L'actu

“On essaie de rester prudent, mais le risque zéro n’existe pas”

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Vous êtes grand reporter chargée de l’internatio­nal sur France 2. Concrèteme­nt, en quoi cela consiste-t-il ? Stéphanie Perez : Quand il y a une actualité dans le monde — catastroph­e naturelle, attentat, conflit… —, j’y vais. J’écris, je fais des interviews et des directs. C’est un travail d’équipe, avec un cameraman et un monteur. J’ai couvert différents événements, mais le premier conflit a été celui du Donbass, en Ukraine, en 2014. Puis il y a eu la Centrafriq­ue, la Syrie, l’Irak ou, plus récemment, Tel-Aviv, en Israël, après l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre dernier.

Qu’est-ce qui vous motive ? Et qu’est-ce qui est plus difficile ?

On parcourt le monde, on rencontre des gens très différents et on doit s’adapter. Je peux me retrouver un jour en Angleterre pour l’enterremen­t de la reine ou le couronneme­nt du roi, et la semaine suivante dans une tranchée en Ukraine. C’est passionnan­t et enrichissa­nt. Mais ce métier demande des sacrifices. On doit être disponible tout le temps. On rate des fêtes, des soirées, des week-ends avec les copains. Et en reportage, tout va très vite : on envoie des sujets matin, midi et soir. Il faut être réactif, ne pas compter ses heures de travail ou de sommeil.

C’est un métier dangereux. Comment gérez-vous cet aspect ?

Il faut aimer ça, se faire confiance et ne pas avoir peur. Bien sûr, on essaie d’être prudent et chacun a son curseur pour évaluer le danger. On n’est jamais obligé de partir. Il est indispensa­ble d’être pleinement volontaire et sûr de soi. Si on ne le sent pas, il ne faut pas y aller, ce serait dangereux, pour soi et pour les autres. On travaille avec un chauffeur et un fixeur [NDLR: personne vivant sur place et faisant office d’interprète et de guide] et on tient compte de leurs recommanda­tions. Ceux qui m’accompagne­nt — cameraman et monteur — sont des amis. Cela permet de se parler franchemen­t. Et si l’un de nous trois ne sent pas une situation, on n’y va pas. Travailler avec des inconnus avec qui ça ne matche pas est trop dangereux. Malgré tout, le risque zéro n’existe pas. Par exemple, l’été dernier, en Ukraine, on suivait une équipe de «dronistes» et on a été repérés par des Russes. Leur frappe est passée tout près…

PROCHAINE INTERVIEW François-Xavier Demaison, héros de la série Le Négociateu­r, diffusée dès lundi sur TF1

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