Fugues

VOTRE PARTENAIRE DE JEUX DEPUIS 1974

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Ce mois de novembre, Chez Priape fête ses 45 ans. C’est le plus ancien commerce du Village. En 1974, Robert Duchaine ouvre un modeste sex shop sur le boul. De Maisonneuv­e Est. Ce ne sera qu’une parmi plusieurs adresses que connaîtra Priape qui évoluera à travers les décennies et les besoins changeants de la clientèle, sans parler de la technologi­e. Au tout début, on y vend des accessoire­s en cuir, des jeans Levi’s 501, des magazines et des films érotiques (8 mm) et des poppers. Bien entendu, cela a bien changé avec le temps alors que le cuir et le fétichisme a pris plus de place, ainsi que les jouets sexuels et les sous-vêtements… Évidemment, à l’époque, le commerce en ligne n’existe pas. Aujourd’hui, le commerce web compte pour plus du tiers du chiffre d’affaires.

Après cette première année, Robert Duchaine cherche à déménager sur Sainte-Catherine, il s’associe donc à Claude Leblanc, en 1975, pour mieux financer l’opération. On occupe donc le local du 1342, rue Sainte-Catherine Est. Mais moins d’un an plus tard un incendie détruit complèteme­nt l’édifice (le terrain resté vacant suite à cet incendie sera plus tard racheté par la ville qui en fera le Parc de l’Espoir sous la pression de militants). En décembre 1975, finalement, Priape aménage au 1661, Sainte-Catherine Est (l’actuel Cabaret Berlin). En 1976, Bernard Rousseau, qui deviendra le futur propriétai­re de Priape, se joint à Claude et Robert en tant qu’employé à temps plein de ce magasin. En 1987, Priape déménage à nouveau. Cette fois-ci, c’est pour de bon et, trois décennies plus tard, le magasin occupe toujours le local situé au 1311, Sainte-Catherine Est. En décembre 1992, Robert Duchaine et Bernard Rousseau rachètent les parts de Claude Leblanc. Au début des années 2000, ce sera au tour de Robert de vendre ses actions à Bernard Rousseau qui devient le seul propriétai­re. Malheureus­ement, Robert Duchaine décèdera du sida en 2002. Entre temps, en 1993, Priape ouvre sa toute première succursale, un minuscule local, à Toronto.

C’est une période d’expansion. Priape fabrique sa propre ligne de linge appelée Priape Wear constituée de T-shirts, de camisoles, de sous-vêtements, de jock straps et de maillots. Bien sûr, la section cuir prend de l’ampleur également avec un atelier sur place qui fournit une collection maison. Les jouets sexuels, les accessoire­s, les DVD pornos, etc. occupent de plus en plus d’espace. À travers le temps, «les accessoire­s en cuir, les harnais, les bracelets, etc. sont restés depuis les tous débuts, il y a 45 ans», dit Erik Beauchesne, le chef d’atelier cuir, qui est chez Priape depuis 2001. «On a toujours fait du cuir de bonne qualité chez Priape. Bien sûr, la mode a évolué, on est passé d’un look plus classique à celui plus proche de la moto pour, ensuite, aller vers quelque chose de plus moderne, de plus clubwear et party pour aboutir, maintenant, avec des mélanges de cuir, jeans et autres matières, ce qui ne se serait pas fait autrefois», rajoute Erik Beauchesne.

En 1996-97, Priape affiche ses premiers items sur un nouvel outil qui s’appelle l’Internet. «Et les commandes affluent du monde entier !», peut-on lire sur le site Mtlkink.com (concocté par Danny Godbout). «À ce moment-là, il n’y avait pas de nombreux produits vendus sur le web. C’était quelque chose de très nouveau. Les ventes se situaient entre 10% et 15%. Maintenant, les ventes en ligne représente­nt presque 40% du nombre total des ventes. On expédie en moyenne 19 colis par jour par un an et la technologi­e a évoluée complèteme­nt depuis ces années-là», explique Sylvain Lapolice, le webmaster et chef du départemen­t web qui a commencé à y travailler en 2000.

Après avoir ouvert à Toronto, Priape poursuit son expansion vers l’Ouest canadien et inaugure des succursale­s à Calgary (en 2003) et à Vancouver (en 2005). Mais après avoir plusieurs fois changé de mains, également, les problèmes financiers s’accumulent pour Priape. On doit fermer les autres succursale­s les unes après les autres. Montréal n’échappe pas au couperet et le magasin restant est acculé à la faillite. Finalement en 2013, c’est le producteur de Saint At large qui organise le célébrissi­me Black Party à New York, Stephen Pevner, qui le rachète et cela devient Chez Priape ! «Je l’ai acheté parce que je crois en ce produit, je crois dans cet héritage gai qui existe dans toutes les communauté­s LGBT et qui font partie de notre histoire. Priape fait partie du Village. Ce que j’aime vraiment c’est ce mélange de produits, de vêtements, de fétichisme, d’accessoire­s, de certaines choses à la mode, d’autres plus classiques, ce qu’on ne retrouve pas ailleurs, même pas à New York. Et j’aime cette équipe, j’aime ce travail d’équipe et toute l’expérience des gens qui se dédient chaque jour pour Chez Priape», souligne Stephen Pevner.

«Ce qui fait la particular­ité de Priape, c’est le lien de confiance qui s’établit avec les clients, on discute de choses intimes, souvent de ce qui ne se parle pas dans la société et qui est tabou, et cela se fait dans l’ouverture et le respect. C’est pourquoi il y a des clients fidèles et des nouveaux qui savent qu’il y a cette réputation de Priape et qu’on peut nous faire confiance pour les guider dans leurs choix, les conseiller, les rassurer pour éviter des accidents et des malaises dans l’utilisatio­n de certains objets ou lors de certaines pratiques», rajoute Ricardo Olivares, agent des ventes au départemen­t des jouets sexuels depuis 2000. ANDRÉ C. PASSIOUR

CHEZ PRIAPE: magasin Fétiche pour Hommes. 1311 Rue Sainte-Catherine Est, Montréal, QC H2L 2H4 (514) 521-8451 www.priape.com

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