La Liberté

Des valeurs toujours pertinente­s pour l’Hôpital?

- Gavin BOUTROY presse8@la-liberte.mb.ca BR : DL : DL : BR :

Sur le fond d’un féroce débat légal et moral, le présidentd­irecteur général de l’Hôpital Saint-Boniface, et le directeur général de la Corporatio­n catholique de la santé du Manitoba, inscrivent l’Hôpital Saint-Boniface dans l’histoire de la contributi­on du catholicis­me au développem­ent de la santé à Saint-Boniface.

Le 29 mai dernier, le conseil d’administra­tion (CA) de l’Hôpital SaintBonif­ace a voté un nouvel amendement autorisant, dans de “rares circonstan­ces”, l’aide médicale à mourir dans l’établissem­ent.

En réponse, la Corporatio­n catholique de la santé du Manitoba, qui gère l’institutio­n et nomme les membres du conseil d’administra­tion, a ajouté 10 nouvelles personnes au CA et demandé un nouveau vote. Le 12 juin, l’amendement du 29 mai permettant l’aide médicale à mourir fut rejeté. Par conséquent, le traitement, qui a été décriminal­isé par une loi fédérale il y a un an, est désormais interdit dans toute l’institutio­n.

Suite à ce vote, le président du CA, Murray Kilfoyle, a démissionn­é. Le 24 juin, deux autres personnes, Ken Hahlweg (membre d’un sous-comité pour les soins des patients) et Linda Hughes (ancienne infirmière et membre du CA) ont également remis leur démission.

Dr Bruce Roe est le présidentd­irecteur général de l’Hôpital Saint-Boniface. Daniel Lussier est le directeur général de la Corporatio­n catholique de la santé du Manitoba. Questions et Réponses.

Le catholicis­me est moins présent à l’Hôpital SaintBonif­ace qu’il l’a été jadis. De quelle manière estce que ces valeurs continuent d’influencer le fonctionne­ment de l’hôpital aujourd’hui?

Les liens visibles avec le catholicis­me ne sont plus les mêmes que lorsque j’ai commencé à travailler ici voilà 25 ans. Mais les gens viennent ici recevoir des soins, et ils remarquent immédiatem­ent qu’il y a quelque chose de spécial à cet endroit. La compassion, l’esprit de respect, l’esprit de l’innovation.

Du côté de l’esprit pionnier des Soeurs Grises, on a mis en place un modèle d’engagement des employés de l’hôpital il y a huit ans. Nous sommes le premier hôpital de la région à mettre en place un système pour comprendre ce qui se passe profondéme­nt avec nos employés. Sont-ils engagés envers leur travail? Comment pouvons nous les engager davantage? Est-ce que leur engagement est profond? Maintenant ce modèle se place parmi les meilleures pratiques de l’Office régional de la santé de Winnipeg (ORSW).

Est-ce que le modèle d’engagement des employés est compatible avec le désaccord de certains d’entre eux par rapport à la position de la Corporatio­n catholique de la santé du Manitoba face à l’offre de l’aide à mourir?

Je crois que ces deux choses sont compatible­s. Nous savons qu’il y a des prises de positions bien tranchées chez certains individus, mais il y a une diversité de points de vue dans notre communauté, comme chez le plus large public par rapport à ce qu’on devrait offrir comme services. Aucune voix ne domine quand il s’agit de nos médecins et de nos employés.

C’est justement les préoccupat­ions des employés qui nous ont mené à changer notre mentalité par rapport aux évaluation­s des personnes désirant de l’aide à mourir par un troisième parti. C’est un équilibre. Mais c’est clair qu’on ne peut pas passer à la prochaine étape et permettre l’aide médicale à l’Hôpital Saint-Boniface.

L’hôpital a beaucoup changé depuis ses premiers jours. Est-ce qu’il ne serait pas sensé que la Corporatio­n catholique de la santé du Manitoba dirige ses énergies vers des domaines plus directemen­t liés à la mission originale des Soeurs grises? Comme par exemple Actionmarg­uerite ou le Centre Flavie-Laurent.

Ça a toujours été dans notre vision d’aller là où il y a un besoin criant. Ça ne changera jamais. Oui, des choses ont changé à l’hôpital. Mais une chose absolument toujours très vraie est que dans tout établissem­ent, peu importe sa grandeur ou sa diversité, quand les gens rentrent, ils sont là parce qu’ils ne veulent pas être là. Ils ont un problème de quelque sorte, un élément de souffrance. C’est aussi vrai à hôpital général qu’au Centre Flavie-Laurent. On doit être prêt à naviguer, et soulager cette souffrance. On ne voit pas de distinctio­n, c’est ça la mission des Soeurs grises.

Est-ce que vous êtes inquiets par rapport à l’effet du débat autour de l’aide à mourir sur vos levées de fonds?

C’est un risque réel, mais on ne sait pas quel sera l’impact. Évidemment, ce n’était pas une considérat­ion lorsqu’on a décidé de notre politique. Nous reconnaiss­ons qu’il y a des gens qui ont soutenu l’Hôpital SaintBonif­ace par le passé qui vont être préoccupés par notre position. Nous reconnaiss­ons aussi que beaucoup de gens qui n’avaient pas par le passé été directemen­t engagés avec l’hôpital, sont encouragés par notre décision, et nous offrent un soutien à voix haute. Il est possible que ce soutien verbal mène à un soutien d’un autre genre.

 ?? Photo : Gavin Boutroy ?? Daniel Lussier, le directeur général de la Corporatio­n catholique de la santé du Manitoba et Bruce Roe, le président-directeur général de l’Hôpital Saint-Boniface.
Photo : Gavin Boutroy Daniel Lussier, le directeur général de la Corporatio­n catholique de la santé du Manitoba et Bruce Roe, le président-directeur général de l’Hôpital Saint-Boniface.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada