L’importance du sport au féminin, mais attention aux abus
Madame la rédactrice,
À la veille de l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver à PyeongChang en Corée du Sud, il serait bon de ré léchir sur le rôle du sport chez les femmes et jeunes illes. Bien sûr, nous souhaitons que nos athlètes féminines canadiennes continuent à se démarquer.
Lors de la Coupe mondiale féminine tenue dans cinq villes canadiennes en 2015, nous avions amorcé une discussion sur les enjeux dans le sport féminin. Nous reconnaissions le rôle particulier des sports dans la quête à l’équité hommes‐femmes. Nous dénoncions les pratiques discriminatoires au niveau des habits, des reportages, de la valeur des prix respectifs, des salaires des entraîneur(e)s, etc. Mais nous reconnaissions aussi que le sport pouvait être un moyen de développement et d’épanouissement personnel formidable.
Ainsi dans certains pays qui ne reconnaissent pas la valeur intrinsèque de la femme et de la jeune ille, le sport peut même être une voie vers la quête de droits humains. Cependant, bien que je faisais l’éloge et la promotion des sports au féminin, je me souciais aussi des risques accrus à la santé. Qu’il s’agisse de blessures physiques, ou de pressions psychologiques qui visent des rendements supérieurs, le dépassement personnel, etc.
Mais il y avait encore d’autres risques! J’ai été estomaquée par les récentes dénonciations d’abus sexuels sur de jeunes athlètes. Dans le cadre de ma profession à la protection de la jeunesse, j’avais été exposée à la question des abus sexuels. Mais je ne soupçonnais pas autant d’abus dans la sphère sportive. Je pense notamment aux témoignages des 150 jeunes femmes qui ont mené à la condam‐ nation de l’ex‐docteur Larry Nassar, l’expert conseil médical chargé des jeunes athlètes de l’association nationale USA Gymnastics. Heureusement que depuis les campagnes #moiaussi et # timesup, de nombreuses survivantes se sont prises en main et ont dénoncé leur exploitation sexuelle, dans l’espoir d’être crues cette fois.
Pas étonnant que nous entendons aussi chez nous au Canada des dénonciations d’entraîneurs aussi bien que de médecins à qui on a con ié le bien‐être de jeunes. Comment con ier son enfant à des professionnels dans un contexte pareil? Comme conseillère à la protection de la jeunesse, je recommandais aux parents de prendre des précautions de base en véri iant les antécédents de ces professionnels. Sachez que ceux qui ont des mauvaises intentions à l’égard des enfants et des jeunes prennent les grands moyens pour « apprivoiser leurs proies ». Ces gens‐là plani ient à long terme leurs démarches. Ils sont très habiles à se fau iler progressi‐ vement dans des situations ou des postes où ils seront au contact de jeunes personnes vulnérables.
Nous encourageons tout parent à utiliser comme stratégie dissuasive devant la personne à qui on con ie le soin de notre enfant une phrase du genre : Tu me raconteras tout ce qui se passera en mon absence, ma chérie/mon chéri! Et devant notre ado : Tu me diras comment ça s’est passé, ma grande/mon grand! Témoigner, exprimer clairement l’existence d’une forte relation parent‐enfant est en effet un moyen susceptible de décourager les malfaiteurs de poursuivre leurs projets malsains. En cette période incroyable que nous traversons, soyons vigilants et croyons nos jeunes! Gisèle Saurette‐Roch Réseau action femmes MB Le 31 janvier 2018