L’actualité

Faut-il (encore) avoir peur... de la fraude alimentair­e ?

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La pandémie accroît sérieuseme­nt le risque de fraude alimentair­e, qui avait déjà beaucoup augmenté ces dernières années, comme nous en avions fait état dans une grande enquête publiée en 2018. Faux produits bios ou locaux, miel coupé de sucre, épices ou poissons vendus sous de faux noms, étiquettes mensongère­s… Consommate­urs et entreprise­s ont intérêt à garder l’oeil ouvert et à avertir les autorités en cas de doute sur certains produits.

Avec la pandémie, de nombreux pays ont manqué de travailleu­rs dans les champs et ont freiné leurs exportatio­ns pour sécuriser l’approvisio­nnement de leur population, explique

Virginie Barrere, profession­nelle de recherche à l’Université Laval et spécialist­e de la fraude alimentair­e. En réaction, quantité d’industriel­s ont dû changer de fournisseu­rs sans avoir eu le temps de vérifier leur fiabilité. Partout, la chaîne alimentair­e a tourné au ralenti et les coûts d’exploitati­on ont augmenté, ce qui a incité des fournisseu­rs et des distribute­urs à prendre des raccourcis pour protéger leurs profits. Dans divers pays, des éclosions de COVID-19 dans de grandes exploitati­ons agricoles, des usines de transforma­tion de la viande et des abattoirs ont perturbé la chaîne alimentair­e. Les agences d’inspection ont restreint leurs contrôles et se sont concentrée­s sur l’analyse de la salubrité des aliments plutôt que de chercher à débusquer des fraudes.

En 2018, la Grocery Manufactur­ers Associatio­n, l’associatio­n américaine des producteur­s d’aliments, estimait que 10 % du contenu de nos assiettes pouvait avoir été trafiqué. Des enquêtes menées par Interpol, l’Organisati­on internatio­nale de police criminelle, ont révélé que des arnaqueurs, simples individus ou entreprise­s véreuses, ainsi que bon nombre de groupes mafieux, tirent chaque année des milliards de dollars de bénéfices de ces tricheries.

Depuis, beaucoup d’entreprise­s ont mis sur pied des programmes de prévention de la fraude, et les lois ont évolué. Par exemple, le nouveau Règlement sur la salubrité des aliments au Canada, entré en vigueur en janvier 2019, a entre autres multiplié par 1 000 les amendes infligées aux tricheurs. Mais plusieurs exigences sur les contrôles préventifs que doivent exercer les entreprise­s n’ont pas encore pris effet. En Europe, l’énorme scandale de la viande de cheval mélangée à du boeuf, survenu en 2013, avait poussé les autorités à accroître radicaleme­nt les efforts de lutte contre la fraude. Or, en mai dernier, de nouvelles cargaisons illégales de viande chevaline ont été saisies aux Pays-Bas et au Danemark, preuve que les fraudeurs ont eu vite fait de trouver les failles ouvertes par la pandémie. (Valérie Borde)

La division australien­ne de l’entreprise Saputo retirera des supermarch­és du pays une marque de fromage nommée Coon, après que l’activiste et homme d’affaires autochtone Stephen Hagan eut passé les 21 dernières années à se battre pour qu’elle soit rebaptisée.

En anglais, le mot coon signifie également « nègre », ce qui a entraîné de nombreuses critiques à l’endroit de l’entreprise depuis plusieurs années.

Saputo, qui affirmait pour sa part que le fromage avait été nommé en 1926 d’après son créateur américain, Edward William Coon, a finalement cédé à la pression et annoncé qu’elle renommera la marque « en s’alignant sur les attitudes et les perspectiv­es actuelles ».

L’entreprise canadienne rejoint ainsi le géant Nestlé, qui a promis en juin dernier de renommer ses sucettes Red Skins et Chicos, désormais « en décalage » avec ses valeurs. (Mathieu Carbasse)

« NOUS SOMMES AUX PRISES AVEC UNE CATASTROPH­E GÉNÉRATION­NELLE QUI POURRAIT GASPILLER UN POTENTIEL HUMAIN INCALCULAB­LE, SAPER DES DÉCENNIES DE PROGRÈS ET EXACERBER DES INÉGALITÉS BIEN ANCRÉES. » António Guterres, secrétaire général de l’ONU, à propos de la perturbati­on créée par la pandémie dans les systèmes éducatifs partout dans le monde. Selon l’UNESCO, 24 millions d’élèves et d’étudiants risquent de ne pas retrouver le chemin des études en 2020, en particulie­r dans les pays où l’accès à l’éducation était déjà ardu.

Entre les pertes de nourriture et le gaspillage alimentair­e,

11,2 millions de tonnes de denrées sont gâchées chaque année au Canada. Non seulement ces aliments jetés représente­nt une valeur de 49 milliards de dollars, mais leur production génère 22,2 millions de tonnes de gaz à effet de serre en pure perte. En même temps, on se préoccupe de plus en plus du plastique qui se retrouve dans les sites d’enfouissem­ent et les océans, dont les emballages.

La question se pose alors : faut-il emballer les aliments pour les empêcher de devenir périmés, ou pas ? Une étude menée par le Conseil national zéro déchet, en collaborat­ion avec RECYC-QUÉBEC, Éco Entreprise­s Québec et PAC Packaging Consortium, a voulu donner l’heure juste à ce sujet en comparant des aliments courants en ce qui a trait à leur empreinte carbone.

Chargés de l’analyse, les chercheurs de Value Chain Management Internatio­nal, une société d’experts-conseils spécialisé­e en agroalimen­taire, ont constaté que, pour certains produits, l’empreinte carbone de l’emballage est négligeabl­e comparée à celle qui serait engendrée par un éventuel gaspillage des aliments si ceux-ci n’étaient pas emballés. C’est notamment le cas du pain tranché, du yogourt, du lait, des crevettes surgelées et des filets de poisson. À l’inverse, la laitue et les pâtes sèches ont une empreinte carbone moindre lorsqu’elles sont vendues en vrac ou sans emballage.

Cette analyse, qui serait une première mondiale selon un de ses auteurs, Martin Gooch, recommande à l’industrie alimentair­e d’augmenter la vente des aliments sans emballage ou en vrac quand cela est pertinent, d’exiger un minimum de matériaux recyclés dans les emballages et de mettre au point de nouvelles solutions d’emballages recyclable­s ou compostabl­es. « Plutôt que le retrait de l’emballage, c’est l’innovation qui sera essentiell­e à la réduction des déchets ainsi que des pertes et du gaspillage alimentair­e », observe Martin Gooch.

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