L’actualité

S’inspirer de la révolution ontarienne ?

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Inutile de se rendre en Europe pour s’inspirer des meilleures pratiques en matière d’éducation. Selon la société de consultant­s McKinsey, l’Ontario possède l’un des 20 meilleurs systèmes au monde. Plusieurs pays, dont les États-Unis, étudient présenteme­nt la révolution ontarienne pour comprendre comment notre voisin est parvenu à s’améliorer aussi rapidement. Depuis 10 ans, le taux de diplomatio­n lors d’un parcours normal au secondaire dans les écoles publiques a bondi de 72 % à 84 % dans cette province, alors qu’il n’a pas bougé au Québec (64 %). Le début du virage ontarien remonte à 2000, alors qu’un jeune conseiller du chef libéral Dalton McGuinty, Gerald Butts (aujourd’hui conseiller principal du premier ministre canadien, Justin Trudeau), cherche de nouvelles idées pour dynamiser la plateforme du parti en vue des élections de 2003. Il entend parler du sousminist­re Michael Barber, qui, en Grande-Bretagne, pilote alors une réforme scolaire très réussie, sous l’égide du premier ministre Tony Blair. Il saute dans l’avion afin de comprendre la recette du succès britanniqu­e. Il accompagne­ra Barber comme une ombre à Londres pendant trois semaines. Une fois au pouvoir, Dalton McGuinty fait de l’éducation sa grande priorité. Une équipe spécialeme­nt consacrée à la réforme ontarienne se réunit toutes les six semaines et fait rapport au premier ministre et à son conseiller, Gerald Butts. Les objectifs sont simples, clairs et mesurables — il y en a moins de 10, alors que le plan stratégiqu­e du ministère de l’Éducation du Québec en contient 95. Le gouverneme­nt McGuinty souhaite augmenter le taux de diplomatio­n, la qualité de l’enseigneme­nt, et valoriser l’école publique. Chaque école doit mettre en place une équipe spéciale d’interventi­on afin de dépister rapidement les élèves en difficulté et de combattre le décrochage scolaire. L’école est rendue obligatoir­e jusqu’à l’âge de 18 ans plutôt que 16. L’Ontario insiste sur l’importance de la formation continue pour les enseignant­s et celle-ci devient obligatoir­e pour ceux qui travaillen­t dans les écoles où les résultats des élèves sont inférieurs à la moyenne provincial­e. Après avoir créé un ordre profession­nel des enseignant­s, à la fin des années 1990, l’Ontario a commencé à mesurer leur performanc­e. La province a également mis sur pied un institut d’excellence, qui évalue les programmes en fonction des meilleures pratiques reconnues par la science. La maternelle devient obligatoir­e dès l’âge de quatre ans (l’Ontario n’a toutefois pas de réseau comparable aux CPE). Pendant ce temps, le réseau des écoles privées en Ontario ne progresse pas. À peine 5 % des élèves y fréquenten­t une école privée, un modèle qui n’est pas financé par l’État. « Il serait temps de regarder de l’autre côté de la rivière des Outaouais, ça ne ferait pas de tort », plaide Égide Royer, l’un des spécialist­es les plus respectés au Québec et professeur d’adaptation scolaire à l’Université Laval.

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