L'Argenteuil

LES ÉGLISES D’ARGENTEUIL ACCUEILLEN­T À NOUVEAU LEURS FIDÈLES

- ANDRÉ FARHAT andre.farhat@eap.on.ca

Les églises ont eu l’autorisati­on d’ouvrir leurs portails le 22 juin, soit une semaine après les restaurant­s. Les paroisses d’Argenteuil sont fin prêtes à recevoir leurs fidèles pour leurs premières messes depuis trois mois.

«Il y a la joie de retrouver la communauté, mais devant l’ampleur du phénomène, ça demande des responsabi­lités de part et d’autre, pour les compréhens­ions, pour que personne ne soit frustré.» C’est ainsi que résume l’abbé Amédée Luyubu, prêtre modérateur aux paroisses Sainte-Anastasie de Lachute, et Saint-André-Apôtre de Saint-André-d’Argenteuil.

En effet, le gouverneme­nt a permis aux lieux de culte de rouvrir dès le 22 juin. Comme nombre d’entre elles au Québec, toutefois, les églises catholique­s d’Argenteuil n’offrent des services que les fins de semaine. Les premières célébratio­ns se tiendront donc les samedi et dimanche 27 et 28 juin, tant à l’église Sainte-Anastasie qu’aux paroisses Sainte-Trinité (à Saint-Philippe et Brownsburg-Chatham) et de Grenville.

Père Richard Woodbury, qui officie à ces deux dernières, a évidemment bien accueilli la nouvelle. « D’un côté, on est vraiment très, très soulagés qu’enfin le gouverneme­nt se soit souvenu de nous, affirme-t-il. Je trouvais qu’on était complèteme­nt oubliés, j’avais d’ailleurs envoyé un petit mot à notre députée provincial­e. J’ai rencontré les deux conseils de marguiller­s de Sainte-Trinité et Grenville pour en discuter. »

Des rituels bousculés

«Tout a changé dans l’église, affirme Denise Lachance, coordonnat­rice à l’Unité pastorale de Lachute, et qui prendra à la fin juillet sa retraite après 23 ans. Ces changement­s s’appliquent dans tous les aspects de la vie religieuse. «Et même au niveau des sacrements, des rencontres avec les jeunes à l’automne. À moins que la pandémie disparaiss­e». On pourrait presque ajouter par miracle. Car l’abbé Luyubu demeure prudent. «Il va surement y avoir une seconde vague cet automne.»

Les changement­s seront tout de suite apparents. Si on prend le cas de l’église Sainte-Anastasie, l’entrée ne se fera que par les grandes portes avant, et les rassemblem­ents seront interdits sur le terrain de l’église, tant avant qu’après les célébratio­ns.

Le changement qui a le plus grand impact sur l’organisati­on des assemblées est la limite actuelle de 50 personnes imposée par le gouverneme­nt, jumelée à une distanciat­ion de deux mètres qu’a décidé de conserver le diocèse de Saint-Jérôme, malgré l’assoupliss­ement de cette dernière règle à 1,50 m. «Il va devoir y avoir beaucoup de collaborat­ion, parce que c’est facile de demander aux gens de respecter les deux mètres, mais le respecter, c’est une autre question, et nous avons une responsabi­lité d’insister», a affirmé père Woodrich.

La grande conséquenc­e de ces règles : à Sainte-Anastasie, par exemple, trois bancs sur quatre, soit 75% des places, seront sacrifiés.

Une fois à l’intérieur, des bénévoles expliquero­nt les consignes aux fidèles, ce qui pourrait déplaire à certaines personnes. «Les bénévoles à la porte, il faut qu’ils soient écoutés, sinon, il y aura dès le premier moment beaucoup de friction», a déclaré l’abbé Luyubu.

Les célébratio­ns auront un rythme différent, une autre couleur. Par exemple, lors de la communion, le prêtre dira une seule fois «Le corps du Christ» à l’ensemble de la congrégati­on, avant de descendre donner l’ostie aux fidèles, en portant gants et visière. La communion sur la langue sera proscrite et les contacts seront évités.

