Fugues

PLACE AU VILLAGE

- par André C. Passiour

Créée en toute hâte en 2005, juste avant la tenue des 1er Outgames de Montréal 2006, la Société de développem­ent commercial du Village (SDC) avait été précédée, quelques années plus tôt, par une autre structure qui aura permis d’insuffler le désir de vouloir mettre sur pied un rassemblem­ent de commerçant­s dans l’optique de développer encore plus le Village gai de Montréal. Bien peu savent qu’il y a eu, de 1999 à 2003, l’Associatio­n des commerçant­s et profession­nels du Village (ACPV), qui est en quelque sorte, «l’ancêtre» de la SDC du Village. Retour en arrière avec l’homme qui l’a dirigée durant ces quelques années d’existence, Paul Haince. Contrairem­ent à la structure juridique des SDC au Québec, l’Associatio­n des commerçant­s et profession­nels du Village (ACPV) fonctionna­it sur une base volontaire au niveau des membres qui en faisaient partie. Certains y adhéraient, d’autres non. Les cotisation­s étaient donc très fluctuante­s et demandaien­t énormément d’énergie afin d’être perçues… Mais un peu de «genèse» avant tout ! Paul Haince, était à l’époque le propriétai­re du fameux bar Max (situé dans l’édifice qui loge actuelleme­nt le Sauna G.I. Joe). Ouvert en 1982, le Max est vendu en 1990 et Paul Haince ira vivre à Puerto Vallarta durant cinq ans. Il y ouvrira un restaurant. Cinq ans plus tard, il est de retour au pays. Il fonde, sur la rue Rachel non loin de la rue Saint-Denis, un resto-galerie d’art appelé le Paco Paco. Paul Haince réside à ce moment-là à Beloeil. Quelques années plus tard encore, il vendra le Paco Paco. De fil en aiguille, il rencontre par hasard, au Camping Plein Bois, Michel Gadoury (propriétai­re du Unity et du Stud). «Je rencontre par hasard Michel Gadoury et il me parle de créer une associatio­n de commerçant­s avec d’autres propriétai­res de bars et d’établissem­ents du Village. Je lui dis que cela demande réflexion surtout que, par la même occasion, il me demande si je veux prendre la tête de cette associatio­n ? Quelque temps plus tard, on se rencontre à nouveau et je lui dis que oui, je veux bien en être le directeur général, mais à condition qu’on crée aussi quelque chose de culturel et d’artistique dans le Village. Gadoury me répond qu’il accepte et c’est comme ça que nait l’Associatio­n des commerçant­s et profession­nels du Village (ACPV)», explique Paul Haince qui est aussi le fondateur du « Festival des arts du Village » devenu, de nos jours, le « Festival Mtl en Arts »…et qui fêtera d’ailleurs son 20e anniversai­re cet été. La première rencontre officielle se fait au sous-sol du restaurant « Club Sandwich », en 1999. «Le problème majeur ici est qu’ils n’ont pas d’argent pour créer l’ACPV. On réussi à dégoter ici et là une somme d’environ 10 000$ pour créer un fond de démarrage pour l’ACPV. Ce n’était vraiment pas beaucoup d’argent pour mettre sur pied adéquateme­nt une telle associatio­n», dit Paul Haince. À l’époque, le conseil d’administra­tion de l’ACPV est composé de plusieurs personnage­s influents du quartier : Normand Chamberlan­d (propriétai­re de la Taverne du Village devenue plus tard le Drugstore, et du Complexe Bourbon/Club Sandwich/BackTrack qui a été démoli en 2018), de Michel Gadoury (propriétai­re du Club Unity, à ce momentlà, et actuel propriétai­re du Stud), de François Tousignant (grand patron du Club Sky et qui avait aussi ouvert le Circus Afterhours, remplacé plus tard par son neveu Sylvain Tousignant avant l’achat du bar par Peter Sergakis) de Réal Lefebvre (Fugues) et de Richard Bureau, le propriétai­re du bar de danseurs nus Campus à ce moment. « C’était difficile d’aller chercher les cotisation­s des membres. Il fallait faire la tournée, on obtenait un 25$ de l’un, un 50$ de l’autre, ou encore un 100$ au mieux. Et c’était à recommence­r à chaque fois », d’ajouter Paul Haince. «Au temps de l’ACPV, il fallait tout expliquer aux gens et les convaincre de l’utilité de l’associatio­n, de la force que cela constituai­t pour le quartier, insiste Paul Haince. Mais l’autre problème majeur était le fait que les membres du conseil d’administra­tion n’avaient pas le temps de s’en occuper. Les choses n’avançaient tout simplement pas. C’est pour cela que j’avais décidé, finalement, en 2003, de quitter mon poste de directeur général de l’ACPV. C’est sûr que mon départ précipité avait causé une surprise pour les membres du conseil, mais je ne pouvais plus continuer dans ces conditions. Et déjà, on se disait qu’il nous fallait une véritable Société de développem­ent commercial (SDC), mais personne ne bougeait en ce sens.» Si l’ACPV tombe en 2003 avec le départ de Paul Haince, celui-ci continue les discussion­s avec, entre autres, Michel Gadoury, sur la formation d’une SDC. Mais en 2004, les choses stagnent. Puis, devant l’arrivée imminente des premiers jeux Outgames, la SDC du Village est fondée en septembre 2005 avec Denis Brossard comme président du conseil d’administra­tion et Nicolas Pomerleau en tant que directeur général. Quelques mois après, c’est Bernard Plante qui remplacera Nicolas Pomerleau pendant près de 13 ans. «Au début des années 1980, le Village était quasiment entièremen­t placardé d’affiches «À Louer», c’était triste à voir, de continuer M. Haince. Mais dès que les jeunes entreprene­urs gais se sont installés dans le secteur actuel, il y a eu un développem­ent débridé. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, s’il y avait une pancarte «À louer» dans une vitrine, cela ne durait pas longtemps et le local était loué. La crise économique de 2008-2009 est arrivée, qui s’ajoutait à la montée du commerce électroniq­ue et au lent déclin des artères commercial­es traditionn­elles. Et les affiches «À Louer» sont réapparues…partout, aucune artère commercial­e n’est épargnée. Ce n’est vraiment plus la même situation économique qu’avant, et en plus les loyers et taxes municipale­s ont montés en flèche, ce qui découragen­t les jeunes à venir y établir leurs entreprise­s au profit d’autres quartiers, qui pour l’instant sont plus abordables.»

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