Des duos gagnants
Le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba – CDEM soufflait, le 24 mai, la première bougie de son programme de mentorat pour entrepreneurs. Retour sur une formule prometteuse.
«Alors, mentor ou mentoré? » La question fuse à tu et à toi entre les jeunes pousses, les entrepreneurs chevronnés et chefs d’entreprises au bagou assuré. Au Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba, le 24 mai dernier, se fêtait un anniversaire tout particulier. Le premier du programme de Mentorat pour entrepreneurs du CDEM, intégré à un réseau mondial, le réseau M (1).
Christian Faïs, coordonnateur du programme depuis ses débuts au CDEM il y a un an, explique le principe de cette formule qui a déjà fait ses preuves ailleurs au Canada tant l’international qu’à travers le réseau M. « Nous créons des duos que nous appelons « diades » entre des entrepreneurs chevronnés et de nouveaux entrepreneurs ou des entrepreneurs en croissance. Les plus anciens apportent aux plus jeunes des conseils avisés qu’ils ne pourraient peut-être pas trouver ailleurs », situe Christian Faïs.
« Le mentor ne fait pas pour autant figure de consultant ou de coach, rappelle le coordonnateur. Ce n’est pas son rôle. Il est avant tout là pour poser les bonnes questions, pousser à la réflexion et rassurer le mentoré face à des doutes propres à la création d’entreprise. » Depuis, le programme semble avoir fait ses preuves. Quand on sait que dans les cinq premières années, 50 % des jeunes entreprises sont en situation d’échec, le mentorat permet de doubler le taux de survie de ces jeunes pousses.
Grégory Pascal, 1er mentoré du programme, ne dira pas le contraire. « Je voulais quelqu’un qui m’apporte un suivi par rapport à mon école de natation. Quelqu’un d’impliqué, tant au niveau communautaire, que par la cause que je défends », affirme ce récent chef d’entreprise. Cette personne? Raymond Poirier. « Lui est plus visionnaire que moi et parvient à me catalyser sur certains projets », reprend Grégory Pascal. Son mentor est heureux lui aussi d’avoir pris part au programme : « C’est satisfaisant de voir un jeune aussi passionné. Avec le temps, c’est comme voir ton enfant évoluer et faire des progrès ».
Ces couples qui fonctionnent ne sont pas les seuls. 25 diades ont été créées depuis les débuts de cette formule. Tous vont bien ensemble, car Christian Faïs veille à ce que les duos se correspondent. Quitte à patienter plusieurs mois. Comme pour Daniel Badiou et Katrina JeanLaflamme, deux ingénieurs tout juste gradués aux manettes de la firme Ukkö Robotics. « Nous avons attendu six mois avant de rencontrer le mentor qui nous correspondrait, Patrick Clément. Il travaille pour Media RendezVous, une maison de production. Mais que ça ait pris six mois, c’est une bonne chose! Lors de notre première rencontre, nous avons surtout échangé sur notre background », pétille Katrina Jean-Laflamme.
La volonté? La continuité. Certains de ces mentorés n’excluent pas de devenir mentor à leur tour, à l’image de Jennifer Marcheterre. À la tête du site de jeux en ligne samamuse.ca, elle est conseillée par Yann Boissonneault, de chez BeauBois. Elle l’assure : « Même si je ne le rencontre qu’une fois par mois, ça suffit. Parfois, discuter avec quelqu’un qui comprend les enjeux de la création d’entreprise, c’est rassurant. J’aimerais moi aussi faire ça pour quelqu’un, plus tard ».
Le programme s’est récemment ouvert aux coopératives suite à une entente entre le CDEM et la Manitoba Cooperative Association. Preuve que le mentorat n’a justement plus à faire de preuves dans l’accompagnement à la création d’entreprise. Et qu’il compte, dès les débuts, le facteur humain. (1) Le réseau M - fort de 2 900 mentors et 1 400 mentors actifs -, est une communauté d’intérêts déployant son service de mentorat pour entrepreneurs au Canada, mais aussi ailleurs dans la francophonie, comme en France ou au Luxembourg.