Fugues

MA CAUSE : UN ENGAGEMENT PROFESSISO­NNEL

De son enfance en région, il n’a pas le souvenir que sa famille fut très engagée socialemen­t. Ce n’est donc pas elle qui l’a influencé dans ses choix futurs. «La seule chose dont j’étais conscient et qui m’indignait, et même à un jeune âge, ce sont les in

- DENIS-DANIEL BOULLÉ

Agent administra­tif dans un hôpital montréalai­s, il sort du placard et participe à son premier défilé de la fierté en 1989. Un événement qui le marque définitive­ment. «J’étais heureux et en même temps, je me suis rendu compte du chemin que nous devions faire pour être acceptés. Entre des groupes de skinheads qui hurlaient des injures sous le regard amusé des policiers qui riaient de nous, cela faisait froid dans le dos», se souvient Donald. Ouvert sur son lieu de travail, le jeune homme est vite approché par le comité LGBTQ du Conseil central du Montréal métropolit­ain. Il en deviendra très vite le responsabl­e. Un poste qui le rend encore plus visible dans son travail comme gai. «Je suis devenu le fif de service (rires), et en même temps une personne référence pour tous les collègues qui voulaient en savoir plus sur les questions LGBT, explique Donald, et ça fonctionna­it peut-être parce que je n’ai pas peur des questions et que j’ai une grande facilité à m’exprimer.» À partir de cette date, la vie de Donald se conjuguera avec le militantis­me, en gravissant les échelons dans les différente­s instances du syndicat toujours avec le même objectif, défendre les droits et le respect des personnes LGBTQ en milieu de travail bien sûr, mais pas seulement. Outre ses fonctions de syndicalis­te, Donald Picotte fréquenter­a le Centre communauta­ire LGBTQ de Montréal et sera pendant plusieurs années intervenan­t pour le GRIS-Montréal. Il est aujourd’hui gouverneur de la Fonda- tion Émergencce, tout en continuant à se formeer mais aussi à donner de son temps à différents organismes communauta­ires LGBTQ. Si ce parcours lui a permis de grandir en tant que personne, il se réjouit aussi de toutes les rencontres qu’il a pu faire au cours de ces années d’activisme. «Cela m’a permis aussi de voyager, je me suis rendu au Danemark, aux Pays-Bas, et de partager avec d’autres militant.es sur des expérience­s différente­s». Parlant d’expérience, Donald garde un souvenir particulie­r de son passage à Paris. Invité par la Confédérat­ion Générale des Travailleu­rs (CGT) à s’exprimer sur le mariage des personnes de même sexe, Donald s’est vu attribué un garde du corps pendant tout son séjour. «C’était en 2013, alors qu’on discutait du mariage pour tous en France. Ceux qui s’y opposaient manifestai­ent bruyamment et il y avait souvent des attaques contre des gais et des lesbiennes. J’étais surpris d’être continuell­ement accompagné par une personne chargée de ma sécurité, mais en même temps on se rend compte d’une part, des différence­s sur la façon de vivre son orientatio­n sexuelle et son identité de genre selon les pays même occidentau­x comme la France, et d’autre part, des défis et des batailles qui doivent être menés à l’internatio­nal», raconte Donald. Modeste, Donald Picotte ne tire pas la couverture à lui, conscient que le fruit des changement­s est lié à un ensemble de personnes qui ont oeuvré dans la même sens. La seule satisfacti­on qu’il se mérite, c’est d’avoir été en accord avec ses idéaux de jeunesse, de lutter contre les injustices quelles qu’elles soient, qu’elles touchent aussi bien les LGBTQ, les femmes, les personnes racisées, les plus démuni.es de nos sociétés. On peut dire : Mission accomplie!

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada