Les étudiants exigent plus de transparence
Lors de l’assemblée générale annuelle de l’Association étudiante de l’Université de Saint-Boniface, les étudiants ont réclamé plus de transparence,et un plus grand respect de la diversité.
L’Association étudiante de l’Université de SaintBoniface (AEUSB) a tenu son assemblée générale annuelle le 11 février, au Centre étudiant Étienne-Gaboury de l’Université. La rencontre a réuni une cinquantaine de personnes.
Rétablir le lien de
confiance
Lors de cette AGA qui aura duré un peu plus de deux heures, les étudiants ont pu faire part de leurs impressions et de leurs inquiétudes vis-à-vis du fonctionnement de l’AEUSB. Le sujet principal des discussions était celui de la transparence. « J’aimerais savoir comment sont distribués les honoraires des membres du conseil d’administration (CA) », a demandé une étudiante, Janique Freynet-Gagné. Une autre participante regrettait de ne pas voir souvent les représentants dans leurs bureaux. De son côté l’étudiant Alexandre Quesnel croit que « les étudiants avaient perdu confiance en l’AEUSB ».
Ce manque de confiance « ne date pas juste de cette année », précise Alexandre Quesnel; il s’agit plutôt d’une accumulation de frustration.
« Cette année les étudiants ont dit qu’ils en avaient assez, affirme l’étudiant. C’est là qu’ils ont dit qu’il faut qu’on se parle. Je pense qu’il y a eu un manque de communication et un laisser-aller de la part de certaines personnes dans le CA, même si je ne blâme pas tout le monde. »
Pour le nouveau président de l’AEUSB, Beydi Traoré, en poste depuis le 1er février, ces questions sur la transparence sont « normales et légitimes ». « Je m’attendais à ce que les étudiants nous critiquent, et c’est ce que je voulais, annonce-t-il. Chaque membre du conseil sent que les étudiants ne sont pas contents envers eux, et j’essaye de les motiver à faire leur travail correctement.
« Beaucoup des problèmes pointés du doigt par les étudiants viennent en fait de la constitution de l’AEUSB,poursuit Beydi Traoré, qui détermine le fonctionnement du CA. Il faudrait donc modifier ce document pour répondre aux attentes des étudiants, et c’est dommage qu’on n’ait pas pu plus discuter de tous ces problèmes-là avant l’AGA parce que c’est justement pendant l’AGA qu’on peut faire des propositions concrètes pour modifier la constitution. Mais j’espère que la discussion va se poursuivre parmi les étudiants, et on pourra peut-être convoquer une assemblée générale extraordinaire (AGE) pour ça. »
Entre-temps, Beydi Traoré annonce sa décision de renoncer à ses honoraires, jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée pour rétablir le lien de confiance entre les étudiants et leur association. « J’ai invité tous les membres du conseil à en faire de même, et ils ont tous accepté. C’est pour montrer une preuve d’intégrité, de transparence. On est là pour faire notre travail, et pas seulement pour “prendre l’argent”. »
À titre indicatif, selon la constitution de l’AEUSB, les membres du conseil d’administration de l’association travaillent tous un certain nombre d’heures par mois : les représentants, jusqu’à 12 h par mois, le responsable des communications et le responsable des activités, 20 h, le vice-président, 50 h et le président jusqu’à 80 h.
Tolérance et
diversité
Lors de l’AGA du 11 février, il a également été question de tolérance et de respect de la diversité. Ces discussions ont fait suite aux récents évènements au sein du CA de l’AEUSB, dont certains membres contestaient la présence dans leurs bureaux d’une affiche contre l’homophobie.
En ce sens, l’ancienne représentante de la Faculté des arts et des sciences à l’AEUSB, Chloé Freynet-Gagné, a fait une proposition formelle à l’AGA pour que « tous les membres élus de l’AEUSB aient une ouverture d’esprit, qu’ils respectent la liberté d’expression ainsi que la diversité culturelle, religieuse et sexuelle de tous sur un même pied d’égalité ».
« La raison pour laquelle j’ai démissionné de mon poste de représentante, rappelle Chloé Freynet-Gagné, c’était à cause du manque de tolérance et de représentation des étudiants homosexuels à l’université. J’ai décidé de faire une proposition pour que, les années prochaines, ceux qui veulent se faire élire au conseil d’administration de l’AEUSB respectent la diversité, et adhèrent à la Charte canadienne des droits et libertés. Il ne s’agit pas d’imposer des valeurs, mais de respecter les valeurs de tous. »
La proposition a été adoptée à l’unanimité par l’assemblée.
Pour Beydi Traoré, la récente discorde au sein du CA est une situation malheureuse, « mais c’est quelque chose qui devait avoir lieu, parce que pour qu’un combat se fasse, il faut voir quels sont les problèmes. On a pu avoir une discussion à ce sujet, et les membres travaillent tous ensemble maintenant parce qu’il y a une volonté de changement ».
Le représentant de l’alliance allosexuelle-hétérosexuelle à l’AEUSB, Eric Friesen, confirme également que l’histoire a suscité un intérêt et des discussions, mais doute qu’il y ait réellement une nouvelle cohésion au sein de l’AEUSB. « Finalement les membres du CA qui s’opposaient à l’affiche sont restés dans les bureaux. Mais je ne sais pas si la situation actuelle est crédible. Je ne trouve pas qu’il y a beaucoup plus de communication entre nous. J’ai pu profiter de cette expérience avec la population étudiante, pour en discuter avec elle, mais pas autant avec l’AEUSB. J’espère juste qu’ils soient honnêtes, et qu’ils ne font pas simplement comme si rien ne s’était passé, pour bien paraître. »