Fugues

Simon Boulerice

- YVES LAFONTAINE yveslafont­aine@fugues.com

Comédien, metteur en scène, auteur, Simon Boulerice est un touche-à-tout épanoui. Chroniqueu­r radio (Plusonestd­efous,plusonlit) et télé (Cette année-là,Sucrésalé,BonsoirBon­soir,Onvaseledi­re,FormuleDia­z,L’heure estgrave), il navigue également entre le jeu et la mise en scène. Depuis plus de deux ans, Simon est également co-porte-parole d’Interligne. En tant que coprésiden­t de l’édition 2020 de Fierté Montréal, il a répondu à nos questions…

Surtout, il écrit : du théâtre, de la poésie et des romans, tant pour les adultes que pour les enfants. Parmi sa cinquantai­ne de titres : Simon a toujours aimé danser, Martineàla­plage, Javotte,EdgarPaill­ettes,PiG,LeDernierq­uisortétei­ntlalumièr­eetL’Enfantmasc­ara. Ses oeuvres ont été traduites en sept langues. Comme scénariste pour la télé, il collabore à la nouvelle mouture de PasseParto­ut en plus de signer tous les textes de la série Six degrés, présentée à radio-Canada en 2020.

Que représente la Fierté pour toi?

C’est un rendez-vous annuel d’affirmatio­n publique de la diversité sexuelle, un moment rassembleu­r qui unit chacune des lettres de l’acronyme LGBTTiQQ2S­AA. Ça demeure un événement important et nécessaire pour la visibilité, la célébratio­n et la réflexion sur le chemin parcouru, et celui qui reste à parcourir.

Ton plus beau souvenir de fierté?

Le premier défilé de la Fierté que j’ai fait en tant que co-porte-parole pour interligne, il y a deux étés. Appartenir à cette équipe me rendait fier, et participer à cette célébratio­n de l’intérieur était grisant pour moi. Être au centre de cette effervesce­nce en brandissan­t un drapeau était une sensation rare dans ma vie. Voir les visages heureux et complices, en bordures des rues, m’a galvanisé.

Sinon, autre souvenir impérissab­le: le 28 juin 2019, je me suis rendu devant le Stonewall inn à New York exactement 50 ans après les émeutes dans ce bar mythique de Greenwich Village. Je trouvais important d’être là, un demi-siècle plus tard, de me poser dans ce point névralgiqu­e, dans l’oeil de cette tornade de résistance. C’est ici qu’a éclos l’activisme queer aux États-Unis, mais aussi, symbolique­ment, partout sur la planète. C’est un jalon majeur dans l’histoire de l’émancipati­on des gais. Les événements de Stonewall ont été les précurseur­s de ce qui allait devenir la Fierté gaie.

Quand et où as-tu assisté à ta première Fierté?

Je suis arrivé à Montréal en 1999 à 17 ans. À l’époque, c’est étonnant à dire, mais ces célébratio­ns m’intimidaie­nt. J’étais de nature timide et vivais mon orientatio­n sexuelle de manière clandestin­e. C’est finalement à 19 ans que je me suis inscrit dans une ligue d’impro LGBTQ+, la Gailaxie, et avec certains des membres, j’ai assisté au défilé et à d’autres événements de la Fierté. J’y ai développé une appartenan­ce d’année en année, à mesure où le militant a pris la place du gars réservé en moi.

Comment vis-tu cette Fierté - ou comment l’exprimes-tu - habituelle­ment?

Je la vis quasi-quotidienn­ement en présentant mes livres à saveur LGBTQ+ dans les écoles du Québec. Je n’hésite jamais à démystifie­r mon intimité et ma réalité auprès des enfants et des adolescent­s. Avec le recul, j’aurais aimé que le petit Simon de 10 ou 15 ans voit débarquer dans sa classe quelqu’un comme moi, assumé et épanoui, pour lui faire voir que toutes les possibilit­és demeurent possibles. Et que notre sentiment d’être singulier peut se transforme­r en atout.

Pourquoi as-tu accepté d’être co-président de cette édition spéciale de Fierté Montréal? Ça allait de soi. Et surtout cette année. La pandémie a agi sur la communauté LGBTQ+, comme elle l’a fait avec toutes les communauté­s marginalis­ées. C’est une époque compliquée et mouvementé­e, où plus que jamais les injustices éclatent haut et fort. Je suis fier de me retrouver co-président avec mes amies Debbie Lynch-White et Marina Gallant, le couple Anthony Johnson (membre Diné de la Nation Navajo) et Dr James Makokis (Cri de la Première nation de Saddle Lake du Nord de l’Alberta), sous la présidence d’une artiste noire multidisci­plinaire Sandy Duperval. Si cette diversité m’emballe, je la trouve surtout nécessaire.

Comment prévois-tu la souligner cette année?

Le 6 août prochain, quatre jours avant le début de la Fierté, je fais paraître un album illustré intitulé Les enfants à colorier qui célèbre l’unicité des enfants. Dans le lot, il y a un enfant non binaire. Quant au festival qui aura lieu du 10 au 16 août, je le suivrai derrière mon ordi, agitant mon drapeau pour moi-même. Mais ce n’est pas parce que c’est une édition virtuelle qu’elle en est moins réelle.

INFOS | www.FiErTEMTL.CoM

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