Naissances et adieux

Les services funéraires seront particuliè­rement délicats. Là aussi, le nombre sera limité à 50, et qu’il s’agisse de prendre ou de frôler la main, d’étreindre des proches pour les consoler, tout cela sera interdit. «Comment va-t-on dire aux gens “Ne faites plus ça, il ne doit plus y avoir de contacts”, alors que c’est plus fort que nous, c’est dans notre nature?»

On devra également limiter le nombre de familles par cérémonie de baptêmes, et l’eau bénite, qui est le symbole principal, mais non exclusif du baptême, disparaitr­a également.

L’Unité pastorale de Lachute a engagé une entreprise de nettoyage pour désinfecte­r la nef, le choeur et tous les endroits où passeront les gens. «C’est sûr que ce sont des frais pour l’église, a reconnu Denise Lachance. Ce n’est pas donné.»

Trois mois couteux

Les trois mois sans dime ont fait perdre d’importants revenus aux paroisses. Denise Lachance explique que l’Unité pastorale n’a pas envoyé de demandes d’envois de dime aux fidèles, «par respect, parce qu’on se sentait mal de demander de l’argent à des gens qui ont perdu leur emploi.» Mme Lachance précise que cette précarité préoccupe plusieurs fabriques.

Durant trois mois, l’abbé Luyubu a appelé de nombreux bénévoles pour connaitre leur moral, et a été rassuré, « Ce qui m’a réjoui, c’est que plusieurs d’entre eux ont suivi les messes à la télévision, du Vatican, du Québec », raconte-t-il.

Une vie nouvelle

Pour le père Richard Woodbury comme l’abbé Luyubu, ce renouveau ne se fera pas sans la participat­ion de tous. «Je crois que dans ce sens-là, on peut commencer une vie nouvelle, une nouvelle manière de vivre l’eucharisti­e, vivre l’assemblée», a affirmé l’abbé Luyubu.

« On entrevoit ça d’un bon oeil, surtout des personnes âgées, qui ont vraiment hâte de retrouver leur église, leur communauté et leur lieu de célébratio­n. De ce côté-là, on est remplis d’optimisme. On s’en remet à la grâce de Dieu, à la bonne volonté des gens », de conclure le père Woodbury.

 ?? —photo André Farhat ?? À l’église Sainte-Anastasie de Lachute, l’abbé Amédée Luyubu et Denise Lachance, coordonnat­rice à l’Unité pastorale de Lachute, expliquent comment la distanciat­ion sociale de 2 m va en réalité condamner trois bancs sur quatre dans l’église, qui ne pourra pas accueillir plus de 50 fidèles à la fois en raison des limites imposées par le gouverneme­nt du Québec.
—photo André Farhat À l’église Sainte-Anastasie de Lachute, l’abbé Amédée Luyubu et Denise Lachance, coordonnat­rice à l’Unité pastorale de Lachute, expliquent comment la distanciat­ion sociale de 2 m va en réalité condamner trois bancs sur quatre dans l’église, qui ne pourra pas accueillir plus de 50 fidèles à la fois en raison des limites imposées par le gouverneme­nt du Québec.
 ?? —photo André Farhat ?? La largeur des bancs de l’église Sainte-Anastasie est d’à peine 2 m, ce qui ne permet pas à deux personnes vivant à des adresses différente­s de se le partager. Seuls les gens vivanta à une même adresse pourront s’y asseoir ensemble. La distance entre les bancs d’une même rangée est encore plus mince.
—photo André Farhat La largeur des bancs de l’église Sainte-Anastasie est d’à peine 2 m, ce qui ne permet pas à deux personnes vivant à des adresses différente­s de se le partager. Seuls les gens vivanta à une même adresse pourront s’y asseoir ensemble. La distance entre les bancs d’une même rangée est encore plus mince.

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