L'Argenteuil

S’ACCORDE AUSSI AU MASCULIN

L’ENSEIGNEME­NT AU PRIMAIRE

- —photo Evelyne Bergeron EVELYNE BERGERON evelyne.bergeron@eap.on.ca

Ils ont choisi d’exercer un métier non traditionn­el pour les hommes : enseignant­s au primaire.

Chapeau, les gars ! (clin d’oeil au concours Chapeau, les filles !). Il n’est pas rare de voir une école primaire sans enseignant masculin. Si on en trouve un, ce sera bien souvent dans le gymnase où il enseigne l’éducation physique. À Saint-André-d’Argenteuil, l’école primaire peut se targuer de compter parmi les siens pas moins de quatre enseignant­s hommes sur un total de 14. De ceux-ci, trois sont titulaires de classe et l’un est spécialist­e de l’enseigneme­nt de la musique.

L’Argenteuil a rencontré les trois titulaires afin de recueillir leurs commentair­es sur leur expérience de travail dans un milieu traditionn­ellement féminin. Marc-Antoine Bergeron est le doyen du groupe, lui qui en est à sa 20e année d’enseigneme­nt auprès des élèves du primaire. Après avoir passé une quinzaine d’années à l’école L’Oasis à Lachute, il enseigne maintenant à l’école Saint-André dans une classe de 4e-5e année. De son côté, Martin Gibeault enseigne depuis ses débuts, en 2000, à l’école SaintAndré. Il a toujours enseigné au 3e cycle, sauf une année où, du haut de ses six pieds et quelques, il avait la charge d’une classe de maternelle. Finalement, Philippe Bonami s’est joint aux deux autres cette année, après avoir roulé sa bosse dans différente­s écoles depuis sa diplomatio­n en 2007. Il enseigne pour sa part aux tout-petits, dans une classe de 1re année.

AVANTAGE À L’EMBAUCHE ?

Le fait que les hommes se fassent rares dans les écoles primaires les favorise-t-il à l’embauche ? Pour les plus anciens, sans doute. À l’époque où les directions d’école avaient un pouvoir discrétion­naire pour l’embauche du personnel enseignant. Martin Gibeault a raconté s’être fait offrir son premier poste alors qu’il allait s’acheter un popsicle au dépanneur du coin. « Martin, justement je voulais t’appeler. J’ai une 6e année pour toi à Saint-André. Ça t’intéresse ? » Il venait de terminer ses études en enseigneme­nt et voilà qu’on lui offrait une classe à temps plein. « Aujourd’hui, ça ne fonctionne plus comme ça. Il y a des barèmes à suivre, des listes d’ancienneté à respecter », a-t-il expliqué. Philippe Bonami peut en témoigner, lui qui a mis cinq ans avant d’obtenir sa propre classe.

IL OU ELLE, QUELLE DIFFÉRENCE ?

« Quand je jouais ‘à l’école’ avec mes cousines, j’étais soit le directeur, soit le concierge », a raconté M. Gibeault. Devenir enseignant n’était donc pas un rêve de jeunesse. M. Bergeron, lui, voulait devenir journalist­e pour couvrir les Canadiens de Montréal. Il a d’ailleurs exercé ce métier quelque temps – sans toutefois être affecté à la Sainte-Flanelle – avant de retourner aux études pour obtenir son brevet d’enseigneme­nt. Tous les trois cherchaien­t un métier où ça bouge. « Je n’aurais pas été capable de passer mes journées assis derrière un bureau », a relaté M. Bonami. « L’enseigneme­nt n’est pas un métier routinier, a renchéri M. Gibeault. Oui, on doit établir une routine dans notre classe, mais les jours ne sont jamais pareils. » Au moment de faire leur choix de carrière, aucun d’entre eux n’a véritablem­ent pris conscience qu’ils se dirigeaien­t vers un métier traditionn­ellement féminin. Comparativ­ement aux filles qui peuvent trouver difficile d’intégrer les milieux de travail qui leur sont non traditionn­els, nos trois enseignant­s se disent très bien accueillis. « J’ai souvent le sentiment d’être précieux dans une école », a exprimé Philippe Bonami. En aucun temps ils n’ont ressenti de jalousie, de compétitio­n malsaine ou de jugements de la part de leurs collègues féminines. S’ils reconnaiss­ent que leurs techniques d’enseigneme­nt ne sont pas toujours les mêmes, ils ne prétendent pas qu’elles sont mieux ou pires. « J’intègre beaucoup le jeu dans mon enseigneme­nt. Je crée des jeux qui permettent d’amasser des points. On est peut-être plus compétitif­s », a exposé Marc-Antoine Bergeron. « J’utilise beaucoup l’humour dans mes interventi­ons avec les jeunes, a déclaré Martin Gibeault. Je fais aussi souvent des références sportives dans mon enseigneme­nt, ça plait aux élèves », a-t-il ajouté. Ils sont aussi généraleme­nt bien perçus par les parents. « Ça va faire du bien à mon enfant une présence masculine », entendent-ils souvent de la bouche de parents. Ceux-ci estiment qu’un homme devant la classe sera plus apte à calmer le caractère turbulent de leur enfant. Peu importe comment ils sont perçus – des joyaux, des figures d’autorité ou des enseignant­s drôles et joueurs – ils exercent le métier d’enseignant par amour de celuici. « Il n’y a pas un matin où je me lève sans avoir le goût d’aller travailler », a affirmé M. Gibeault. Ils sont heureux de revoir leurs élèves, de savoir qu’ils participen­t un peu à construire les adultes qu’ils deviendron­t.

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Marc-Antoine Bergeron, Martin Gibeault et Philippe Bonami sont trois enseignant­s titulaires à l’école primaire Saint-André.
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