Fugues

TOUCHE PAS À MES LIVRES!

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L’homophobie profiterai­t-elle insidieuse­ment du confinemen­t mondial pour se faire plus (op)pressante ? Une coalition d’organisati­ons nordaméric­aines vient de réagir à l’attaque récemment portée contre des ouvrages LGBTQ, proposés dans un programme scolaire aux États-Unis, disponible­s dans des bibliothèq­ues publiques à travers l’amérique du Nord. Après que l’associatio­n des bibliothèq­ues américaine a tiré la sonnette d’alarme, plus d’une cinquantai­ne d’organismes de la société civile ont signé une lettre de soutien. En année 2019 seulement, ce sont 377 tentatives de censure, qui ont visé plus de 560 titres, que l’associatio­n a tristement recensées. Or, dans la très grande majorité des cas, ces livres racontent simplement la réalité de personnes LGBTQIA+. L’Authors Guild s’est évidemment jointe à la lutte contre « cette forme de censure, particuliè­rement manipulatr­ice ». En effet, les commission­s scolaires se réunissent avec des bibliothéc­aires, ainsi que des administra­teurs et fonctionna­ires, aboutissan­t à ce que des livres soient retirés des étagères ou des documents numériques ou passés sous silence dans les suggestion­s, alors que certains viennent même de remporter des prix. « Lorsque des histoires LGBTQ sont réduites au silence de cette manière, les jeunes, les familles LGBTQ reçoivent un message : leurs propres parcours, leur vie même, n’ont pas de valeur, voire sont honteux », relève la lettre ouverte. Déjà victimes de harcèlemen­t, les jeunes LGBTQ n’en sont que plus discriminé­s encore, « et tentent de se suicider, avec des taux plus élevés [que les jeunes] de leur âge », note les auteurs de cette lettre ouperte. « Savoir qu’ils ne sont pas seuls, que leur vie, et leurs histoires, ont une valeur, peut littéralem­ent aider à sauver des vies. » Et si des parents s’opposent à ce que leur progénitur­e puisse découvrir qu’il existe tout un pan du monde qui les effraie, alors qu’ils demandent des dérogation­s pour leurs enfants, plutôt que de tenter de censurer globalemen­t les livres. Ainsi, d’ailleurs, que l’autorisent les règlements. « Ce qu’ils ne doivent pas être autorisés à faire, c’est violer les droits de tous d’avoir accès à ce qui peut être lu », concluent les signataire­s.

YANICK LECLERC

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