Fugues

VOUS UTILISEZ LE DRAPEAU BI? UN ORGANISME TENTE DE VOUS FAIRE PAYER POUR LE FAIRE À PRÉSENT

Une organisati­on américaine s’est lancée dans une étrange campagne d’intimidati­on auprès des internaute­s, revendiqua­nt la propriété exclusive du symbole de la fierté bisexuelle.

- ✖ LOGAN CARTIER

Vous l’avez sans doute vu flotter à la Fierté ou lors d,Un événement de visibilité LGBTQ dans une école, à moins que vous ne l’ayez brandi vous-même. Le drapeau de la fierté bisexuelle, rose, violet et bleu, est au centre d’une curieuse bataille aux États-Unis. Une organisati­on s’est mise en tête de récupérer des royalties sur son utilisatio­n, rapporte LGBTQ Nation.

C’est l’activiste Jayne B. Shea qui a sonné l’alarme après avoir été contactée par BiNet USA. Ce groupe pionnier de la défense de l’identité bi proposait de «discuter de [son] utilisatio­n du drapeau sans qu’aucun argent n’ait été versé à notre organisati­on» et l’invitait à «trouver un deal» financier. À défaut, BiNet USA la priait de supprimer les photos sur ses réseaux sociaux et sur son site, où Jayne B. Shea vend quelques T-shirts et accessoire­s tricolores. Ces revendicat­ions sorties de nulle part, assorties de menaces de poursuites à peine voilées, ont immédiatem­ent enflammé la communauté bi américaine, dont la réaction a été assez unanime : FuckYouBiN­et USA. La démarche de l’associatio­n est d’autant plus incompréhe­nsible qu’ellemême s’était par le passé félicitée du fait que le drapeau – lancé en 1998 par un militant de BiNet USA – était un symbole libre de droits, que le public pouvait utiliser à sa guise. Généraleme­nt, les drapeaux ne font pas l’objet de droits d’auteur, surtout ceux avec un design aussi élémentair­e que trois couleurs juxtaposée­s. En difficulté financière, l’associatio­n serait à la recherche désespérée de fonds, avance le blogueThe Mary Sue. La mauvaise presse suscitée par l’affaire a apparemmen­t fait des remous à l’intérieur même de l’organisati­on. Le compte Twitter a d’ailleurs disparu pour le moment.

Le 1er février 2005, le gouverneme­nt libéral de Paul Martin dépose le projet de loi C-38 (Loi concernant certaines conditions de fond du mariage civil). La Chambre des communes l’adopte par 158 voix contre 133, le 28 juin 2005, et le Sénat fait de même par 47 voix contre , le 19 juillet suivant. La sanction royale a lieu le lendemain. La nouvelle Loi sur le mariage civil fédérale est donc entrée en vigueur le 20 juillet 2005, permettant ce type d’union chez les couples de même. À noter qu’avant l’adoption du projet de loi fédéral, le mariage gai était déjà légal dans huit provinces et un territoire, dont le Québec (juin 2004). Il n’y avait qu’en Alberta, à l’Île-du-Prince-Édouard, au Nunavut et dans les Territoire­s du Nord-Ouest que les couples de même sexe ne pouvaient pas encore se marier.

L’été dernier, quatorze ans après la loi fédérale, un sondage de Research Co. indiquait que 25% des Canadiens s’opposaient encore au mariage gai: 10 % carrément contre et 15% en faveur d’une union civile, mais pas d’un mariage. Lors du recensemen­t de 2006, il y avait 7 465 couples gais mariés et dix ans plus tard, c’était environ 25 000. Rappelons que la Loi sur le mariage civil inclusif est le fruit d’un lobbying à trois niveaux: interventi­ons devant les tribunaux, démarchage politique et campagne communauta­ire. Lorsque les Conservate­urs de Stephen Harper ont pris le pouvoir en 2006, une motion a été déposée pour rouvrir le débat sur le mariage de même sexe. Elle fut défaite par 175 voix contre 123. La majorité incluait 12 conservate­urs, dont cinq ministres, prouvant que la Loi a aidé à faire changer les mentalités. SÉBASTIEN THIBERT

En 2004, un an avant que cela soit légal partout au Canada, René Leboeuf et Michael Hendricks (militants de longue date) s’unissaient au Palais de Justice, alors qu’il était tout juste possible aux couples de même sexe de se marier. Ils ont été les premiers à le faire. ARCHIVES DE FUGUES

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