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COVID - UNE APPLI DE TRAÇAGE POUR BIENTÔT?

Alors que la possibilit­é d’une seconde vague plane, les gouverneme­nts cherchent à se préparer, en l’absence de traitement et de vaccin pour la COVID-19. Et on parle de plus en plus de la technologi­e de traçage qui pourrait contribuer à freiner la contamin

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Quel est le fonctionne­ment de base d’un applicatio­n de traçage ?

Il s’agit d’une applicatio­n à télécharge­r sur un téléphone intelligen­t, qui garde en mémoire tous les contacts qu’un appareil a eus avec d’autres téléphones à une distance déterminée. Les données peuvent être récoltées grâce à la technologi­e Bluetooth, qui utilise les ondes radio, ou par les ondes GPS. En cas d’éclosion de nouveaux cas on pourrait retracer facilement les gens rencontrés par les personnes diagnostiq­uées et les contacter via cette appli pour qu’ils passent à leur tour un test.

À quel moment une applicatio­n pourrait-elle être offerte au Canada?

Les Canadiens pourront télécharge­r début juillet une applicatio­n qui leur permettra de savoir s'ils ont été en contact avec une personne ayant la COVID-19, afin de pouvoir subir un test de dépistage. L'applicatio­n a été développée par le Service numérique canadien et en collaborat­ion avec Shopify, BlackBerry et le gouverneme­nt de l’Ontario. Il ne sera pas obligatoir­e de télécharge­r cette applicatio­n, mais elle sera plus efficace si elle est téléchargé­e par le plus de gens possible.

Le Québec fait-il passer suffisamme­nt de tests de dépistage pour qu’une telle applicatio­n soit efficace ?

Les pays qui ont eu du succès avec la recherche de contacts ont une grande capacité de dépistage. On teste beaucoup au Québec, mais on doit continuer d’augmenter la capacité. Les autorités québécoise­s disent avoir atteint leur objectif de 14 000 tests par jour. Le prochain objectif devrait être de 20 000.

L’efficacité de telles applicatio­ns est-elle prouvée ?

Le traçage rapide et adopté très tôt est l’une des mesures les plus efficaces et rentables, selon une étude de l’équipe du docteur en santé publique CarlÉtienn­e Juneau. D’après l’une des études citées, lors de la grippe H1N1, en 2009, la recherche de contacts a représenté un rapport coût-efficacité 4 300 fois plus grand que la fermeture des écoles pour prévenir des décès.

En plein déconfinem­ent, quelle est l’utilité d’une applicatio­n à ce stade-ci ?

La mise en marché d’une applicatio­n de traçage servirait à repérer les contacts et à les isoler le plus rapidement possible advenant une 2e vague. Le Dr Horacio Arruda a précisé «qu’aucun confinemen­t total ne serait imposé si la COVID-19 opérait un retour en force dans les prochains mois». Cela dit, si beaucoup de gens s’en servent, ça va nous permettre de prolonger le déconfinem­ent. L’applicatio­n devra toutefois être utilisée parallèlem­ent aux autres mesures, comme la distanciat­ion physique et le port du masque.

Les renseignem­ents fournis sontils anonymes ?

Les données recueillie­s par l’applicatio­n COVI ne sont pas anonymes. On ne fournit pas de nom, mais ces informatio­ns sont assez uniques pour qu’on puisse vous identifier.

Quel pourcentag­e de la population doit posséder l’applicatio­n pour qu’elle soit efficace ?

Selon une modélisati­on faite par des scientifiq­ues de l’Université d’Oxford, en Angleterre, une applicatio­n de traçage ne permettrai­t de contenir la pandémie que si 56 % de la population la télécharge­ait et l’utilisait. Cela dit, l’applicatio­n réduit le taux de mortalité et le nombre de cas, peu importe son niveau d’assimilati­on. L’Islande, le pays où le télécharge­ment volontaire est le plus élevé, culmine avec seulement 40 %.

Que faire avec ceux qui n’ont pas de téléphone ?

Un Québécois sur quatre n’a pas de téléphone intelligen­t, une proportion qui grimpe à 59 % pour les 65 ans et plus — pourtant la tranche de la population la plus touchée par la COVID-19. Pour contrer ce problème, la France met actuelleme­nt au point une montre connectée qui aurait les mêmes fonctionna­lités que les applicatio­ns et qui pourrait être offerte aux personnes n’ayant pas accès à un téléphone. Son coût ? Entre 60 et 75 dollars canadiens.

Quels sont les risques en lien avec la protection des informatio­ns personnell­es ?

Il est bon de regarder la question sous l’angle d’une espèce de compromis : comment sommes-nous prêts à renoncer à des libertés et notre anonymat (en dévoilant des informatio­ns personnell­es) pour pouvoir continuer à vivre plus normalemen­t et éviter un reconfinem­ent total? Pour cela, il faudra sans doute consulter la société civile et faire de l’éducation pour que les gens comprennen­t de quoi il est question exactement, en les consultant avant de décider ce qui est acceptable ou non. Sur le plan de la légitimité démocratiq­ue, un débat parlementa­ire à tout le moins s’impose.

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