2017 : l’année des chenilles
Ken Nawolsky contemple les arbres du parc Vimy Ridge, qui longe l’avenue Portage. L’expert de la Ville de Winnipeg ne peut cacher son étonnement devant un phénomène rarissime : trois espèces de chenilles sont présentes en grandes quantités dans les arbres.
Ken Nawolsky est chef du département du contrôle des insectes depuis fin 2013 et membre du département depuis 2002. Selon le Winnipégois âgé de 53 ans, la présence simultanée de livrées des forêts, d’arpenteuses du printemps et d’arpenteuses d’ormes, chacune des espèces en plein sommet de population, est « du jamais vu ».
« Les livrées des forêts (forest tent caterpillar) connaissent une crête de population tous les 15 ans. La dernière avait lieu en 2002. Les arpenteuses de printemps (cankerworm) augmentent en nombre tous les sept ans. Les arpenteuses d’ormes (elm spanworm) ont un cycle plus difficile à prédire. Généralement, c’est tous les quatre ou cinq ans que leur population monte en flèche.
« Ce qui est étonnant, c’est que d’habitude les arpenteuses de printemps disparaissent lors des crêtes des livrées des forêts. Mais cette année, les Winnipégois ont eu droit à trois sortes de chenilles et, dans les dernières semaines, quantité de ces bestioles suspendues à leurs fils. » Toujours est-il que Ken Nawolsky n’hésite pas à déclarer : « On l’a échappé belle. La Ville vaporise les arbres depuis la fin des années 1980. Avant cette époque, les infestations pouvaient être terribles. Comme celle de 1976, où les livrées des forêts étaient tellement nombreuses qu’elles cachaient l’écorce des arbres. Ce printemps, les gens de SaintLazare ont connu une infestation du genre.
« Nous avons huit machines pour arroser les arbres, installées sur des remorques à plateforme, capables de couvrir une étendue de trois ou quatre kilomètres en l’espace d’une heure. Nous utilisons un insecticide biologique, le Bacillus thuringiensis kurstaki (BTK), qui tue les chenilles sans empoisonner les oiseaux ou les libellules qui les mangent. »
Le département du contrôle des insectes n’arrose pas les arbres pour empêcher leur défoliation. Ken Nawolsky : « Les feuilles repoussent aisément en trois semaines. Mais après plusieurs infestations de chenilles, les arbres perdent leur résistance aux maladies. Il faut les protéger. »
Le 22 juin, la Ville a cessé son programme de vaporisation contre les livrées des forêts. « Ces chenilles ont commencé à faire leurs cocons, qui les rendent invulnérables au BTK. On arrêtera sous peu de vaporiser pour les autres chenilles. Quand elles se mettent à se suspendre de leurs fils, c’est le signal qu’elles vont faire, elles aussi, des cocons. D’ici quelques semaines, on ne verra que des papillons de nuit inoffensifs. »