Fugues

PLACE AU VILLAGE par André C. Passiour

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Après 15 ans de bénévolat à la Société de développem­ent commercial (SDC) du Village, devenue Village Montréal, Denis Brossard tire sa révérence. Il ne renouvelle pas son mandat en tant que président du conseil d’administra­tion (CA). Il est remplacé par Jean-Philippe (JP) Loignon. Un nouveau chapitre s’ouvre ainsi pour cette SDC qui a vu aussi sa direction générale être confiée à Yannick Brouillett­e, en mars 2019, et ce après que Bernard Plante ait occupé ce fauteuil durant plus de 13 ans.

C’est donc tout un remue-ménage positif qui se passe dans cette SDC de la partie Est de l’arrondisse­ment de Ville-Marie. La SDC du Village a été créée en 2005, soit juste avant la tenue des premiers Outgames Mondiaux de 2006. Denis Brossard a ainsi mis des milliers d’heures de bénévolat pour fonder cette SDC et la rendre fonctionne­lle. Quel est donc le bilan qu’il tire de toutes ses années à la tête du conseil d’administra­tion (CA)? «Premièreme­nt, j’ai beaucoup plus de cheveux blancs et je porte des lunettes, c’est très personnel, mais c’est çà (éclat de rires)», lance Denis Brossard, le copropriét­aire du CabaretMad­o et du restaurant LaDînetteà­Mado. «On a réussi à créer une organisati­on forte et crédible. On a réussi à avoir des partenaire­s solides et des alliances sérieuses. On a aussi réussi à créer un sentiment d’appartenan­ce dans le sens où la SDC est là pour tout le monde même si c’est une associatio­n de commerçant­s. C’est d’ailleurs le point le plus positif puisqu’on a réussi à créer une organisati­on viable et les gens de la communauté s’y sont rapprochés, et elle est devenue le coeur du Village.»

«De façon plus précise, je quitte à un moment où la SDC est en bonne condition, et où les gens ont du potentiel et avec de belles idées pour l’avenir. […] Ce fut une aventure super cool, on n’est plus vu de manière bizarre avec nos projets», indiquet-il.

Il y a de quoi être fier de ce bilan. Sous la direction de Denis Brossard et de Bernard Plante, on est passé d’un projet pilote de piétonisat­ion d’une dur.e de deux semaine, à une durée de cinq mois environ annuelleme­nt, tandis que cette SDC a été la première à Montréal à offrir le Wi-Fi gratuit sur son territoire. La Galerie Blanc aussi est un autre élément puisque, terrain privé, la SDC a amené la Ville à acheter cette parcelle de terre pour en faire un parc/galerie d’art. «La piétonisat­ion et ce qui va avec n’ont pas été faciles à obtenir. Il a fallu convaincre et surmonter les obstacles; il a fallu réellement se battre pour faire entendre nos idées. Mais on a réussi. […] Nous sommes partis de loin et nous avons abouti à cette piétonisat­ion de cinq mois. C’est maintenant à la nouvelle génération, d’aller plus loin», considère Denis Brossard.

Évidemment, avec un taux d’inoccupati­on de 18% dans le Village et au moins 44 locaux vides (avant la crise du coronaviru­s), on ne pouvait pas ne pas aborder la question avec Denis Brossard. «Comme d’autres secteurs de Montréal, le Village a de la difficulté à remplir ces locaux en raison de plusieurs facteurs: loyers chers, vétustés, etc.; il reste beaucoup de locaux inoccupés. Par contre, il y a plusieurs locaux gérés par une nouvelle génération de commerçant­s et qui fonctionne­nt bien. Je crois que les commentair­es désobligea­nts – à l’effet que le Village se meurt – appartient aux gens d’une certaine génération qui restent convaincus qu’avant "c’était le bon temps".»

Bien sûr, Denis Brossard n’a pas été tout seul à la SDC durant 15 ans. Le travail s’est fait en équipe avec le CA et le directeur général Bernard Plante qui a cumulé 13 ans de service au sein de la SDC du Village. «La direction générale de Bernard Plante nous a permis d’arriver où nous sommes aujourd’hui. C’est bien beau d’avoir des idées, des projets, mais la réalité nous rattrape facilement. Il a fallu parler à l’arrondisse­ment, à la police, aux pompiers, etc. Et c’est Bernard qui s’en chargeait et qui a souvent négocié. Le travail qu’il a accompli est immense! Et cela ne fait nullement ombrage à Yannick [Brouillett­e] qui fait face à une crise, à une pandémie, comme jamais auparavant.»

LA RELÈVE EST LÀ

Prenant presque la balle au bond, Jean-Philippe Loignon, ou tout simplement «JP» comme il aime se faire appeler, entre dans le vif du sujet: «La crise n’est le fun pour personne. Il nous faudra faire un brainstorm­ing avec l’équipe, avec les commerçant­s, pour passer à travers cette crise. Le Village a besoin d’amour, il a besoin de lumière, on sent qu’il manque les terrasses et toute cette ambiance. C’est tout un défi, mais on y arrivera.» Jean-Philippe (JP) Loignon est propriétai­re des cafés LaGraine brûlée et OuiMaisNon , sur Jarry Est, ainsi que coach vocal, compositeu­r et vocaliste. À partir de ses cafés, JP a réorienté les commerces pour qu’ils offrent un mini marché de produits d’ici, des bières locales, du cidre, du pain et des danoises de chez Arhoma, des plats pour emporter ainsi que des items de nettoyage écologique­s. Ici, JP constate une chose: «Le Oui MaisNon va mieux que La Grainebrûl­ée, c’est certain. Il y a plus une vie de quartier sur Jarry, il y a un peu de tout en termes de clientèle. Dans le Village, c’est plus difficile, il n’y a presque personne en ce moment. Et puis, la première étape était de sortir de chez soi après le confinemen­t forcé, la deuxième est d’encourager les commerçant­s et, à présent, les gens font attention à leur budget. Alors ici le défi est encore plus grand.»

«En réaménagea­nt La Graine brûlée pour la transforme­r, on a fait appel à la SDC

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DENIS BROSSARD

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