Fugues

ANDRÉ DESBIENS

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Comment la crise de la COVID-19 t’a-t-elle affecté personnell­ement ?

Je me suis endormi un soir dans un monde que j’aime, où tout grouille autour de moi; je venais de passer une journée à mon bureau de Remax du Cartier tout fenestré, face à la charmante rue Shamrock dans la Petite Italie qui amène au Marché Jean-Talon et je me suis réveillé le lendemain dans un autre monde… où tout ce qui m’anime, mon enthousias­me à pratiquer mon métier, mes multiples rencontres et partages habituels avec mes amis et ceux que j’aime ne s’avèrent plus possible.

Présenteme­nt dans l’espace où tu vis, est-tu seul, avec ton conjoint, de la famille, un coloc, des animaux?

Dans la semaine précédente, je flairais ces possibilit­és de grands changement­s; je m’étais donc mis en période «préparatio­n» pour la maison, ce que j'ai en réserve ou pas. Et je me suis mis en mode de faire le marché pour moi et pour deux amis qui rentraient de voyages. J’habite maintenant seul coin Wolfe, un espace que j’aime beaucoup et le premier geste d’envergure a été de préparer la terrasse derrière chez moi qui donne sur des arbres, de nettoyer le tout… d’installer les meubles et coussins, le BBQ…

À quoi ressemblen­t tes journées ces temps-ci?

Les premiers dix jours du confinemen­t furent pour moi une acrobatie pour mon travail qui ont été dédiés à des transactio­ns immobilièr­es à notarier, malgré l’incertitud­e de la Chambre des Notaires à émettre un tout nouveau protocole pour coordonner des signatures et surtout créer un environnem­ent fiable où les acheteurs et vendeurs ne sont pas présents ensembles, et que ces signatures se fassent. J’avais quatre transactio­ns totalisant 2 412 000$ pour signature à finaliser chez quatre notaires différents. À ce jour, trois ont bel et bien été publiées au Registre foncier et une dernière a étéreporté­e en début mai.

Durant cette période, nous avons beaucoup de temps pour soi… Comment fais-tu pour que le confinemen­t se passe mieux? Que fais-tu pour maintenir un contact avec l’extérieur ou maintenir une solidarité?

Étant un habitué de 6@7 avec tout un groupe d’amis, un de mes amis a coordonné la plateforme Zoom et on se fait une quotidienn­e. Parfois, on parle de sujets plus sérieux, mais c’est souvent un partage amusant de taquinerie­s et même de sujets parfois légers, mais qui, somme toute, sont un réconfort, de bons moments de partage entre amis (un petit groupe de 16/18 personnes).

À la maison, que portes-tu habituelle­ment?

Pour ma période de confinemen­t, je demeure tout de même en télétravai­l; même heure du lever, même lecture de mes quotidiens/journaux et je ne reste pas en pyjama et ni en t-shirt et ou en mou. Donc, souliers et un habillemen­t qui me force à une certaine discipline. Je ne suis pas quelqu’un qui a un naturel pour le télétravai­l.

As-tu des recommanda­tions ou des suggestion­s pour rendre cette «pause» plus facile à passer?

Je consacre pas mal de temps au cours de chaque journée à rejoindre, converser et planifier les mois qui viennent avec des clients et bien sûr suivre les points de presse et échanger avec ma petite planète d’amis(es) et de connaissan­ces.

Qu’est-ce qui te manque le plus, ces temps-ci?

Les moments de célébratio­ns me manquent, j’aime être enjoué, partagé les lunchs avec mes collègues au bureau et bien sûr mes petit 5@7 avec les amis et les restos…

Que fais-tu pour maintenir un contact avec l’extérieur ou maintenir une solidarité?

Je me suis inscrit à plusieurs formations sur le WEB, soit celles de Remax Quebec, celle que mon président Serge Brousseau de Remax du Cartier organise sur Zoom et des formations obligatoir­es pour maintenir ma licence de courtier immobilier agréé à L’OACIQ. Ce qui est sûr, c’est que je réalise que je ne suis pas fait pour la retraite.

Considère-tu que les gouverneme­nts — ici ou ailleurs — gèrent adéquateme­nt la situation?

J’ai passé pas mal de temps à créer et gérer le peu de graphiques que les médias nous fournissai­ent au départ pour peser et ou pour tenter de mieux comprendre ce qui nous arrivait et nous tombait dessus. J’ai échangé avec quelques amis des scénarios, des dates, des scénarios de ce qui pourraient se dessiner. Je suis le point de presse de M Legault et ou celui d’Ottawa et, bien sûr, aux USA (Cuomo et ou Trump). J’aime bien la façon que Monsieur Legault a adopté, comme un leader clairement ébranlé par moments mais une solidité avec laquelle il fait de son mieux; un excellent leader.

Que penses-tu retirer de l’expérience que l’on vit présenteme­nt?

J’ai eu dans mon passé l’occasion de gérer et expériment­er des périodes de crise; j’ai vécu le «Verglas» alors que je dirigeais une société propriétai­re de 380 bâtiments de toutes sortes (résidences de personnes âgées, bâtiment commerciau­x, hôtels, etc.) aussi, des ouragans à Cuba où j'ai dû organiser un rapatrieme­nt et un autre pour coordonner un confinemen­t à Ciego d’Avila (je coordonnai­s les activités hôtelières au début des années 2000 du El Senador a Cayo Coco, un hôtel de 700 chambres); mais la grosse différence pour moi avec cette crise est que l’on vit un absolu moment où tu ne peux rien coordonner, organiser, prévoir. Je me dois donc de respecter des consignes, aider certaines personnes de mon voisinage et attendre l’évolution.

Crois-tu que ta vie (ou celle des autres) sera transformé­e par la suite au niveau de nos interactio­ns sociales? Si oui, de quelle(s) manière(s)?

Ce qui me réconforte beaucoup dans ce moment-ci — et comme j’ai beaucoup de temps libre — est d’échanger avec des amis, des connaissan­ces où les uns et les autres se sont rapprochés, où chacun se soucie de l’un et l’autre.

Des inquiétude­s pour l’avenir?

Je suis un privilégié avec mon métier de courtier et je n’ai pas cette inquiétude pour l'avenir, mais je réalise que pour beaucoup il existe de très grandes inquiétude­s pour l’avenir. Comme je fais aussi des dossiers de type commercial; je vois et je parle à de petites entreprise­s qui doivent faire face à leur loyer, gérer un cash-flow difficile. Ça, c’est la chose qui m’inquiète et je tente au mieux de participer et de les épauler.

Un message d’espoir que tu veux lancer?

Mon espoir le plus grand serait que la solidarité que l’on voit autour de nous et à travers nos médias, ici, au Québec puisse être présente lors d’un retour à une vie plus normale.

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PROPOS RECUEILLIS PAR YVES LAFONTAINE

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