La Liberté

« Il faut savoir écouter son corps »

- Elisabeth VETTER presse7@la-liberte.mb.ca

Alors que se poursuit le Ramadan pour près d’un milliard et demi de musulmans dans le monde, certains pratiquant­s se sont confiés à La Liberté. Jeûne et prières rythment ce mois sacré marqué par la patience pour certains, par la conviviali­té pour beaucoup.

Hanna, trois mois tout juste, babille dans son couffin. À côté d’elle, sa mère, Loubna Dabet, veille au grain. Depuis quelques jours, la jeune femme a débuté le Ramadan, accompagné de son mari Grégory Dabet, et d’une grande partie de la communauté musulmane winnipégoi­se dont le couple fait partie. Ce mois sacré, c’est l’un des cinq piliers de l’Islam.

« Deux jours après notre arrivée au Canada, il y a deux ans, c’était le début du Ramadan », situe cette mère de quatre enfants. Et de reprendre : « Si mon mari – un français converti à l’Islam - se cachait en France lorsqu’il jeûnait, ici la pratique est bien mieux acceptée ». Après Belfort et Salon-de-Provence, le couple décide alors de tout quitter pour le Manitoba. Loubna, assistante maternelle, ne trouvait à l’époque pas d’emploi. « Peutêtre à cause du voile », souffle-telle.

Maintenant, cette trentenair­e rayonne. D’abord à Winnipeg, puis c’est à Île-des-Chênes qu’elle décide de poser bagage avec sa famille. Rapidement, elle devient éducatrice à la garderie Les Boutons d’Or, intégrée à l’école Gabrielle-Roy. « Tout de suite, je me suis sentie intégrée. La directrice était très à l’écoute, même si je n’estimais pas avoir droit ou besoin d’un traitement de faveur. »

Elle qui allaite encore sa benjamine ne peine pas à vivre son Ramadan. « J’essaie de jeûner un jour sur deux lorsque je dois allaiter Hanna. Si bébé a faim, je ne jeûne plus. J’observe ses besoins comme les miens. Le Ramadan, c’est avant tout savoir écouter son corps », confie la mère de famille.

Pour Mohamed Madani et son collaborat­eur Mehdi Madani, c’est aussi l’écoute qui rythme ce mois sacré. La sienne, mais aussi celle des autres. Tous deux travaillen­t à l’extérieur pour l’entreprise de peinture et stucco Groupe Madani et ont initié le Ramadan le vendredi 26 mai dernier. « Quand on est toute la journée à l’intérieur, c’est acceptable. Mais parfois, lors des journées très chaudes, c’est compliqué de tenir avec la soif, même si les clients veulent souvent nous offrir à boire », confesse Mohamed Madani.

« Ce sont les deux premiers jours qui sont les plus difficiles, complète Mehdi Madani, mais on essaie de s’adapter. On ajuste nos horaires, et au lieu de commencer à 7 h, on arrive plutôt sur les coups de 7 h 30 ou 8 h le matin. Pour le soir, c’est la même chose : on essaie de terminer plus tôt pour fêter l’iftar [rupture du jeûne ndlr] en famille ».

Pour continuer à observer cette pénitence jusqu’au 24 juin prochain, chacun y va de son astuce. « Si c’est universel de rompre le jeûne avec des dattes, tout le monde est différent. Moi j’y ajoute de l’eau de coco, beaucoup d’eau, de soupes et de fruits comme des melons d’eau », dévoile Mehdi. Pour Mohamed, c’est « un petit plat comorien très léger avant d’aller à la Mosquée et le plat de résistance en rentrant à la maison. C’est un moment très convivial, les familles s’invitent entre elles! Le matin, avant le lever du soleil et la première prière de la journée, j’essaie de prendre un petit déjeuner ». Il brocarde : « mais quand on le rate, on s’en veut sacrément! »

D’ici à la fête de l’Aïd el-Fitr, celle qui annonce la fin du Ramadan, il faudra encore patienter. Au Canada, la durée quotidienn­e du jeûne oscille entre 17 h 17 et 18 h, tandis qu’à Rio, au Brésil, elle est de 12 h 41 et de 15 h 49, à Los Angeles, aux États-Unis.

 ?? Photo : Elisabeth Vetter ?? Loubna Dabet, jeune mère de famille, poursuit le Ramadan tout en allaitant son nourrisson âgé de 3 mois.
Photo : Elisabeth Vetter Loubna Dabet, jeune mère de famille, poursuit le Ramadan tout en allaitant son nourrisson âgé de 3 mois.

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