Fugues

ENTREVUE AVEC STEVEN GUILBAULT

Après son élection dans la circonscri­ption de Laurier-Sainte-Marie, la nomination de Steven Guilbeault comme ministre du Patrimoine canadien en a surpris plusieurs. Celui qui avait été pendant 25 ans à la tête d’Équiterre qu’il avait cofondé, était vu occ

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Quelle connaissan­ce aviez-vous des défis et des problémati­ques des communauté­s LGBTQ quand vous avez accepté le ministère du Patrimoine canadien?

Mes connaissan­ces étaient limitées. Je suis l’actualité et m’intéresse à ces questions depuis longtemps, même si j’étais plus attentif à toutes les questions environnem­entales. Donc je suivais ces questions-là mais disons de loin. J’ai des ami.es qui font partie de la communauté, je connaissai­s plusieurs des enjeux mais mon niveau de connaissan­ce s’est beaucoup amélioré depuis l’été dernier (quand Steven Guilbeault s’est présenté comme candidat libéral, ndlr). J’ai été ravi de voir et de mieux comprendre, le dynamisme et la vigueur de la communauté, que ce soit au niveau communauta­ire, artistique, économique. Et surtout, on apprend le plus en rencontran­t aussi les gens de cette communauté, et bien que ce soit un peu plus compliqué ces jours-ci, il n’y a rien comme le contact humain. J’ai quelqu’un de très près dans ma famille qui a dû apprendre à apprivoise­r toutes ces questions autour des LGBTQ2, et cela m’a beaucoup sensibilis­é personnell­ement.

On découvre aujourd’hui avec stupeur la situation tragique des aîné.es, pas seulement par leur fragilité face au virus, mais par leur isolement et leur solitude. Ne devrait-on pas en faire plus pour cette catégorie de la population?

Absolument, c’est une évidence. Poser la question, c’est y répondre tellement la situation est grave, tellement elle s’est répandue rapidement dans les pays occidentau­x. On n’a rien vu encore sur les pays du sud et les pays en voie de développem­ent. Nous allons devoir faire un examen collectif sur cette question-là mais aussi sur plusieurs autres. Je pense que l’époque de la mondialisa­tion à tout crin a atteint son apogée un peu avant la crise, et on le voit dans l’approvisio­nnement de certains produits et matériels médicaux, des médicament­s et des vaccins aussi. Tout ce qui entoure la préparatio­n à de futures pandémies.

Mais cela va bien au-delà de ça selon mon avis, il faut aussi parler de sécurité alimentair­e, et combien celle-ci était vulnérable même si nous ne sommes pas en crise. Pour avoir été à Équiterre pendant 25 ans, ce sont des sujets dont on parlait beaucoup comme la mondialisa­tion de l’alimentati­on et ses limites, comme d’un point de vue énergétiqu­e, avec le pétrole. Je pense que cela va nous forcer à une réévaluati­on de plusieurs gestes que l’on a posés ou que l’on n’a pas posés.

Plus précisémen­t, des organismes communauta­ires font un travail remarquabl­e auprès des aîné.es, entre autres des organismes LGBTQ2. Est-ce que vous prévoyez de les aider financière­ment encore plus?

Je pense qu’on peut reconnaîtr­e au gouverneme­nt que, depuis 2015, il en a fait beaucoup pour la communauté LGBTQ2. Il faut reconnaîtr­e aussi qu’il reste encore beaucoup à faire. Mais nous partions de loin. Dans l’examen collectif que nous devrons faire, nous serons forcés de nous poser la question pour les personnes les plus vulnérable­s de notre société. Nous serons forcés de nous poser des questions sur les ressources nécessaire­s, que ce soient des ressources humaines, financière­s et matérielle­s pour les aider. Notre gouverneme­nt a adopté la première politique nationale de lutte contre la pauvreté et l’itinérance, la première politique nationale sur le logement.

Ce sont des mesures très progressis­tes et nous en sommes au tout début. Il va falloir donc poursuivre et dans certains cas accélérer leur mise en oeuvre. Ce que nous faisions n’était pas suffisant.

Sur la scène internatio­nale, le Canada se voulait un fer de lance de la défense des droits des minorités, des femmes. Avec la crise, toutes les rencontres multilatér­ales ont été annulées. Prévoyez-vous malgré la crise de faire entendre votre voix?

J’avais un appel récemment du directeur général associé de l’UNESCO, et il y aura une conférence téléphoniq­ue avec 160 ministres de la culture. Donc si cela se fait avec la culture, pourquoi ne le ferait-on pas avec les droits de la personne. Plusieurs organisati­ons internatio­nales regardent de ce côté-là pour faire avancer un certain nombre de dossiers à travers le monde, mais virtuellem­ent.

Que comptez-vous faire cette année compte-tenu des circonstan­ces actuelles pour souligner la Journée internatio­nale de lutte contre l’homophobie et la transphobi­e le 17 mai prochain?

Le gouverneme­nt étant partenaire de nombreux organismes qui composent la communauté - la Fondation Émergence en est un très important - et à

Jeunesse dont dépend le secrétaria­t LGBTQ2.

travers ces organismes, nous serons présents le 17 mai. Nous allons aussi souligner cette journée, mais dans les détails, il faudrait parler avec ma collègue, Bardish Chagger, qui est en charge du Ministère de la Diversité et de l’Inclusion et de la

Avant la crise de la Covid-19, les commerçant­s du Village éprouvaien­t des difficulté­s pour se maintenir à flots, entre les taxes et les hausses régulières de loyer, comme d’autres commerces à Montréal. Comme député, que pouvez-vous faire pour les aider, et pour les aider surtout à partir du déconfinem­ent?

Nous faisons partie de plusieurs tables de concertati­on avec la Ville de Montréal et des élu.es du Plateau et du Centre-Sud. On y discute des dossiers locaux où le gouverneme­nt fédéral collabore avec le municipal et le provincial. Et cela fonctionne très bien. Le développem­ent de milieux de vie nous tient particuliè­rement à coeur. Nous avons beaucoup de projets en financemen­t de transports collectifs, le plus grand investisse­ment depuis 50 ans, depuis la création du métro à Montréal. Dans tout ce qui va suivre la crise, toute une réflexion qui se fait au fédéral avec un comité dont je fais partie autour d’une relance qui soit plus verte et plus équitable sur le plan social, comme la production et l’achat local. Et nous sommes aligné.es sur cette volonté-là avec la Ville de Montréal.

Est-ce que cela va régler les problèmes concernant la concurrenc­e, les prix des loyers, la hauteur des taxes?

Je ne peux répondre car chaque palier de gouverneme­nt a ses champs de compétence. Mais avec les chambres de commerces, les autres élu.es, nous ferons les efforts pour changer les choses.

«J’ai quelqu’un de très près dans ma famille qui a dû apprendre à apprivoise­r toutes ces questions autour des LGBTQ2, et cela m’a beaucoup sensibilis­é personnell­ement....»

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DENIS-DANIEL BOULLÉ

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