Je Jardine

L'abc des semences

- PAR ISABELLE GRATTON EXPERT-CONSEIL LES URBAINCULT­EURS, URBAINCULT­EURS.ORG

Le monde des semences offre autant de possibilit­és qu'il y a de variétés de tomates recensées dans le monde entier – soit au-delà de 15 000 ! Bien qu'il ne soit pas sorcier de s'y retrouver, notre guide pratique saura assurément répondre à quelques-unes de vos interrogat­ions.

Que vous démarriez des semis à l'intérieur ou non, vous aurez inévitable­ment besoin de semences pour pouvoir garnir votre potager, puisque certains légumes appréciés de tous doivent être semés directemen­t en terre. Le choix des espèces que vous souhaitez cultiver sera déterminé par différents critères : vos goûts personnels, le climat de votre région (zone de rusticité), le mode de culture, l'ensoleille­ment, vos habitudes alimentair­es ainsi que l'espace et le temps dont vous disposez. Le cultivar, quant à lui, vous permettra d'explorer différente­s variétés d'une même espèce et de découvrir le large éventail de possibilit­és qu'offre le potager à la maison. Vous verrez : plus vous ferez de semis, plus vous y prendrez goût ! Après tout, n'est-il pas vrai que l'appétit vient en mangeant ?

Où se procurer les semences ?

Avec le retour en force du jardinage, il est très facile de se procurer des semences. On en trouve dans les jardinerie­s, les pépinières, les magasins d'aliments naturels, les boutiques écorespons­ables, les quincaille­ries et même dans certains supermarch­és. Les magasins spécialisé­s en jardinage offrent une grande variété d'espèces à cultiver provenant de marques et de fabricants variés. Les conseiller­s pourront vous guider dans vos choix selon vos besoins et votre niveau de connaissan­ces.

Vous serez aussi très bien servi en ligne, en commandant directemen­t auprès du producteur. Avec l'engouement actuel pour le jardinage, les offres se multiplien­t, et de plus en plus de semenciers québécois arrivent sur le marché, proposant des semences de qualité, très souvent biologique­s. Malgré la grande diversité, prévoyez vos achats dès le début de l'hiver, puisqu'il arrive que certaines variétés soient offertes en quantités limitées. Ainsi, n'attendez pas le moment de démarrer vos semis en mars ou en avril pour vous procurer vos semences : vous risquez de ne pas être le seul en file ! En hiver ou au début du printemps, des fêtes des semences sont organisées un peu partout au Québec lorsque le contexte le permet. Il s'agit d'une belle occasion d'acheter ses semences ou encore d'obtenir des conseils pour réussir ses cultures, en plus de pouvoir discuter avec des producteur­s invités.

Une autre belle façon de mettre la main sur des semences recherchée­s : le partage et l'échange avec d'autres jardiniers. Les réseaux sociaux se révèlent un outil précieux pour entrer en contact avec des amateurs qui habitent dans votre région.

Quelles semences utiliser ?

En raison de la saison de jardinage plutôt courte au Québec, vous pourriez avoir envie de privilégie­r des légumes à croissance rapide ou des variétés dites hâtives (précoces) qui se cultivent bien en climat frais. Il peut aussi être intéressan­t de favoriser l'achat de semences locales qui ont été produites en culture biologique : une fois plantées dans votre potager, les espèces issues de telles semences se retrouvent en terrain connu, puisqu'elles sont adaptées au climat québécois. De plus, elles bénéficien­t de certaines fonctions immunitair­es, puisqu'elles proviennen­t de plants qui n'ont pas été protégés artificiel­lement au moyen de pesticides.

Ainsi, vous aurez le choix entre des semences traitées ou non. Celles traitées ont été enduites de fongicide pour prévenir les maladies qui nuisent à la germinatio­n. Elles sont donc interdites en culture biologique. On peut reconnaîtr­e ce type de traitement par des graines de couleur rose, et le producteur doit en faire mention sur l'emballage. Enfin, certaines semences peuvent avoir été enrobées, habituelle­ment avec de l'argile, pour faciliter la manipulati­on.

La certificat­ion biologique

À l'épicerie ou au marché, on recherche de plus en plus la certificat­ion biologique pour nos légumes. Cette certificat­ion existe aussi pour les semences. Celle-ci garantit à l'acheteur que les semences vendues sont entièremen­t produites grâce à des techniques respectueu­ses de l'environnem­ent, conforméme­nt aux normes de l'agricultur­e biologique régies par le Conseil des appellatio­ns réservées et des termes valorisant­s (CARTV). Au Québec, six organismes certificat­eurs peuvent attribuer les certificat­ions : Ecocert Canada, Québec Vrai, Pro-cert, Quality Insurance Internatio­nal (QAI), Letis S.A. et TCO Cert. Obtenir cette certificat­ion peut s'avérer un processus coûteux pour une petite entreprise. Pour cette raison, certains semenciers n'en font pas la demande : il faut donc croire en leur bonne foi en ce qui a trait à leurs techniques de culture biologique.

La conservati­on et la durée de vie des semences

Le taux de germinatio­n des semences diminue avec le temps ; il convient donc de les utiliser plus tôt que tard. Toutefois, vous vous retrouvere­z inévitable­ment avec des « restes » que vous pourrez réutiliser, à condition de bien les conserver. Après avoir replié votre sachet, utilisez du ruban adhésif pour le sceller. Ensuite, placez vos sachets dans un contenant hermétique que vous entreposer­ez dans un endroit frais et sec, préférable­ment à l'abri de la lumière. La températur­e idéale de conservati­on se situe entre 4 et 12 °C : un réfrigérat­eur ou une chambre froide s'avère donc idéal. Assurez-vous également de ne pas entreposer vos semences dans un endroit trop humide, puisqu'elles risqueraie­nt de pourrir. Enfin, regroupez les sachets par date d'ensachage : vous éviterez ainsi d'oublier des semences trop longtemps au fond d'un bocal. La date d'ensachage est habituelle­ment inscrite sur les sachets de semences. Sachez qu'il est possible de faire des tests de germinatio­n avec quelques semences d'un sachet de manière à vérifier leur état et, ainsi, à vous assurer de ne pas les planter en vain.

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