Fugues

UGO CIRRI OU ÊTRE «À LA POINTE» POUR LES TROCKS

- CARTIER LOGAN

En tant que garçon qui a grandi dans le monde discipliné de la formation de ballet classique à Lausanne, en Suisse, Ugo Cirri connaissai­t les attentes. «Quand on veut jouer les rôles masculins traditionn­els, ils vous poussent à vos limites et vous font comprendre que les attentes sont très élevées. Au début, je n'aimais pas le ballet parce que je trouvais que c'était très intense, et le professeur était très strict et nous criait après», poursuit-il, ajoutant que sa taille est également devenue un défi plus tard, car il n’atteignait pas idéal classique européen de 180 centimètre­s. «Finalement, j'ai fini par aimer ça, mais ma mère a dû me pousser.» Comme acte de rébellion, Cirri enfilait parfois des pantoufles roses et satinées de ballerine et dansait en studio. «Aussi loin que je me souvienne, je mettais des pointes», dit-il. «Je tenais droit sur les orteils, ce qui facilite les choses. Mais je ne pouvais le faire que 10 minutes à la fois. »

Ces jours-ci, Cirri se retrouve dans la position inattendue de porter à nouveau des pantoufles et fait des pointes presque tous les soirs sur scène. En tant que nouveau membre des Ballets Trockadero de Monte Carlo, il se produit avec cette troupe exclusivem­ent masculine qui porte des tutus et des perruques pour interpréte­r certains des ballets les plus célèbres du monde. Et cet ancien élève de la San Francisco Ballet School, qui a également été un danseur traditionn­el avec le Los Angeles Ballet, assure que, aussi légers et amusants que semblent être les spectacles des Trocks, ils impliquent certaines des routines les plus exigeantes qu'il ait jamais réalisés. «Il faut non seulement maîtriser la technique, mais vous devez porter tout ces accessoire­s sur scène qui font des Trocks ce qu’ils sont», dit-il.

«Je dois être drôle, puis j'ai une perruque sur la tête. Et vous devez vous maquiller; personne ne vous dit à quel point il est difficile de réaliser un bon maquillage. »

Cirri avait été exposé aux pitreries des Trocks vers l’âge de 12 ou 13 ans, mais sa formation classique l’a obligé à ne pas les considérer comme option de carrière, du moins pour un bon bout de temps. Il est allé aux États-Unis pour étudier, et ce n'est que lorsqu'il a quitté la troupe de Los Angeles que la chance de postuler s’est présenté. En juin de l'année dernière, alors qu’il était en vacances chez lui en Suisse, un des danseurs s'est blessé, et il a tout laisser tomber pour rejoindre les Trocks pour leur tournée en Allemagne et en Autriche.

«Au début, j'étais tellement dépassé», se souvient-il. «Il faut apprendre tant de choses en même temps. Je suis passé de mes vacances à me retrouver sur scène en tutu et des pointes. » Alors que Cirri a voyagé avec la troupe en Thaïlande, au Japon et maintenant au Canada pour la première fois, l’apprentiss­age intense se poursuit. Lorsque les Trocks reviendron­t en ville, surveillez Cirri sous les noms de ballet Minnie Van Driver et William Vanilla, et dans certaines de ses pièces préférées. ✖

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