La Liberté

Peut-on se fier au narrateur?

En l’espace d’un an, Max et son père déménagent cinq fois. Le père change non seulement de ville et d’emploi, mais de prénom et de nom de famille! Un mystère qui est au coeur de Max Lastname, le premier roman publié par Thea Wortley, auteure de 16 ans. (1

- Daniel BAHUAUD redaction@la-liberte.mb.ca

Pour Thea Wortley, l’auteure du roman pour ados et jeunes adultes Max Lastname écrire, c’est avant tout « jouer avec les points de vue ». « Quand j’ai lu Les portes tournantes de l’auteur québécois Jacques Savoie, j’étais fascinée par le personnage d’Antoine Blaudelle. C’est un des deux narrateurs du roman, un naïf en qui il ne faut pas mettre toute sa confiance. Au bout de quelques pages, comme lectrice, je commençais à me demander si ce qu’il disait collait vraiment à la vérité. »

D’où l’idée de créer Max, un garçon de 10 ans. « Quand il écrit dans son journal, il est évident que Max adore son père. En fait, c’est son idole. Mais on s’aperçoit assez vite que le papa demande des choses curieuses de son fils. Max doit mentir à ses amis par rapport à son nom de famille et même ses passe-temps. Il ne fréquente pas l’école, puisque son père dit qu’il est trop intelligen­t pour avoir besoin d’y aller. Max sait qu’il y a quelque chose qui cloche, mais n’ose pas remettre son père en question. »

Un deuxième narrateur, qui observe Max, permet de juxtaposer ce qu’affirme naïvement le garçon à ce que voient les autres qui l’entourent. « Il y a des contradict­ions, qui servent de petits indices. J’espère que les lecteurs prendront autant de plaisir à essayer de figurer ce qui se passe vraiment que j’ai eu à jouer avec les perspectiv­es narratives. » Autre aspect ludique de l’écriture de Max Lastname : les changement­s de lieux. « Les activités un peu louches du père font qu’il change tout sur lui dans chaque ville où il s’installe avec Max. J’ai pris un plaisir fou à m’assurer que chaque nouvelle situation serait très différente à celle qu’on vient de lire. C’était compliqué. Pour ne pas me perdre, il a fallu que je me fasse des graphiques dans lesquels j’ajoutais tout ce qui se produisait dans chacune des villes. Le roman est presque devenu une sorte de casse-tête. Quand les morceaux tombaient bien en place, j’étais vraiment excitée. »

Élève en 11e année au Collège Jeanne-Sauvé, Thea Wortley a écrit son roman dans le cadre du programme Propel, offert au Nelson McIntyre Collegiate. « C’est un programme d’apprentiss­age par projets. L’environnem­ent est stimulant parce que tu travailles de manière très autonome. Tu fixes tes objectifs et tu les réalises à ta vitesse. Je suis fière du résultat. J’avais déjà écrit un roman l’an dernier, pour le plaisir. En écrire un dans le cadre d’un cours m’a obligé de bien réfléchir sur le processus d’écriture et de travailler de manière plus discipliné­e. »

(1) Max Lastname sera lancé le 16 juin à 19 h à la librairie McNally Robinson, située au 1120, avenue Grant à Winnipeg.

 ?? Photo : Daniel Bahuaud ?? Thea Wortley : « Un des plaisirs de l’écriture est de prendre un point de vue différent pour mieux comprendre le monde. J’ai beaucoup aimé me plonger dans le monde de Max, qui se fie un peu trop à son idole. »
Photo : Daniel Bahuaud Thea Wortley : « Un des plaisirs de l’écriture est de prendre un point de vue différent pour mieux comprendre le monde. J’ai beaucoup aimé me plonger dans le monde de Max, qui se fie un peu trop à son idole. »

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