Fugues

PAR ICI MA SORTIE par Denis-Daniel Boullé

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Semaine de la Fierté, je me rends à une rencontre de la Fondation Émergence, au MBAM. On y présente le programme Pourquevie­illir soitgai, le programme et les outils conçus aussi bien pour les aîné.es LGBTQ que pour tous les profession­nel. les qui travaillen­t auprès des aîné.es. Un programme bien conçu et avec de nombreuses affiches à la dispositio­n de toutes et tous. Mon regard se pose sur celle sur laquelle se retrouve Marie-Marcelle Godbout.

Me revenu tres même cours LGBTQ placard. revient pour dans d'une et au les cours Fugues alors la rencontre avantages bouche de en avec discussion­s mémoire, de mais des des politicien­ne personnes élu.es aussi qu'au avec les cours ou des comme écueils ex-élu.es du ami.es, de communauta­ire l'été, Manon d'être lors ouvertemen­t son de sorti.es Massé, nom rencon- est ou du au Marie-Marcelle trans, moi, qui tenait ont bien toutes salon sûr, et mais a dans tous marqué aussi été son frappées plusieurs de appartemen­t personnes au génération­s coeur cisgenres d'Hochelaga-Maison- par la de grande qui, personnes comme dame neuve, deux une consécrati­on. petits entourée enfants. des Elle Une photos tenait vie de salon, de famille son mais mari, qui s'arrêtait était de son pour dans fils, elle et nos comme de con- ses versations en première pour ligne répondre depuis qu'elle au téléphone. avait fondé Marie-Marcelle, l'Aide aux Trans toujours du Québec en 1980 et la ligne d'écoute… qui était en fait son numéro personnel. Elle a été une des premières femmes trans à être invitée à des émissions de télé, ou à se retrouver en pleine page dans les journaux il y a presque 40 ans. Bien sûr, elle parlait de sa propre histoire de femme trans mais aussi des difficulté­s, des obstacles, de la discrimina­tion et de la stigmatisa­tion dont souffraien­t à l'époque les pers onn estrans ou qui s' engage aient dans une transition. Marie-Marc elle était toujours prête à répondre aux entrevues, ne se fâchait pas quand les questions des on interlocut­eur. tri ce étaient parfois condescend­antes, voire méprisante­s. Marie-Marcelle Godbout a connu les grandes heures de la Main, étant sur scène comme magicienne travestie sous le nom de Mimi de Paris avant de se lancer dans l'aide aux personnes trans. Elle a eu plusieurs métiers sur le long chemin qui l'avait conduite de son Abitibi-Témiscamin­gue natale à Montréal. Quand elle crée l'Aide aux trans du Québec (ATQ) dans les années 80, la question trans était la parente pauvre de nos communauté­s, l'oubliée de nos revendicat­ions, la marginalit­é de la marginalit­é. Et pour les gais et les lesbiennes de l'époque, les personnes trans faisaient un peu tache dans l'image de respectabi­lité et d'accessibil­ité recherchée­s. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, enfin presque. Marie-Marcelle Godbout, seule dans son coin, pendant trois décennies, a donné avec peu de moyens le goût d'espérer et de continuer à de nombreuses personnes trans qui désespérai­ent d'être ce qu'elles étaient profondéme­nt dans un monde particuliè­rement transphobe. Marie-Marcelle Godbout nous a quitté.es le 15 juillet 2017. Lors d'une de ces dernières prises de parole publique, elle avait dit comme un présage, qu'elle pouvait partir tranquille. Elle avait réussi fondé une sa vie, famille, d'une d'autre part d'avoir part, de voir combien son travail était enfin reconnu, et bien évidemment, de se rendre compte que les personnes trans étaient en voie de ne plus être les parias de nos sociétés, mais aussi de nos communauté­s. Comme je le disais, nombreux ont été les témoignage­s qui évoquaient la mémoire, le travail, mais surtout l'humanité de cette femme au grand coeur, mettant un peu de tristesse sur ces dix jours de fierté, où plus que jamais Marie-Marcelle avait sa place, où elle aurait été comme de nombreuses années au kiosque de l'ATQ lors de la Journée communauta­ire, toujours aussi accueillan­te et disponible. Reste un peu de mélancolie à ne plus être reçu chez elle autour d'un café, à jaser de tout et de rien. Défilé de la fierté: conférence de presse avec sur la scène, à droite, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et le premier ministre fédéral, Justin Trudeau. À gauche, les coprésiden­t.es 2018 de Fierté Montréal dont deux personnes trans. La première mairesse trans au Canada, Julie Lemieux, et comme aux deux bouts d'une chaîne, Miss Major Griffin-Gracy, militante et leader communauta­ire pour le droit des personnes trans racisées aux États-Unis. Miss Major GriffinGra­cy est une pionnière de notre histoire collective puisqu'elle fut de celles et ceux qui ont résisté au harcèlemen­t policier contre le bar le Stonewall à New York en... 1969. Son combat n'a jamais cessé depuis, une source d'inspiratio­n pour toutes et tous. Encore une femme trans, direzvous, pour vous dire que, Marcelle, sonnes acteurs reconnaiss­ance toutes de l'identité connaissan­ce l’orientatio­n et trans et tous, ici de des au genre, ont indépendam­ment des actrices Québec, de comme sexuelle été nos pour droits aussi droits pour les Marie- la et per- des hu- re- de la à mains, nous Marie-Marcelle en en souvenir. somme. souhaitait Nous devons faire changer bien décideurs, de la les par population mentalités, l'informatio­n que aussi des et l'éducation. qu'elle reprenait Elle avait souvent une phrase quand elle prononçait une conférence: L' ouverture d' esprit n' est pas une fracture du crâne. Elle pensait que nous pouvions toutes et tous évoluer à condition de faire le premier pas et que cela ne faisait pas mal, bien au contraire. Voilà, Mimi n'est plus, mais elle reste présente dans le coeur de beaucoup. Au moment où l'on déboulonne des statues de premier ministre, qu'on rebaptise des rues pour reconnaîtr­e l'apport des femmes, des autochtone­s dans notre histoire, une avenue ou un grand parc au nom de Marie-Marcelle serait pleinement justifiée. Mieux, en ces temps où l'on célèbre à grand coup de murales les artistes québécois.es, une murale représenta­nt Marie-Marcelle dans le Village aurait toute sa place. Artiste, elle l'a été, défenseure des droits des personnes trans, aide-soignante, conférenci­ère, que sais-je encore, elle n'avait, comme elle le disait, que l'amour de l'autre, que l'amour des autres, que l'amour pour se battre. Et toutes celles et tous ceux qui l'ont un jour approchée en sont persuadé.es. ✖ DENIS-DANIEL BOULLÉ

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