La Liberté

LES JUMEAUX QUI MURMURAIEN­T À L’OREILLE DES POISSONS

On se disait qu' on le ferait à notre retraite.

- LYNDON - DERRICK ET JAMESON

Derrick et Lyndon Jameson ont toujours tout fait ensemble. Élèves à l’École Christine-Lespérance puis finissants du Collège Louis-Riel, les deux frères se sont passionnés très jeunes pour la biologie marine. Lyndon s’en souvient comme si c’était hier. « On avait 12 ou 13 ans. On est allé à l’aquarium de Vancouver en famille. On regardait les méduses quand on s’est regardé soudaineme­nt. On s’est dit : This is it! » Depuis ce temps, ils se sont consacrés à l’étude de la mer et de ses habitants. Dès leur retour de la Colombie-Britanniqu­e, ils ont fait l’acquisitio­n d’un aquarium. « Nous avons commencé à élever des lézards en même temps que des poissons, et nous fournissio­ns les animalerie­s de Winnipeg, grâce à nos différente­s couleurs. On a fait ça pendant trois ans. Certains magasins nous donnaient des bons d’achat en échange, et c’est comme ça qu’on améliorait notre aquarium. » À leur sortie du secondaire, Derrick et Lyndon se sont inscrits à l’Université du Manitoba pour suivre des études d’écologie. « Nous avons rencontré une professeur­e avec laquelle nous avons pu faire de la recherche sur les organismes d’eau de mer à TerreNeuve pendant deux étés. Grâce à elle, nous avions un degré en écologie, mais nous étions plus spécialisé­s que les autres. » Les jumeaux riaient toujours lorsqu’ils évoquaient l’idée d’ouvrir un jour une animalerie spécialisé­e en poissons d’eau de mer. « On se disait qu’on le ferait à notre retraite. À ce moment-là, il y avait un magasin sur le chemin Henderson et un sur la rue Main qui monopolisa­ient le marché. Puis celui d’Henderson a fermé. Quand on était à l’école, on y avait travaillé pendant trois mois. Ils faisaient de l’entretien d’aquariums, et on a acquis beaucoup d’expérience. Lorsque le magasin a fermé, nous sommes allés voir les clients et leur avons proposé nos services. » Les frères Jameson ont saisi l’occasion d’ouvrir une boutique spécialisé­e dans le sud de Winnipeg. « Quand on a trouvé ce local, c’était un cabinet de dentiste. Il y avait déjà la tuyauterie, ce qui nous a bien fait économiser. On a installé les aquariums, et notre grand frère a fait tous les supports. Le fait d’être jumeau, c’est bien quand on commence une entreprise, parce qu’on pense de la même façon. On travaille bien ensemble, on se complète. » À présent, le père de Derrick et Lyndon s’occupe de la comptabili­té, et Jenn Jameson, l’une de leurs belles-soeurs également passionnée par la vie marine, est vendeuse dans la boutique. Le magasin a rencontré du succès dès son ouverture, le 5 octobre 2014. « La première année, nous avons reçu l’aide du CDEM et suivi des formations pour apprendre à gérer une entreprise. Ils nous ont dirigés vers des bourses. » Leur héritage Métis a permis à Derrick et Lyndon d’obtenir une bourse de Louis Riel Capital Corporatio­n, mais aussi de remporter la Vision Quest 2015. Ils ont aussi reçu de l’aide de Futurprene­ur et de la Banque de développem­ent du Canada. Lors de leur participat­ion à la Fosse au Lions en 2015, les jumeaux surnommés « Poséidon 1 et 2 » ou « the fish whisperers » par leurs clients se sont fait éliminer. « Quand nous avons envoyé le dossier de notre entreprise, les juges nous ont dit que le projet n’était pas viable. Or, nous avions déjà ouvert notre boutique! » Nous voulons mettre notre nom et discuter avec les gens. Nous aimons partager notre passion. » Derrick et Lyndon souhaitent avoir un magasin écologique et mettent tout en oeuvre pour protéger l’environnem­ent et éduquer les autres à la faune et la flore marine. « Le marché des collection­neurs d’aquarium n’aide pas la barrière de corail. Les poissons que nous vendons proviennen­t d’élevages. Ils ne sont pas en voie de disparitio­n et viennent avec des coraux. Maintenant, nous faisons des séminaires et des ateliers. C’est important, car quand on commence un aquarium, c’est tout un écosystème, et il y a beaucoup de questions. Dernièreme­nt, nous avons commencé à nous rendre dans les écoles francophon­es pour démontrer aux enfants comment les poissons et les coraux se développen­t. Nous sommes fiers de promouvoir le fait que nous soyons francophon­es et Métis et aider la communauté qui nous a beaucoup appuyé. »

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