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ÉGIDES EN MARCHE : ENTREVUE AVEC LE DIRECTEUR GÉNÉRAL, MICHAËL ARNAUD

- ✖ DENIS-DANIEL BOULLÉ ÉGIDES, L'ALLIANCE INTERNATIO­NALE FRANCOPHON­E POUR L'ÉGALITÉ ET LES DIVERSITÉS EGIDES.ORG

Nous avons rencontré le directeur général d'Égides à moins d'une semaine de son départ vers l'Europe. Au menu, rencontre de potentiels allié.es, de membres, d'élue.s prêt à s'engager pour soutenir Égides. En somme, une structure permettant une meilleure collaborat­ion et un partage d'expertises et des différents groupes et associatio­ns LGBTQI répartis dans les 88 états et gouverneme­nts qui forment la francophon­ie.

Lancé en mai dernier, avec le soutien du gouverneme­nt et l'aide de Montréal Internatio­nal, Égides devait se doter d'un directeur général. Cela s'est fait en janvier dernier, en la personne de Michaël Arnaud. Entrevue avec un homme très motivé

POURQUOI AVOIR ACCEPTÉ CE POSTE ?

Michaël Arnaud J'ai commencé à travailler dans l'humanitair­e et l'internatio­nal dès 2011 et je me suis toujours intéressé aux questions de genre et d'égalité en travaillan­t avec des organisati­ons de femmes au Burkina Faso, en Haïti, à Jérusalem, à Ramallah et dans la bande de Gaza. Toute ma carrière en humanitair­e et en développem­ent internatio­nal tournait autour de ses questions-là. Et puis j'ai tenté de pousser un agenda plus inclusif , plus LGBTQI, puisqu'aujourd'hui encore en humanitair­e, quand on parle d'égalité, on parle d'égalité homme/ femme, un petit peu des personnes âgées, un petit peu des personnes en situation de handicap, p, mais q quand on parle p de l'orientatio­n sexuelle et de l'identité de genre, là il n'y a plus personne. J'ai vu que les bailleurs de fonds en coopératio­n n'étaient pas très chauds et qu'il fallait tenir compte des réalités sur le terrain face aux questions LGBTQI On pourra me dire que lorsqu'il est question de sauver des vies, ces questions-là sont bien secondaire­s, cependant il y a un impact différenci­é que peut avoir une crise humanitair­e, selon qu'on est un homme, une femme, un enfant, une personne transgenre, etc. Un exemple : la sécurité des femmes dans les camps de réfugié.es.

TU AVAIS UNE EXPÉRIENCE DE TERRAINS, LÀ TU VAS TRAVAILLER À UN AUTRE NIVEAU ?

J'ai aussi une formation et une expérience de gestionnai­re, donc Égides correspond pour moi totalement à l'orientatio­n que je voulais prendre dans mon travail. Reste à savoir si je correspond­s à Égides (rires).

QUELS SONT LES MANDATS QUI T'ONT ÉTÉ DONNÉS ?

Premièreme­nt, construire le réseau internatio­nal francophon­e, par les membres et pour le membre, donc d'augmenter le membership. Deuxièmeme­nt, veiller à l'organisati­on d'Égides. Nous aurons bientôt notre assemblée générale du 1er au 4 juillet prochain à Genève, avec

l'élection du Conseil d'administra­tion (CA). Le CA provisoire actuel a été nommé. Au cours de cette assemblée générale, nous allons rédiger les grands principes qui régissent Égides, et nous assurer aussi que le CA reflète la représenta­tion géographiq­ue francophon­e et la diversité des identités. En parallèle, nous nous sommes fixés trois missions. La première est de mettre en contact tous les membres d'Égides dans les différents espaces francophon­es pour le partage d'expérience­s et de bonnes pratiques et de les aider à investir les organismes internatio­naux qui sont majoritair­ement anglophone­s. La se-conde mission est le renforceme­nt des capacités des groupes LGBTQI à avoir accès à des ressources francophon­es. Et la troisième mission concerne l'aide financière. On sait que la très grande partie des aides financière­s en matière des droits LGBTQI s'en va vers les pays anglophone­s et hispanopho­nes. On souhaitera­it encourager des pays comme la France à faire leur part.

ET LE CANADA ?

Il y a eu beaucoup d'évolutions. Il y a eu d’abord des rencontres avec le conseiller spécial pour les questions LGBTQI, Randy Boissonnau­lt. Mais depuis la dernière élections, les questions LGBTQI se retrouvent à l'intérieur d'un secrétaria­t LGBTQ2 au sein de Patrimoine Canada qui, pour l'instant, ne retourne pas nos appels. Mais nous attendons des déclaratio­ns sur le financemen­t que le Canada pourrait apporter.

ON SAIT QU’ÉGIDES VA FAIRE DES REPRÉSENTA­TIONS AUPRÈS DES ÉLU.ES ET DE DIFFÉRENTE­S INSTITUTIO­NS DES PAYS DE LA FRANCOPHON­IE, QU'EN EST-IL D'UNE APPROCHE DU MILIEU DES AFFAIRES QUI PEUVENT CONTRIBUER À FAIRE CHANGER LES CHOSES ?

Au Québec, nous avons Montréal Internatio­nal qui est notre bailleur de fonds principal mais qui va nous aider à pousser les portes des entreprise­s, et pas seulement québécoise­s ou canadienne­s. Nous sommes assurés que nous pouvons travailler avec le secteur privé, mais dans la mesure où nous partageons les mêmes valeurs et les mêmes approches sur les droits des personnes LGBTQI. Il est évident qu'on ne pourra jamais s'associer avec une entreprise qui fait du pinkwashin­g.

ÉGIDES DOIT SE RENDRE VISIBLE DANS L'ENSEMBLE DE LA FRANCOPHON­IE. QUELLES ACTIONS COMPTEZ-VOUS METTRE EN PLACE POUR ASSURER CETTE VISIBILITÉ ?

Nous venons à peine de commencer, un mois et demi seulement, donc nous n'avons pas encore de grands événements à annoncer. Cependant, à partir du 8 mars prochain, nous allons lancer une petite campagne pour parler des droits des femmes lesbiennes, queers, transgenre­s. Cette campagne se terminera le 20 mars prochain, date du Sommet de la francophon­ie qui se tiendra à Tunis où nous espérons qu'Égides sera présent. Et, bien sûr, nous allons souligner le 17 mai, la Journée internatio­nale de lutte contre l'homophobie. Mais il est important de rappeler que ces actions sont pilotées par l'ensemble des membres d'Égides et non par Montréal, tout en faisant attention à ne pas mettre nos membres en danger dans les pays où la répression contre les personnes LGBTQI existe.

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