TROUVER SA VOIE DANS UN MONDE D’OPPRESSION ET D’UNIFORMITÉ
Qu’obtenez-vous quand vous combinez comédie musicale, apartheid, comingout et drame militaire? Kanarie (canari en afrikaner), le nouveau film du réalisateur sud-africain Christiaan Olwagen.
Nous sommes en 1982, en Afrique du Sud. L’apartheid bat son plein, la répression aussi et le monde croit encore que Boy George straight est (Eh, oui!) Appelé à faire son service militaire, le jeune Johan quitte sa ville de province. Martyrisé à l’école pour son attrait pour la musique newwave et la mode britannique, et son amour pour Culture Club, il trouve dans le choeur de l’armée — en tournée au pays pour soutenir l’esprit patriotique —, d’autres hommes marginalisés. Le jeune héros de Kanarie, peu à peu, assume sa différence. Qui sait peut-être y trouvera-t-il l’amour… Dans ses scènes théâtrales, judicieusement utilisées, Kanarie montre Johan, costumé en Boy George, partageant parfois la scène avec d'autres imitateurs de la pop star. Olwagen oppose les scènes de camp d'entraînement aves celles musicales , suggérant le triomphe ultime de l'art sur les luttes temporelles. Quelques Sud-Africains noirs apparaissent dans cette collection d'Afrikaners blancs et souriants, accompagnés d'images violentes montrant le monde au-delà des préoccupations égoïstes de Johan. Convaincant dans la perspective de Johan, le récit aborde la politique raciste sud-africaine, à miparcours, avec les mots passionnés d'une membre du public après une des représentations de la chorale, au moment où Johan commence à voir le rôle qu’il joue dans l’oppression et l’injustice. Tantôt burlesque, tantôt touchant, ce feelgoodmovie SmalltownBoy — où l’on trouve retrouve de tout dont une chorégraphie sur — se démarque par son ton décalé, quelque part entre la comédie et la chronique douce-amère des affres du comingout, sur fond d’apartheid, de religion et de guerre. L’exotisme d’une Afrique du Sud qu’on voit rarement sous cet angle n’est pas étranger, non plus, au charme de ce film original.
KANARIE,sera présenté au Cinéma de l’université Concordia, H110 / SGWU Alumni Auditorium, le vendredi 30 novembre, à 19h, dans le cadre du festival Image+nation, qui se tient du 22 novembre au 2 décembre.