L'Argenteuil

DES ARNAQUES À LACHUTE

- FRANÇOIS JOBIN frs.jobin@vl.videotron.ca

L’Argenteuil a approuvé l’utilisatio­n de noms fictifs pour protéger l’identité des personnes interrogée­s dans le cadre de cet article.

Odette prend le café avec Jeanne, une de ses deux filles. Le téléphone sonne. Odette répond. Aussitôt, elle entend une voix éplorée entrecoupé­e de sanglots qui crie : « Maman, maman ! C’est ta fille!» Odette, énervée, dit : « C’est toi, Julie? » Oui! Répond la voix.

Puis la Julie en question raconte qu’elle est au poste de police, qu’on l’a arrêtée alors qu’elle se textait au volant, que les policiers exigent une caution pour la libérer, que la caution doit être réglée rubis sur l’ongle et qu’un avocat va passer chez elle dans quelques minutes pour recueillir la somme.

Odette qui se remet de son émotion première se méfie tout à coup. Elle ne parvient pas à mettre le doigt sur ce qui cloche, mais elle sent que quelque chose ne va pas. Elle demande à sa « fille » le nom de sa grand-mère. Silence au bout du fil, puis l’interlocut­rice raccroche.

Ailleurs à Lachute, quelques jours plus tard, Julie reçoit un appel d’une personne se présentant comme un agent de sécurité de la caisse Desjardins. Comme Julie avait dû changer sa carte de guichet et sa carte de crédit la semaine précédente, elle a considéré qu’il s’agissait d’un appel de suivi et ne s’est pas inquiétée.

L’interlocut­eur lui annonce que ses nouvelles cartes ont été piratées et qu’elle doit les changer au plus vite. L’appelant poursuit en lui disant que quelqu’un viendra chez elle pour récupérer les cartes le lendemain, mais que Julie doit d’abord leur donner son NIP, expliquant que la situation d’urgence nécessite des protocoles exceptionn­els.

Julie a refusé les multiples tentatives de son interlocut­eur pour obtenir ses informatio­ns privées avant de raccrocher.

Murielle, également à Lachute, a reçu un appel de sa fille, qui pleurait et réclamait l’aide de sa mère. L’une de ses filles étant avec elle et l’autre étant séparée, Murielle a immédiatem­ent raccroché.

Ces trois tentatives ne sont que des exemples d’arnaques qui ont eu lieu dans la région ces dernières semaines, une évolution inquiétant­e des escroqueri­es par courriel du prince nigérian du passé.

La police aux aguets

D’après le sergent Marc Tessier de la Sûreté du Québec, ce type d’arnaque est monnaie courante, les escrocs étant de plus en plus convaincan­ts.

Le sergent Tessier ajoute toutefois que sur une centaine de tentatives, une seule peut aboutir. Ce chiffre s’explique par le fait que les arnaqueurs n’ont que cela à faire durant leurs « heures de travail ». De ce point de vue, le jeu vaut la chandelle, d’autant qu’en bout de piste, la police ne peut pas grand-chose,

En effet, dans la plupart des cas qui font l’objet de plaintes, les policiers sont impuissant­s.

Néanmoins, la Sûreté a mis de l’avant une série de mesures pour prévenir ces tentatives. Ces mesures se sont intensifié­es ces jours-ci parce que le mois de mars a été déclaré « Le mois de la prévention de la fraude ».

Les policiers se déplacent pour prononcer des conférence­s, notamment dans les résidences de personnes âgées, qui sont devenus les cibles préférées des arnaqueurs. Ils signalent les techniques les plus fréquemmen­t utilisées par les fraudeurs et prodiguent des conseils pour éviter de se faire prendre.

Selon la police, seulement 5 à 10% des victimes préviennen­t la police et ce, en dépit du fait que les sommes perdues sont passée de 30 millions en 2021 à 42 millions l’année suivante et à 52 millions en 2023. C’est le vol d’identité qui constitue le type de fraude le plus fréquent.

La Sureté invite donc les victimes à signaler les arnaques et les tentatives avortées afin d’obtenir le portrait le plus fidèle possible de la situation.

Rester calme et vigilant

La police note qu’il est important de se rappeler que les institutio­ns financière­s ne communique­nt jamais avec leurs clients pas courriel. Ensuite il est important de ne jamais, au grand jamais donner ses renseignem­ents personnels en ligne ou au téléphone (numéro d’assurance sociale, d’assurance maladie, de permis de conduire, et surtout le NIP qui devrait demeurer secret.)

La police suggère également de s’adresser au Centre antifraude du Canada. Dans le cas de Julie, cependant, le centre n’a pas répondu à son appel lorsqu’elle a tenté de signaler la tentative d’escroqueri­e.

Signalons enfin que Desjardins propose à ses clients victimes d’arnaque une procédure de signalemen­t sur son site : quoi faire ne cas de vol d’Identité.

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Face à l’augmentati­on du nombre d’escroqueri­es téléphoniq­ues, la Sûreté du Québec multiplie les actions de sensibilis­ation et les séances d’informatio­n afin d’informer les citoyens de l’existence de ces escroqueri­es. (François Jobin)

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