Fugues

L’ENTREPRENE­UR DES QUARTIERS EN TRANSFORMA­TION

- SAMUEL LAROCHELLE

En 2013, Simon Defoy a contribué à la nouvelle vague du développem­ent de l’arrondisse­ment Verdun en ouvrant la Station W. Fort d’un succès incontesta­ble, il a refait le coup au printemps 2018 en contribuan­t à l’émergence commercial­e des Shops Angus avec une nouvelle Station W.

Le jeune entreprene­ur a toujours su qu’il ferait sa place en affaires un jour. «Je voulais avoir mes propres affaires et créer un lieu à partir de mes connaissan­ces et de mes capacités», dit il. Après des années comme employé en restaurati­on, il a décidé d’ouvrir un café, inspiré par la troisième vague qui a submergé des villes comme San Francisco et New York. «Il y a six ans, ça commençait tout juste à Montréal, avec Pikolo, Myriade et Nevé.» Et comme un café coûte un tantinet moins cher à démarrer qu’un restaurant, avec une cuisine complète, il a décidé d’être l’un des premiers à surfer sur la vague montréalai­se en imaginant son propre café, plutôt que d’acheter une franchise. «Je voulais proposer un lieu de rassemblem­ent chaleureux qui est un peu l’équivalent de la troisième pièce de la maison, après la cuisine et le salon. Une place où les gens reviennent plusieurs fois par semaine.» Puisque des amis établis à Verdun lui répétaient depuis longtemps qu’ils étaient en manque de commerces, il a visité le secteur. «J’ai trouvé un local intéressan­t et rapidement, l’arrondisse­ment m’a invité à déjeuner avec la mairesse et le responsabl­e du développem­ent commercial. Ils voulaient attirer de jeunes entreprene­urs et je représenta­is exactement ce qu’ils cherchaien­t.» Environ deux ans avant l’ouverture du non moins célèbre Bar Palco, Simon Defoy a flairé la bonne occasion. «Ça faisait dix ans que l’arrondisse­ment semait des graines pour développer le volet commercial et j’ai senti que c’était en train de boomer. Dès l’ouverture de la Station W, les gens entraient pour me remercier.» Les curieux ont alors découvert un espace chaleureux doté d’un énorme comptoir de béton, d’un large mur de bibliothèq­ue en merisier russe et de lattes en bois franc. «Puisque c’était mon premier commerce, je n’avais pas les moyens d’engager un designer et un architecte. On a pas mal tout fait nous-mêmes, selon notre budget. J’ai imaginé les grandes lignes, mon chum a fait un dessin plus graphique sur l’ordinateur, on a trouvé un ébéniste qui pouvait faire ce que je voulais et… le résultat est écoeurant! Le café a été conçu avec ben de l’amour et du jus de bras des gens que je connaissai­s.» Deux ans plus tard, il a ouvert le petit Café de la Troisième dans l’immense et magnifique librairie de Verdun. « Je l’ai revendu depuis, parce que je préfère un grand café qui bouge beaucoup. Et quand j’ai décidé d’ouvrir une Station W dans les Shops Angus, je savais que c’était un gros projet qui me demanderai­t beaucoup de temps. Je trouvais que ça faisait beaucoup à gérer pour une personne seule. J’avais peur de me disperser et d’échouer.» L’entreprene­ur était cependant avantagé par une connaissan­ce fine du quartier enclavé entre le Plateau, Rosemont et Hochelega. «J’y vis depuis sept ans. C’est très beau, mais c’est un quartier froid auquel il manquait un lieu de rassemblem­ent. Je voyais aussi un grand potentiel avec les 2500 personnes qui travaillen­t dans le Technopôle Angus, captives du périmètre durant la journée puisqu’il y a peu de transports. Quand les travaux de la galerie marchande ont débuté, je me suis intéressé au site.» Rapidement, il est tombé sous le charme de l’espace, de ses immenses fenêtres, des hauts plafonds, des murs de briques, des poutres industriel­les et du parc situé juste en face. Le nouveau café se nomme lui aussi Station W, mais avec une identité propre, un peu plus classique, afin de traverser le temps. La tête toujours pleine de projets, Simon Defoy envisage de s’aventurer dans le domaine de l’hospitalit­é. Il dit aussi avoir déjà pensé ouvrir un commerce dans le Village. «Je ne m’en irai pas là-bas demain matin, mais je sais qu’il y a de la place pour beaucoup de choses. C’est un quartier qui est en train de renaître, avec la gang du Renard et de La Graine brûlée, par exemple. Mais je n’ouvrirai pas un café à côté d’un autre. Je veux aller là où je peux faire une différence, un secteur avec du potentiel, sans cannibalis­er les commerces déjà présents.»

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada