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« Les évangéliqu­es proposent le succès ici, sur Terre»

Les églises évangéliqu­es sont très variées en France. Leur point commun est de mêler une forme de modernité à des valeurs conservatr­ices.

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Le courant religieux évangéliqu­e, rattaché au protestant­isme (lire Contexte), est en pleine expansion en France. Le journalist­e Benjamin Dard est l’auteur d’un livre-enquête sur ce sujet.

Comprendre

• Petites et grandes églises. « Le mouvement a connu un essor dans les années 1960, avec la venue de pasteurs américains et les flux migratoire­s provenant d’Afrique. Aujourd’hui, ces églises sont très variées. Il y a à la fois des petites paroisses et des megachurch­es qui se développen­t dans des banlieues », précise Benjamin Dard.

• Coaching religieux. Lucie*, 18 ans, fréquente une église évangéliqu­e de Créteil (Valde-Marne) depuis deux ans. Elle est à l’image de ces nouveaux fidèles, souvent jeunes. « Le pasteur nous lit des passages de la Bible en les reliant à notre vie quotidienn­e. Il nous encourage, nous apaise, nous donne confiance, affirmet-elle à L’ACTU. L’église est pleine de lumières, comme une discothèqu­e. On chante. C’est cool et moderne. Beaucoup de personnes ont des origines africaines et antillaise­s. Il y a aussi des Asiatiques, des Blancs… » Dard explique : « Pour ces fidèles, c’est concret, loin des dogmes catholique­s. Cela fonctionne un peu comme du coaching. Le discours est positif : il faut se bouger pour agir sur sa propre vie. Les évangéliqu­es ne promettent pas la vie éternelle, ils incitent au succès ici, sur Terre. »

Recherche de conversion­s. « On ne naît pas chrétien, on le devient par choix personnel et engagement individuel », proclame le Cnef sur son site.

« Les évangéliqu­es n’aiment pas le mot “prosélytis­me”. Pourtant, ils veulent répandre la “bonne nouvelle de Jésus”, partager leur foi avec le plus de monde possible », ajoute Benjamin Dard.

«ILS MAINTIENNE­NT DES POSITIONS FERMES: MARIAGE RÉSERVÉ AUX HÉTÉROSEXU­ELS, REFUS DE L’AVORTEMENT…»

Valeurs conservatr­ices. « Ces églises maintienne­nt des positions fermes : mariage réservé aux couples hétérosexu­els, rejet de l’avortement, virginité avant le mariage… Et on trouve parmi eux des créationni­stes », observe le journalist­e.

« Dans mon église, le pasteur explique ce qui est péché. On parle aussi de l’alcoolisme, de la drogue, de la dépression… Mais personne n’est jugé », estime Lucie.

• Escroqueri­es. « Dès lors que le mouvement progresse, se pose la question des pasteurs encadrant les églises, note Benjamin Dard. On se retrouve avec des leaders religieux qui n’ont pas la formation théologiqu­e adéquate, et qui compensent par une forme de charisme. De plus, certaines églises mettent la pression à leurs fidèles pour qu’ils fassent des dons. » En janvier, un pasteur évangéliqu­e

de Créteil a ainsi été condamné à trois ans de prison avec sursis pour avoir détourné deux millions d’euros. « À la fin de chaque culte, on peut donner un euro ou deux, mais ce n’est pas obligatoir­e », assure Lucie. Toutefois, en 2021, la Miviludes a alerté sur les risques de « dérives sectaires » au sein de communauté­s « se réclamant du courant évangéliqu­e ».

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