis environ deux ans. L’étude nous permettra de savoir quelle proportion des participan­ts a été vaccinée et combien d’entre eux ont l’intention de l’être. Si les jeunes HARSAH ne sont pas bien informés et qu’ils ne prévoient pas recevoir le vaccin, il faut faire les choses différemme­nt. Faut-il fournir plus d’efforts pour le promouvoir? Dans un même ordre d’idée, où en sommes-nous avec l’utilisatio­n de la PrEP? Faut-il créer un plan pour faciliter son accès?»

Les gens d’Engage veulent également garder un lien avec les milliers de participan­ts pour d’autres projets. «Le contact avec eux est riche et précieux, affirme Dr Lambert. C’est très rare qu’on ait l’opportunit­é que les gens viennent nous dire ce qui s’est passé pour eux dans l’année qui suit notre première rencontre, en ce qui concerne leurs comporteme­nts et leurs difficulté­s.

On va pouvoir comparer leurs réponses. Mais le questionna­ire sera beaucoup moins lourd. L’idée est de rester au courant de ce qui leur arrive et d’évoluer avec eux.»

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