À vendre : trois millions de chèvres
En raison de la pandémie de coronavirus, le pèlerinage annuel à La Mecque qui a eu lieu au mois d’août n’a rassemblé que 10 000 fidèles, soit 0,4 % des 2,5 millions de personnes qui affluent habituellement vers le site le plus saint de l’Islam. S’il s’agit d’un manque à gagner important pour la ville saoudienne et le tourisme local, les ondes de choc économiques se font sentir partout dans le monde, et notamment en Somalie.
Chaque année, le pays vend en effet plusieurs millions de têtes de bétail (des chèvres, mais aussi des moutons, des vaches et des chameaux) à l’Arabie saoudite pour nourrir la multitude de croyants venus effectuer le hadj. Sauf que, cette fois, la Somalie n’a eu nulle part où envoyer ses chèvres.
Un sérieux coup dur pour ce pays pauvre situé dans la Corne de l’Afrique et déchiré par des décennies de guerre civile.
En temps normal, les deux tiers de ses exportations de bétail s’effectuent vers son partenaire commercial arabe, dont 70 % pour la seule période du hadj. Et comme le bétail représente près de 75 % des exportations totales de la Somalie et qu’il fournit des revenus à 60 % de la population, les conséquences économiques de la COVID sont particulièrement catastrophiques pour le pays.
Depuis le début de l’année, les exportations de bétail somalien ont ainsi chuté d’environ 50 %, ce qui réduit d’autant les moyens de subsistance déjà maigres de la population. (Mathieu Carbasse)
Å Marché de bétail à Mogadiscio, en Somalie.