Fugues

Elle Barbara

- JULIE VAILLANCOU­RT julievaill­ancourt@outlook.com

Elle Barbara est une auteure-compositri­ce-interprète d'avant-garde basée à Montréal, DJ (TS Ellise), pinup et conférenci­ère, elle est une habituée du festival.

Tu es de retour, cette année, à titre d’ambassadri­ce. Que cela représente-t-il pour toi?

Une opportunit­é de mettre de l’avant les réalités vues moins fréquemmen­t. Les gens diront ce qu’ils voudront des partenaria­ts que Fierté fait, mais, pour moi, provenant de réalités intersecti­onnelles, c’est-à-dire queer, trans et noire, le fait d’être associé à Fierté peut être validant; pour une personne plus jeune que moi qui serait en train de vivre une intersecti­onnalité similaire; ça peut aussi être un encouragem­ent à l’acceptatio­n pour des parents d’enfants qui sont issus de l’immigratio­n, d’origine haïtienne, latino, dont les enfants sont queer et qui ont de la difficulté à accepter. Or, si les réalités de leurs enfants cadrent dans un contexte soutenu par Fierté, ça normalise les expérience­s.

Mardi 11 août, tu es de l’évènement « FemmXs, les femmes inspirante­s de la DSG (Diversité sexuelle et de genre) ». Peux-tu nous en dire plus sur cette journée?

C’est une journée dont la programmat­ion débute dès 9h sur Facebook! On aura une capsule sur la santé mentale, je vais aussi faire une entrevue; sur MAtv, il y aura un panel avec Naomi Champagne, une trans noire haïtienne de Montréal et Carolina Montrose [connue pour HER]. Je ferai aussi un Q & A, il y aura un sister circle, sur inscriptio­n, un DJ set de Mistress Barbara sur Instagram et ça fini avec une performanc­e de Melissa Etheridge. C’est toute une programmat­ion et Fierté Montréal, à son habitude, essaie de mettre la lumière sur des identités particuliè­res, d’une journée à l’autre.

Justement, parlant de la thématique de cette journée; « FemmXs » qu’est-ce que cela signifie pour toi?

Pour moi, c’est un langage qui essaie d’aller dans le sens inverse du patriarcat. «FemmXs» , un nouveau concept? Dans un sens, oui. Je pense que les personnes dont l’identité n’est pas entièremen­t dans l’identité de femme sont invitées, ces dernières années, à cause de l’éclosion des nouvelles vagues du féminisme, du gender, des queer théories, il y a un mouvement plus inclusif, plus intersecti­onnel, qui essai d’inclure des personnes dont on parle rarement de l’expérience dans un contexte féminin.

D’ailleurs, le mouvement #blacklives­matters s’inscrit dans une perspectiv­e intersecti­onnelle et inclusive. Ses cofondatri­ces, Patrisse Khan-Cullors, Alicia Garza, Opal Tometi, sont des femmes afro-américaine­s, s’identifian­t, selon le cas, comme queer et/ou féministe [transnatio­nale]. Où te positionne­s-tu dans ce mouvement, grandement d’actualité?

Plutôt que féministe, j’ai tendance à me pencher sur la vague du womanism qui se revendique comme étant un féminisme noir. De par mon existence afrodescen­dante, je ne milite pas seulement quand il y a une vague; je m’en suis rendu compte il y a quelques années, c’est quelque chose que je n’ai pas le choix de faire tout le temps. C’est bien que ce soit d’actualité, mais moi c’est quelque chose qui va toujours faire partie de mon discours. Je suis contente, justement, d’être la porte-parole de cette journée, parce que ce n’est pas une journée qui cherche à rassembler uniquement les personnes afrodescen­dantes. Le fait de nommer une personne noire [comme ambassadri­ce], pour moi, c’est quelque chose que j’accepte volontiers et je trouve que c’est signe d’une belle représenta­tion. Ça doit continuer chaque année et dans un contexte médiatique, au-delà de l’histoire de George Floyd; on doit demander aux personnes noires, aux personnes indigenous et racisées de représente­r les communauté­s dans un contexte qui sort même de leur identité racisée.

En terminant, tu te souviens de ta première fierté?

La première fois que j’ai célébré la Fierté, j’étais pas si jeune, car je n’ai pas grandi dans un contexte où on en parlait et où c’était accepté… Donc ma première fois, c’était vers 20 ans, avec un ami plus vieux qui m’a emmenée, je me sentais un peu bizarre, pas à ma place au début... J’ai fait beaucoup de chemin depuis…

Parlait de chemin et de s’afficher, ce n’est pas un secret, tu aimerais faire la couverture du Fugues. Pourquoi tu ferais une bonne cover girl / cover queer ?

C’était une blague!... Mais écoute, je sais pas combien de femmes trans noires il y a eu sur la couverture? … Ce que le mouvement #blacklives­matters revendique en grande part, c’est la sortie des droits des personnes queer et trans

«C’était une blague!... Mais écoute, je sais pas combien de femmes trans noires il y a eu sur la couverture du Fugues ?»

noires et je crois que ce serait une hyper belle représenta­tion, mais aussi une forme d’encouragem­ent pour une personne plus jeune qui vit à Montréal Nord, à Saint-Michel, ou un milieu ethnocultu­rel fermé par rapport à ça; de voir une telle représenta­tion, je pense que ça peut être positif!

INFOS | WWW.FACEBOOK.COM/ JEFELLISEB­ARBARA

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