DE 1975 À 2003 NOS AUTRES STONEWALL…
À Montréal, la descente du Sex Garage, en 1990, n’a pas été le seul ni le premier événement où les gais et lesbiennes ont subi de la répression de la part des autorités. Les descentes étaient monnaie courante et certains ont parfois aussi suscité une mobi
1975 – 1976
Avec son désir de « nettoyer » la ville avant la tenue des Jeux olympiques le maire Jean Drapeau met sur pied, dès 1975, le Comité de moralité publique qui crée une vague intense de répression contre les bars du centre-ville où l’on trouve une forte concentration d’établissements gais et lesbiens.
Une première rafle fait fermer les portes du Sauna Aquarius en 1975. Plusieurs autres établissements bien connus sont aussi des cibles au début 1976 : les Bains Clubs, le Sauna Cristal, le Sauna Neptune, le Taureau d’Or, le Studio 1, le Club Stork, le Jilly’s, et bien d’autres ferment leurs portes et font face à de douteuses accusations. Plusieurs clients et propriétaires sont arrêtés. Ce sont les plus importantes arrestations au Québec depuis la crise d’octobre en 1970. Le lien avec la crise d’Octobre n’est pas anodin a’il faut en croire les auteurs Gary Kinsman et Patrizia Gentile, qui reviennent sur cette époque dans le livre Canadian War on Queers, publié en 2009. Les auteurs y révèlent qu’il s’agissait d’une volonté politique fédérale. «Les autorités policières de plusieurs régions du Canada luttaient contre le radicalisme. Il faut se rappeler que ces années suivaient les actions du FLQ et la tuerie aux Jeux de Munich en 1972. À l’époque, le gouvernement voyait les organisations gaies comme une menace pour la sécurité nationale. Ils étaient obsédés par la collecte d’informations sur les homosexuels », expliquait d’ailleurs Ross Higgins, cofondateur des Archives gaies du Québec à l’un de nos journalistes, en 2016.
LE TRUXX - 1977
La répression ne cesse pas après les Jeux Olympiques et le 21 octobre 1977, la police effectue une descente au bar Truxx et arrête 114 hommes accusés de s'être trouvés dans une «maison de débauche». Pour la première fois, les militants ripostent, en organisant une manifestation de protestation le lendemain soir aux abords du bar. Environ un millier de gais se joignent au Comité anti-répression de l'ADGQ (Association pour les droits des gais du Québec). L'événement, extrêmement médiatisé, fera la une du Journal de Montréal et est couvert par plusieurs chaînes de télévision. Considérée par certains comme le «premier» Stonewall québécois, la descente au Truxx marque un tournant dans les rapports que la communauté va entretenir avec la police.